Skyrock.com
  • ACCUEIL
  • BLOGS
  • PROFILS
  • CHAT
  • Apps
  • Musique
  • Sources
  • Vidéos
  • Cadeaux
  • Cashback
  • Connecte-toi
  • Facebook
  • Google+
  • Crée ton blog

  • Blog
  • Profil

Révolt-United

Photo de revolt-united

revolt-united

Description :

administrateur de Révolt-United.

http://revoltunited.canalblog.com/

http://revolt-united.forumactif.com/forum.htm

http://groups.skyrock.com/group/1i8h-Revolt-United

http://www.facebook.com/group.php?gid=152740162537&ref=ts

  • Envoyer un message
  • Offrir un cadeau
  • Suivre
  • Bloquer
  • Choisir cet habillage

Ses Honneurs (3)

  • Fans 20
  • Supporter
  • Amis 10

» Suite

Son profil

Profil de revolt-united
revolt-united28 ans
Valenciennes (59)
France

Partage

  • Tweet
  • Amis 0

Design by lequipe-skyrock Choisir cet habillage

Signaler un abus

Infos

  • Création : 03/09/2009 à 12:46
  • Mise à jour : 07/09/2009 à 08:40
  • 5 articles
  • 3 commentaires
  • 23 amis
  • 24 favoris

Ses archives (5)

  • Chants de lutte
    La Semaine sanglante Paroles : Jean-Baptiste...
  • Principes du communisme (Friedrich Engels)
    I. QU'EST-CE QUE LE COMMUNISME? Le communis...
  • 4 internationales, voir plus !
    La Première Internationale - Association Inte...
  • Quelques théoriciens Socialistes/Communistes
    Auguste Blanqui Fils d'un Conventionnel giro...

» Suite

Ses fans (23)

  • REVOLUTIONDUMONDE
  • chomskynoam2
  • manif1
  • map-59
  • desobeissance-civile
  • solitaire59000
  • qqtqvec
  • Liwende
  • vox-populi-7000
  • Dangelo94-Officiel

» Suite

Sources (24)

  • lllflulll
  • yougataga59400
  • lutte-finale-2
  • chomskynoam2
  • REVOLUTIONDUMONDE
  • MRG-Officiel
  • jordan-gun91
  • punk-revolution666
  • map-59
  • solitaire59000

» Suite

Liens Skyrock Publicité

Abonne-toi à mon blog !

RSS

Présentation de Révolt-United

L'idée est venu lors des derniers mouvements étudiants et lycéens. Pendant ces mouvements, les lycéens ont développé une nouvelle manière de communiquer les informations avec le "cyber-militantisme" : blogs, chaines mails... Bref, une nouvelle jeunesse militante a vu le jour.

Avant les lycéens (ou même les étudiants) allaient manifester contre une réforme ou une loi sans forcement en connaitre les détails. Le gouvernement et la droite accusaient alors les méchantes organisations d'extrême gauche et les vilains syndicats d'inciter les jeunes à ne pas aller en cours.
Mais grâce à ce "cyber-militantisme", l'information circulé ! "Pourquoi être contre cette réforme ? Quelles en seront les conséquences ?" La jeunesse était formé, elle savait quoi répondre aux journalistes à la botte du gouvernement.

J'ai donc eu l'idée d'étendre ce principe à toute les luttes, toutes les lois, toutes les réformes et à la formation théorique mais aussi que les travailleurs aussi soit impliqué dans le processus.
Le blog Révolt-United était créé (mise en route en septembre 2008).
En juillet 2009, pour rendre les débats plus pratique et plus agréable, j'ai créé le forum qui vient complété le blog.

Aujourd'hui, tout militant "orphelin" d'un parti, d'un syndicat ou d'une association politique quelconque a un outil pour se former, pour comprendre, pour discuter.

Vive la révolution
et comme le dit notre slogan
LAISSONS S'EXPRIMER LA VRAIE DEMOCRATIE

"L'émancipation de la classe ouvrière doit être l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes" Karl Marx
​ 0 | 1 |
​
0 | Partager
Commenter

Commenter

L'auteur de ce blog n'accepte que les commentaires de ses amis.

Tu n'es pas identifié.Clique ici pour poster un commentaire en étant identifié avec ton compte Skyrock et un lien vers ton blog ainsi que ta photo seront automatiquement ajoutés à ton commentaire.

#Posté le jeudi 03 septembre 2009 12:51

Quelques théoriciens Socialistes/Communistes

Auguste Blanqui

Fils d'un Conventionnel girondin emprisonné sous la Terreur puis devenu sous-préfet sous le premier Empire, Auguste Blanqui est élevé à Paris à l'institution Massin où enseignait son frère aîné Adolphe (futur économiste libéral).

Jeune étudiant au temps de la Restauration, il adhère en 1824 à la Charbonnerie, organisation subversive qui complotait la chute de la monarchie des Bourbons. Sans rompre avec son milieu, Blanqui s'initie ainsi au monde souterrain des sociétés secrètes et des conspirations. Il est blessé en 1827 dans des manifestations d'étudiants au quartier Latin. En 1829, il entre au journal Le Globe comme sténographe, mais sa vie est désormais partagée entre les conspirations et les emprisonnements. Il combat le régime de Charles X, en juillet 1830, les armes à la main; étudiant en droit, il participe au Comité des écoles qui, en janvier 1831, manifeste contre le régime de Juillet. Arrêté une première fois, il est à nouveau condamné en 1832, au moment du procès des «quinze», comme membre de la Société des amis du peuple, dissoute. Il devait désormais passer une grande partie de sa vie en prison, ce qui explique le nom donné à l'une de ses premières biographies, L'Enfermé, écrite par Gustave Geffroy. Il est arrêté en 1836 comme dirigeant de la Société des familles qu'avait fondée Barbès, et condamné à deux ans de prison pour fabrication d'explosifs. Gracié par l'amnistie de 1837, il milite dans la Société des saisons, et prépare l'insurrection du 12 mai 1839 à Paris; celle-ci échoue, Blanqui s'enfuit, mais, arrêté en octobre, il est condamné à mort en janvier 1840. Sa peine est commuée en réclusion à vie. Il est interné au Mont-Saint-Michel puis à la prison et à l'hôpital de Tours et gracié en 1844. Arrivé à Paris le 25 février 1848, Blanqui fonde la Société républicaine centrale, réclame l'ajournement des élections en organisant les manifestations du 17 mars et du 16 avril. Le 15 mai, il tente de prendre le pouvoir, est encore arrêté et condamné à dix ans de prison à Belle-Ile. Il milite à nouveau contre le second Empire en regroupant des étudiants et des ouvriers; emprisonné, il s'évade et se réfugie en Belgique vers 1865.

Après la chute de Napoléon III, il réapparaît à Paris en 1870 et crée un journal, La Patrie en danger, pour soutenir la résistance de Gambetta. Il participe, contre le gouvernement de la Défense nationale, aux émeutes du 31 octobre 1870 pendant lesquelles il tente de s'emparer de l'Hôtel de ville. Thiers le fait arrêter à la veille de la Commune, dans laquelle les blanquistes joueront un rôle important.

Condamné à la déportation, il est interné à Clairvaux en raison de son âge. Élu à Bordeaux en avril 1879, il est invalidé, mais gracié et libéré en juin. En 1880, il lance un journal, Ni Dieu ni maître, qu'il dirige jusqu'à sa mort. Sa principale publication, Critique sociale (1885), est posthume.

Karl Marx

Philosophe, économiste et militant politique allemand d'origine juive. Karl Marx débute par une activité de journaliste dans la "Gazette rhénane". Il se trouve au carrefour de la philosophie allemande (Hegel, Feuerbach), du socialisme utopique français (Saint-Simon, Fourier) et de l'économie politique britannique (Smith, Ricardo). Sa doctrine philosophique part de l'homme comme être agissant et non comme être pensant. Il critique la religion et l'Etat, qui sont des réalisations imaginaires, et substitue la conscience humaine à la conscience divine. Pour lui, le socialisme consiste à supprimer les besoins de Dieu et non pas Dieu lui-même.

Karl Marx développe une philosophie basée sur la lutte des classes (exploitants et exploités) qui est le moteur de l'histoire. Le matérialisme dialectique se caractérise par le primat de l'histoire (tout évolue), le progrès venant de contradictions résolues, l'action réciproque des choses les unes sur les autres, le progrès par bonds, par crises brusques et soudaines (révolutions). Le prolétariat doit s'organiser à l'échelle internationale afin de s'emparer du pouvoir et, après une période de transition (dictature du prolétariat), conduire à l'abolition des classes et la disparition de l'Etat (communisme). Karl Marx prédit la fin de la société actuelle où le capitalisme se détruira lui-même, permettant ainsi l'avènement d'un état ouvrier.

Passant de la théorie à la pratique, Karl Marx crée avec Engels la Ligue des communistes en 1847 et rédige avec lui le "Manifeste du parti communiste". Après l'échec de la Révolution allemande en 1848, il s'exile à Londres où il mène en parallèle son activité militante (animation de la première "Internationale ouvrière") et la rédaction de son oeuvre majeure, "Le Capital", qu'il laisse inachevée.

Karl Marx a vécu dans la pauvreté et a été soutenu financièrement par son ami Engels. Ses théories ont été reprises après sa mort sous une forme dogmatique, le marxisme, pour servir de fondement aux mouvements socialistes et ouvriers de la fin du XIXème et du début du XXème siècle et de justification de leurs excès.

Friedrich Engels

Fils d'industriels textiles, Friedrich Engels suit ses études à Berlin et se passionne pour les pensées d'Hegel et de Feuerbach. Durant cette période, il fait la connaissance de Karl Marx. Rappelé par son père, il doit prendre la succession de l'entreprise familiale. C'est à cette occasion qu'Engels s'intéresse au sort des ouvriers et initie une philosophie matérialiste basée sur les classes sociales et sur la prédominance de l'économie dans l'Histoire. En 1844, il retrouve Marx au cours d'un voyage à Paris. Tous deux constatent leur gémellité philosophique. Dès lors, ils organisent la philosophie communiste, pensée riche et aboutie dans la mesure où elle peut englober toute dimension humaine, dont le célèbre 'Manifeste' constitue le meilleur exposé. En 1848, Engels participe à la révolution allemande, et retrouve Marx à Londres. En 1861, ils créent la 1ère Internationale, tandis qu'Engels s'attache à définir le matérialisme historique avec 'L' anti-Dühring' (1870). A la mort de Marx, il achève les tomes II et III du 'Capital' et veille à la constitution de la 2ème Internationale (1893).

Antonio Gramsci

(1891-1937)
Membre dès 1913 du parti socialiste italien, Antonio Gramsci anime à partir de 1919 le mouvement "conseilliste", qui préconise la création de conseils d'ouvriers dans les entreprises. La même année, il fonde l'hebdomadaire l'Ordine Nuovo.

Le 21 janvier 1921, il participe à Livourne, avec Bordiga, Togliatti, et d'autres à la fondation du Parti Communiste italien. Il est élu député de la Vénétie en 1924.

Arrêté en 1928, Gramsci meurt en prison en 1937, désespéré par la situation, tant en Europe occidentale qu'en U.R.S.S.

Jules Guesde

(1845-1922)
De son vrai nom Jules Bazile. Républicain sous l'Empire, éxilé après la Commune. Gagné au marxisme, il publie le journal L'Egalité après son retour en France (1876).
Fonde ensuite le Parti Ouvrier Français, la première organisation à se réclamer du marxisme en France. Le P.O.F. sera l'une des principales composantes de l'unification socialiste de 1905 qui aboutit à la création de la S.F.I.O.
Dans le mouvement socialiste de la fin du XIX° siècle, il combat la participation à des gouvernements de coalition avec la bourgeoisie. Néanmoins, il se rallie à l'Union Sacrée en 1914 et est ministre d'Etat. Il sera bien sûr très hostile à la révolution russe.

Paul Lafargue

(1842-1911)
Etudiant en médecine, proudhonien, il connut à Londres F. Engels et Karl Marx dont il épousa la fille, Laura.
Gagné au socialisme scientifique et membre de la I° Internationale, il participa à la Commune puis gagna l'Espagne où il participa à la fondation du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol.
Revenu à Londres, il rencontre J. Guesde avec qui, de retour en France, il fonda le Parti Ouvrier Français (1880), le premier parti marxiste du pays, et la revue Le Socialiste (1885-1904).
Auteur de l'ouvrage célèbre Le droit à la paresse (1880), d'un Cours d'économie sociale (1884), etc...
Paul Lafargue se suicida avec sa femme.

Jean Jaurès

(1859-1914)
Agrégé de philosophie, doté d'immenses talents oratoires. Député radical de 1885 à 1889.
Devenu socialiste, il est de nouveau député en 1893 et fonde en 1901 le Parti socialiste français, puis le journal l'Humanité.
Dirigeant de la droite socialiste ministérialiste, il est l'une de chevilles ouvrières de l'unification socialiste qui donne naissance à la S.F.I.O. en 1905.
Jaurès est assassiné par un chauvin lors de l'entrée en guerre.

Karl Kautsky

(1854-1938)
D'origine autrichienne, il sera le principal théoricien de la social-démocratie allemande avant la I° guerre mondiale et le rédacteur en chef de sa revue théorique Die Neue Zeit. Principal rédacteur du programme d'Erfurt du SPD, il s'oppose d'abord au révisionnisme de Bernstein et défend les principes de base du marxisme.
En 1914, il se range derrière la direction du SPD et soutient d'abord la guerre. En 1917, il participera à la formation du parti social-démocrate indépendant (USPD). Il retournera ensuite avec son aile droite au SPD, son aile gauche fusionnant avec les spartakistes pour former le VKPD.
Il sera par ailleurs un adversaire acharné de la révolution d'octobre et du bolchévisme.

Karl Liebknecht

(1871–1919)
Fils de W. Liebknecht, fondateur du SPD et compagnon de Marx-Engels.
Membre du parti avant 1914, emprisonné pour ses écrits contre le militarisme (1907), député en 1912. Dirigeant de la gauche du SPD avec R. Luxemburg.
En août 1914, il est opposé au vote des crédits de guerre mais s'incline au nom de la discipline de parti. Convaincu de son erreur, il devient le symbole de la lutte contre la guerre et participe en 1915 à la fondation de la ligue Spartakiste, qui se transformera en KPD (1918). Réincarcéré durant la guerre pour son activité; libéré à l'aube de la proclamation de la république (1° novembre 1918).
Dirigeant de la révolution allemande de 1918/19. Assasiné après son arrestation, suite à l'échec de la tentative d'insurrection de janvier 1919

Rosa Luxemburg

(1871–1919)
Militante polonaise, fondatrice du SPDiL (Parti Socialiste de Pologne et de Lithuanie). Emigre pour suivre ses études et s'intalle à Berlin.
Elle sera en Allemagne la dirigeante incontestée de la gauche du SPD. A ce titre, elle dirige la lutte qui s'engage contre le révisionnisme montant dans la social-démocratie et théorisé par E. Bernstein.
En août 1914, elle est opposée au vote des crédits de guerre et s'engage dans le processus de regroupement menant en 1915 à la fondation de la ligue Spartakiste, qui se transformera en KPD (1918). Incarcérée durant la guerre pour son activité.
Dirigeante de la révolution allemande de 1918/19. Assasinée après son arrestation, suite à l'échec de la tentative d'insurrection de janvier 1919.

Vladimir Lénine
Homme politique russe, fondateur du parti bolchevik, il organise la Révolution d'octobre 1917. Il fait signer en 1918, avant la fin de la Première Guerre mondiale, un traité de paix avec l'Allemagne. En tant que dirigeant du Conseil des commissaires du peuple, il se consacre à la construction du communisme en URSS qu'il a fondée en 1922. Sa succession en 1924 à la tête de l'URSS donne lieu à un affrontement au sein du parti communiste soviétique. Théoricien politique et homme d'action, Lénine fut le premier des héritiers de Marx à mener une révolution à la victoire, il a jeté les bases du système soviétique. Menant de pair une réflexion théorique originale et une action d'organisation intense, il fut considéré de son vivant comme le véritable père de la révolution russe.

Léon TROTSKY
Fils de paysan juifs, étudiant, social-démocrate en 1896, déporté en 1898, s'évade, émigre, recontre Lénine qui le fait coopter au comité de rédaction de l'Iskra. Se range du côté des mencheviks au congrès de Londres, s'en éloigne avant 1905, sans pour autant se rapprocher de Lénine, a qui il reproche ses méthodes dictatoriales et son "jacobinisme". En 1905, vice-président, puis président du Soviet de St-Petersbourg. Condamné et déporté. Evadé de nouveau, émigre. Formule avec Parvus (Helphand) la théorie de la "révolution permanente". Fonde à Vienne le journal Pravda et se fait le défenseur de l'unité de tous les social-démocrates, des bolcheviks au liquidateurs compris : vives polémiques avec Lénine. En réplique à la conférence de Prague, organise, en août 1912, à Vienne, une conférence d'unification à laquelle les bolcheviks refusent de participer ; il quitte peu après le "bloc d'août". En liaison avec l'organisation interrayons de St-Petersbourg, internationaliste et collaborateur de Nache Slovo, à Paris (d'où il est expulsé en septembre 1916 pour Irun en Espagne. La police espagnole l'arrête et l'embarque de force, avec sa famille, pour les Etats-Unis). A New York pendant la guerre il collabore au journal Novy Mir. Rédige le manifeste de la conférence de Zimmerwald. Revient en Russie en mai 1917 : d'accord avec les thèses d'avril de Lénine qu'il considère comme un ralliement à la révolution permanente, ayant définitivement renoncé à l'espoir de rassembler toutes les "fractions" et toute "conciliation", il travaille à l'unification entre l'organisation interrayons et le parti bolchevique. Elu au C.C. au congrès d'unification, en août 1917, alors qu'il est en prison. Président du soviet de Pétrograd et du comité militaire révolutionnaire, il dirige l'insurrection. Commissaire aux affaires étrangères en 1917-1918, démissionnaire lors de la paix de Brest-Litovsk, Commissaire à la guerre de 1918 à 1925, principal organisateur de l'Armée Rouge, membre du Bureau Politique de 1919 à 1927. Entre en conflit avec la troïka Zinoviev-Kamenev-Staline en 1923, dans le débat sur le "cours nouveau"(titre de l'ouvrage de Trotsky, qui analyse et préconise des remèdes et des mesures, visant à changer l'évolution du parti bolchevik qui tend vers la "bureaucratisation"). En 1926 il se rapproche de Zinoviev et Kamenev et dirige avec eux l'opposition unifiée. Exclu en 1927, déporté à Alma-Ata. Expulsé d'U.R.S.S. en 1929, vit en Turquie (Prinkipo), en France (de juillet 1933 à juin 1935), en Norvège (de juin 1935 à septembre 1936), enfin au Mexique. En juillet 1929 il entame la publication d'un Bulletin de l'opposition mensuel en russe. Il met sur pied, après une première conférence en avril 1930, un secrétariat international provisoire de l'Opposition communiste. Ecrit de nombreux ouvrages, organise l'opposition de gauche, puis créé la IVe Internationale le 3 septembre 1938 avec 25 délégués, représentant 11 pays. Il sera l'un des principaux accusés absents des procès de Moscou. Assassiné en août 1940 par un agent de Staline (Jackson Mornard).

James Patrick Cannon

(1890-1974)
Fondateur du mouvement ouvrier moderne américain. Milite très jeune aux Industrial Workers of the World puis au Parti Socialiste. Dirigeant du P.C. américain à partir de 1920.
Il a accès aux textes de Trotsky lors du VI° Congrès du Comintern et est vite convaincu de la justesse des vues de l'Opposition de Gauche.
Rapidement exclu du P.C., il fonde la Communiste League of America qui se transforme en Workers Party of the USA. Dans les années 30, il pratique l'entrisme au sein du P.S. américain. Avec les militants gagnés, il fonde le Socialist Workers Party qui sera la plus forte section de la IV° Internationale lors de sa fondation.
Durant la seconde guerre mondiale, Cannon sera emprisonné pour ses activités internationalistes. Après la guerre, il est un dirigeant trotskyste de premier plan à l'échelle mondiale.

Alfred Griot, dit Rosmer

(1885-1964)
Fils d'ouvrier réfugié aux U.S.A. après la Commune. Libertaire puis syndicaliste révolutionnaire avant 1914, collaborateur de la revue de P. Monatte, La Vie Ouvrière . Il sera l'un des rares militants ouvriers français à refuser l'Union Sacrée et fera partie du petit noyau internationaliste français durant la 1° guerre impérialiste mondiale. C'est à cette époque qu'il rencontre L. Trotsky dont il sera désormais l'un des plus fidèle soutien.
A la fin de la guerre, il participe à la constitution du Comité pour la III° Internationale, qui sera à l'origine du P.C.F.
Parrallèlement, il participe au congrès de fondation de l'Internationale Communiste et est élu à son Comité Exécutif lors de son II° Congrès.
Rosmer sera l'une des premiers à engager le combat face à la montée du stalinisme; à ce titre il est exclu du P.C.F. dès 1924. Dès lors, il va reprendre son métier de correcteur d'imprimerie et parrallèlement impulser le travail de l'Opposition de Gauche en Europe et en France. A ce titre, il participe à la constitution de la Ligue Communiste et collabore à La Vérité et La Lutte de Classes.
En relation avec la crise qui secoue le groupe trotskyste français, il se retire de la politique active en 1930.
Il demeure néanmoins très proche de Trotsky et de la IV° Internationale : c'est dans sa maison de campagne qu'elle sera fondée en 1938.
Après-guerre, il se consacrera essentiellement à des travaux littéraires, notamment l'édition des oeuvres de Trotsky. Il signe l'appel des 121 contre la guerre d'Algérie en 1960.

Liu Shaoqi

(1898 - 1969) nè á Ningxiang, dans la province de Hunan, a occupé les fonctions de vice-président du Comité central du Parti communiste chinois et de président de la République populaire de Chine. Quand la Révolution culturelle a commencé en 1966, il a été accusé d'être un tenant de la voie capitaliste et un renégat. Persécuté physiquement, il est mort de maladie en 1969. En 1980, le Comité central a adopté une résolution décrétant sa réhabilitation.

Nahuel Moreno

1924 - 1987
Pseudonyme de Hugo Bressano.
Moreno, l'un des principaux dirigeants du trotskysme latino-américain, naquit en Argentine et consacra sa vie à participer aux luttes ouvrières et populaires ainsi qu'à impulser la construction de partis révolutionnaires pour le socialisme.
Il commença son activité politique au sein du mouvement ouvrier argentin en 1943-44, en fondant le Groupe Ouvrier Marxiste (GOM), dont l'un des premiers défis fut d'avoir à définir une orientation face à la montée du péronisme et au développement de son influence parmi les travailleurs argentins.
En 1945, son petit groupe adopta une orientation - qui s'avérera déterminante pour l'avenir - lors de la grève des travailleurs du secteur de la viande - industrie primordiale en Argentine – ce qui lui permit de diriger la grève dans une des usines les plus grandes du pays (15 000 ouvriers).
Parrallèlement, dès 1948, Bressano s'attacher à participer à l'activité de la IV° Internationale, l'organisation mondiale fondée en 1938 par Trotsky. Ainsi, dès 1948, il vint en Europe afin de participer au II° congrès mondial de l'internationale.
Mais durant ces années, le mouvement trotskyste entra dans une longue période de crise et de ruptures (provoquées, en grande partie, par la pression politique et les persécutions brutales du stalinisme à l'encontre du mouvement trotskyste, comme l'illustre l'assassinat de Trotsky lui-même en 1940). Moreno fit partie des opposants à l'orientation de la direction de l'Internationale d'alors, (E. Mandel, P. Frank, M. Raptis-Pablo...) – relayés par J. Posadas en Argentine.
La crise va apparaitre au grand jour en 1952 avec l'exclusion de la majorité du PCI français (dont P. Lambert). Moreno rompt alors avec la direction internationale aux côtés du SWP américain et de la section britannique. Il participe alors à la construction du SLATO (Secrétariat Latino-américain Trotskyste Ortodoxe), et dirige sa revue, Estrategia.
En 1963, pourtant, Moreno et son courant, tout comme le SWP, participent à la réunification qui aboutit à la constitution du Secrétariat Unifié de la IV° Internationale.
Au sein du mouvement trotskiste, Moreno donne progressivement forme à un courant caractérisé par son immersion dans les luttes ouvrières et paysannes du continent. En Argentine le parti qu'il dirigeait eut successivement plusieurs noms (POR, PSRN, PO, PRT, PRT-La Verdad, PST - interdit en 1976 par la dictature - MAS - fondé en 1982).
Dans les années 60, tout en étant au premier rangs des partisans de la défense de la révolution cubaine, Moreno polémiqua en même temps systématiquement contre les conceptions "guérilléristes". C'est aussi au cours de ces années, en 1961, qu'il accompagna directement l'expérience de syndicalisation paysanne et le processus d'occupation des terres que mena Hugo Blanco dans les vallées péruviennes de "La Convención" et "Lares". Puis, dans les années 70, le PRT-La Verdad, puis le PST, se construisirent en défendant des positions léninistes traditionnelles contre le guérillérisme du PRT-ERP (orienté par Robi Santucho), ou celui des Montoneros péronistes.
Tout ceci amena aussi Moreno à s'opposer de plus en plus fréquemment aux positions d'Ernest Mandel et à la direction du Secrétariat Unifié alors fervents défenseurs de la "lutte armée".
En 1979, depuis son exil à Bogota, Moreno impulsa la formation de la Brigade Simon Bolivar, qui combattit le dictateur Somoza au Nicaragua aux côtés du Front Sandiniste de Libération Nationale. Cet épisode allait précipiter la rupture de Moreno et de ses partisans d'avec le Secrétariat Unifié, en désaccord avec l'orientation défendue par la brigade.
Après un bref rapprochement avec le courant trostkyste dirigé par Pierre Lambert, en 1982, Moreno forma la LIT-QI (Ligue Internationale des Travailleurs - IV° Internationale), qui devint le courant le plus important du trotskysme latino-américain au cours des années 80.

Ernesto "Che" Guevara

(1928-1967)
Né le 14 juin 1928 à Rosario (Argentine), vit d'abord à Cordoba, la seconde ville du pays. Poursuit ensuite des études de médecine à Buenos-Aires. En 1951, Guevara parcourt l'Amérique latine durant plusieurs mois et est confronté à la misère qui y règne.
En 1955, à Mexico, c'est la rencontre avec Castro. Il fait partie des 82 hommes qui partent avec lui en novembre 1956 pour Cuba, et organisent la guerrilla contre le régime du pantin des américains, le dictateur Batista. Le régime tombe en 1959.
Guevara devient alors d'abord l'un des principaux dirigeants du nouvel État cubain : ambassadeur, président de la banque centrale, ministre... Mais rapidement, il en vient à s'opposer aux soviétiques et il est progressivement mis sur la touche par Castro.
En 1965, Guevara part de Cuba. Il va d'abord au Congo, puis en Bolivie où il tente de constituer une guerrilla. Arrêté par l'armée bolivienne, il est exécuté en présence d'un représentant de la CIA.

Ernest Mandel

(1923-1995)
Pseudonymes : Ernest Germain, Walther, Janus
Dirigeant trotskyste et économiste belge. Gagné au trotskysme en 1939, dirigeant de la section belge de la IV° Internationale à l'âge de 19 ans, déporté durant la II° guerre mondiale pour son activité.
Après la guerre, Mandel est l'un des principaux dirigeants de la IV° Internationale. Lors de sa scission de 1953, il est l'un des bras droits de M. Pablo.
En 1963, Mandel est l'un des principaux artisans de la constitution du Secrétariat Unifié de la IV° Internationale, dont la LCR française est la plus importante section. Après la rupture avec Pablo (1964), Mandel en devient le dirigeant incontesté.
Ernest Mandel fut l'auteur de nombreux ouvrages : Traité d'Economie marxiste, Le troisième âge du capitalisme, etc.

Stéphane Just

1921 - 1997
Fils d'un dirigeant socialiste, titulaire du seul certificat d'études, S. Just est très jeune en contact avec le mouvement ouvrier. Réquisitionné en Allemagne au titre au Service du Travail Obligatoire durant la guerre, il s'y lie avec des militants trotskystes.
En 1947, Just, responsable des Jeunesse Socialistes de la Seine, en est exclu et rejoint le Parti Communiste Internationaliste, la section française de la IV° Internationale trotskyste. Membre du Comité Central, il impulse l'intervention du P.C.I. dans son entreprise, la R.A.T.P., ce qui lui vaut d'être exclu de la C.G.T. et de subir le traitement que les staliniens réservaient alors aux trotskystes : calomnies diverses, intimidations physiques, etc.
Lors de la crise de la IV° Internationale de 1951-1953, il fait partie des opposants à la direction internationale dirigée par M. Raptis (Pablo). Après l'exclusion de l'Internationale de la majorité du P.C.I., il entre au Bureau Politique de l'organisation, désormais exsangue et vite réduite au "groupe Lambert".
Les années 60, voient la reconstruction du groupe, qui a les moyens de proclamer l'Organisation Communiste Internationaliste en 1965. Just en devient l'incontestable n°2. Dirigeant reconnu à la R.A.T.P., il l'est dans l'organisation en France ainsi que dans le combat international "pour la reconstruction de la Quatrième Internationale". A ce titre, il rédige ou inspire de nombreux textes fondamentaux de l'organisation. A partir des années 70, c'est lui qui dirige la revue théorique de l'OCI, La Vérité.
Just sera jusqu'au début des années 1980 un dirigeant dont le prestige s'est étendu au fur et à mesure de la progression de l'OCI/PCI et des groupes qui participent dans d'autres pays à ses côtés à l'activité de reconstruction de la IV° Internationale. Il ne fera jamais partie de l'appareil du Parti.
A partir de 1981, Just entre en conflit avec la direction lambertiste. Il considère qu'elle s'adapte peu à peu au gouvernement "d'union de la gauche" en France, aux directions du mouvement ouvrier, principalement celle de la C.G.T. Force Ouvrière. Lorsqu'en 1983-84, la "ligne de la démocratie" et de la construction d'un "Parti des Travailleurs" est élaborée, il y voit un renoncement au combat pour le Socialisme et pour le Parti Révolutionnaire. Just engage donc le combat pour la réorientation du Parti, mais est exclu lors du congrès qui suit.
Just édite alors avec ses partisans le bulletin "Combattre pour le Socialisme" et se bat pour le redressement du P.C.I. de l'extérieur. En 1991, lors de la guerre du Golfe, il constate que ce redressement n'a pu avoir lieu et fonde le "Comité pour la construction du Parti Ouvrier Révolutionnaire (l'Internationale Ouvrière Révolutionnaire)", qu'il dirigera jusqu'à sa mort.

Tony Cliff

(1917-2000)
Pseudonyme de Ygael Gluckstein.
Né en Palestine, gagné au trotskysme dans les années 30, Cliff se consacre d'abord à la construction d'un mouvement ouvrier unissant travailleurs arabes et juifs dans ce pays.
A la fin de la II° guerre mondiale, la victoire sioniste apparaissant inéluctable, il émigre en Grande-Bretagne. Il milite alors au sein du Revolutionary Communist Party, la section britannique de la IV° Internationale.
Vers la fin des années 40, Cliff développe sa théorie caractérisant l'U.R.S.S. comme un capitalisme d'Etat, ce qui aboutit à son exclusion de l'Internationale.
Cliff fonde alors son propre courant, aujourd'ui représenté par le Socialist Workers Party britannique et la tendance internationale International Socialist Tendency.

Mansoor Hekmat

(1951-2002)
Pseudonyme de Zhoobin Razani.
Marxiste iranien, fondateur en 1978 de l'Union des militants communistes, il prend part à la révolution iranienne de 1979, et sera très marqué par la création de conseils ouvriers (shoras).
Il refuse tout soutien au régime islamiste de l'ayatollah Khomeiny, contrairement à la majorité de la gauche, et dénonce le « mythe de la bourgeoisie nationale-progressiste ».
Contraints de fuir au Kurdistan en 1981, en raison de la répression, les militants de l'Union des militants communistes fusionnent avec une organisation kurde issue du maoïsme, Komala, avec laquelle ils fondent le Parti communiste d'Iran. La nouvelle organisation dispose d'une véritable armée, qui tient tête au régime iranien et aux nationalistes. Dans leur « zone libérée », les droits des femmes sont respectés, ce qui leur vaut la haine des traditionalistes.
En 1991, en totale rupture avec le nationalisme kurde, Mansoor Hekmat quitte le Parti communiste d'Iran et entraîne avec lui une grande partie de l'organisation. Il crée alors le Parti communiste-ouvrier d'Iran, puis en 1993, le Parti communiste-ouvrier d'Irak - né de l'insurrection des conseils ouvriers en 1991. Les deux partis sont étroitement mêlés dès l'origine.
Partisan du « retour à Marx », Mansoor Hekmat considérait que la classe ouvrière ne devait compter que sur ses propres forces, et qu'elle était la seule à avoir fait évoluer les choses positivement au cours du XX° siècle. Il considérait qu'il n'y avait jamais existé de pays socialistes, l'URSS et la Chine n'étant rien d'autre que des nationalismes bourgeois, qui n'avaient ni aboli le salariat et l'exploitation, ni communisé les moyens de production. Quoique inspiré par le communisme des conseils, Mansoor Hekmat accordait une grande importance à l'organisation et à la propagande, considérant que « le communisme à la marge de la société, ce n'est pas le communisme ». Il souhaitait ainsi concilier la lutte pour d'authentiques réformes sociales, notamment pour les droits des femmes, et le combat révolutionnaire.
Réfugié à Londres, Mansoor Hekmat meurt d'un cancer en juillet 2002. Après sa mort, le parti qu'il a contribué à fonder en Irak est devenu l'une des principales organisation de gauche dans ce pays.


Il ne s'agit ici que d'une proposition d'auteur qui méritent d'être lu même si leurs thèses peuvent parfois s'opposer, ils permettent de mettre en place certains débats sur la forme que peut ou doit prendre le socialisme/communisme


​ 0 |
​
0 | Partager
Commenter

Commenter

L'auteur de ce blog n'accepte que les commentaires de ses amis.

Tu n'es pas identifié.Clique ici pour poster un commentaire en étant identifié avec ton compte Skyrock et un lien vers ton blog ainsi que ta photo seront automatiquement ajoutés à ton commentaire.

#Posté le dimanche 06 septembre 2009 11:49

4 internationales, voir plus !

La Première Internationale - Association Internationale des Travailleurs

L'Association internationale des travailleurs est le nom officiel de l'organisation également connue sous le nom de Première Internationale, fondée le 28 septembre 1864 à Londres au Saint-Martin's Hall. Cette organisation a disparu suite à une scission intervenue en 1872.
Le 28 septembre 1864, un congrès ouvrier européen se tient au Saint-Martin's Hall de Londres à l'initiative des ouvriers britanniques des Trade Unions. La décision y est prise de créer l'Association Internationale des Travailleurs (appelée plus tard « Première Internationale »), qui unit des éléments du mouvement ouvrier de divers pays.
Le meeting du Saint-Martin's Hall décide de la création d'un Comité central (Central Council). Ce dernier publie en anglais, rédigés par Karl Marx, une Adresse inaugurale5 et des statuts provisoires (Provisional rules)6 dans lesquels l'AIT affirme que « l'émancipation des travailleurs doit être l'½uvre des travailleurs eux-mêmes » et déclare agir « pour l'émancipation définitive de la classe travailleuse, c'est-à-dire pour l'abolition définitive du salariat ».
L'AIT, qui regroupe alors les différentes tendances du socialisme, va progressivement se trouver divisée entre "marxistes" et "anarchistes" de tendance bakouniniste.

Statuts de l'Association Internationale des Travailleurs

Considérant :

Que l'émancipation de la classe ouvrière doit être l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes ; que la lutte pour l'émancipation de la classe ouvrière n'est pas une lutte pour des privilèges et des monopoles de classe, mais pour l'établissement de droits et de devoirs égaux, et pour l'abolition de toute domination de classe;
Que l'assujettissement économique du travailleur au détenteur des moyens du travail, c'est-à-dire des sources de la vie, est la cause première de la servitude dans toutes ses formes, de la misère sociale, de l'avilissement intellectuel et de la dépendance politique;
Que, par conséquent, l'émancipation économique de la classe ouvrière est le grand but auquel tout mouvement politique doit être subordonné comme moyen;
Que tous les efforts tendant à ce but ont jusqu'ici échoué, faute de solidarité entre les travailleurs des différentes professions dans le même pays et d'une union fraternelle entre les classes ouvrières des divers pays;
Que l'émancipation du travail, n'étant un problème ni local ni national, mais social, embrasse tous les pays dans lesquels existe la société moderne et nécessite, pour sa solution, le concours théorique et pratique des pays les plus avancés;
Que le mouvement qui vient de renaître parmi les ouvriers des pays industriels avancés de l'Europe, tout en réveillant de nouvelles espérances, donne un solennel avertissement de ne pas retomber dans les vieilles erreurs et de combiner le plus tôt possible les efforts encore isolés;
Pour ces raisons, l'Association Internationale des Travailleurs a été fondée. Elle déclare :
Que toutes les sociétés et individus y adhérant reconnaîtront comme base de leur comportement les uns envers les autres et envers tous les hommes, sans distinction de couleur, de croyance et de nationalité, la Vérité, la Justice et la Morale.
Pas de devoirs sans droits, pas de droits sans devoirs.
C'est dans cet esprit que les statuts suivants ont été conçus:

Art. 1. - L'Association est établie pour créer un point central de communication et de coopération entre les sociétés ouvrières des différents pays aspirant au même but, savoir: la protection, le progrès et le complet affranchissement de la classe ouvrière.

Art. 2. - Le nom de cette association sera: Association Internationale des Travailleurs.

Art. 3. - Tous les ans aura lieu un Congrès ouvrier général composé de délégués des branches de l'Association. Ce Congrès proclamera les aspirations communes de la classe ouvrière, prendra l'initiative des mesures nécessaires pour le succès de l'oeuvre de l'Association Internationale et en nommera le Conseil général.

Art. 4. - Chaque Congrès fixera la date et le siège de la réunion du Congrès suivant. Les délégués se réuniront aux lieu et jour désignés, sans qu'une convocation spéciale soit nécessaire. En cas de besoin, le Conseil général pourra changer le lieu du Congrès, sans en remettre toutefois la date. Tous les ans, le Congrès réuni désignera le siège du Conseil général et en nommera les membres. Le Conseil général ainsi élu aura le droit de s'adjoindre de nouveaux membres.
A chaque Congrès annuel, le Conseil général fera un rapport public de ses travaux. Il pourra, en cas de besoin, convoquer le Congrès avant le terme fixé.

Art. 5. - Le Conseil général se composera de travailleurs appartenant aux différentes nations représentées dans l'Association Internationale. Il choisira dans son sein les membres du bureau nécessaires pour la gestion des affaires, tels que trésorier, secrétaire général, secrétaires correspondants pour les différents pays, etc.

Art. 6. - Le Conseil général fonctionnera comme agent international entre les différents groupes nationaux et locaux, de telle sorte que les ouvriers de chaque pays soient constamment au courant des mouvements de leur classe dans les autres pays; qu'une enquête sur l'état social soit faite simultanément et sous une direction commune; que les questions d'intérêt général, proposées par une société, soient examinées par toutes les autres, et que, l'action immédiate étant réclamée, comme dans le cas de querelles internationales, tous les groupes de l'Association puissent agir simultanément et d'une manière uniforme. Suivant qu'il le jugera opportun, le Conseil général prendra l'initiative des propositions à soumettre aux sociétés locales et nationales. Pour faciliter ses communications, il publiera un bulletin périodique.

Art. 7. - Puisque le succès du mouvement ouvrier dans chaque pays ne peut être assuré que par la force de l'union et de l'association; que, d'autre part, l'action du Conseil général sera plus efficace, selon qu'il aura affaire à une multitude de petites sociétés locales, isolées les unes des autres, ou bien à quelques grands centres nationaux des sociétés ouvrières, les membres de l'Association Internationale feront tous leurs efforts pour réunir les sociétés ouvrières, isolées, de leurs pays respectifs en associations nationales, représentées par des organes centraux. Il va sans dire que l'application de cet article est subordonnée aux lois particulières à chaque pays, et que, abstraction faite d'obstacles légaux, chaque société locale indépendante aura le droit de correspondre directement avec le Conseil général.

Art. 7a. - Dans sa lutte contre le pouvoir uni des classes possédantes, le prolétariat ne peut agir en tant que classe qu'en se constituant lui-même en parti politique distinct et opposé à tous les anciens partis politiques créés par les classes possédantes. Cette constitution du prolétariat en parti politique est indispensable pour assurer le triomphe de la Révolution sociale et de sa fin suprême: l'abolition des classes.
La coalition des forces de la classe ouvrière, déjà obtenue par la lutte économique, doit ainsi lui servir de levier dans sa lutte contre le Pouvoir politique de ses exploiteurs.
Puisque les seigneurs de la terre et du capital utilisent toujours leurs privilèges politiques pour défendre et perpétuer leurs monopoles économiques et pour subjuguer le travail, la conquête du Pouvoir politique est devenu le grand devoir du prolétariat [1].

Art. 8. - Chaque section a le droit de nommer ses secrétaires-correspondants au Conseil général.

Art. 9. - Quiconque adopte et défend les principes de l'Association Internationale des Travailleurs peut en être membre. Chaque section est responsable pour l'intégrité de ses membres.

Art. 10. - Chaque membre de l'Association Internationale, en changeant de pays, recevra l'appui fraternel des membres de l'Association.

Art. 11. - Quoique unies par un lien fraternel de solidarité et de coopération, toutes les sociétés ouvrières adhérant à l'Association Internationale conserveront intacte leur organisation particulière .

Art. 12. - La révision des Statuts présents peut être faite à chaque Congrès sur la demande des deux tiers des délégués présents.

Art. 13. - Tout ce qui n'est pas prévu dans les présents Statuts sera déterminé par des règlements spéciaux que chaque Congrès pourra réviser.

Manifeste inaugural de l'Association Internationale des Travailleurs

Ouvriers,

C'est un fait très remarquable que la misère des masses travailleuses n'a pas diminué de 1848 à 1864, et pourtant cette période défie toute comparaison pour le développement de l'industrie et l'extension du commerce. En 1850, un organe modéré de la bourgeoisie anglaise, très bien informé d'ordinaire, prédisait que si l'exportation et l'importation de l'Angleterre s'élevaient de 50 %, le paupérisme tomberait à zéro. Hélas ! le 7 avril 1864, le chancelier de l'Echiquier charmait son auditoire parlementaire en lui annonçant que le commerce anglais d'importation et d'exportation était monté en 1863 «à 443 955 000 livres sterling, somme étonnante qui surpasse presque des deux tiers le commerce de l'époque, relativement récente, de 1843». Mais en même temps, il parlait éloquemment de la «misère». «Songez, s'écria-t-il, à ceux qui vivent sur le bord de cet horrible état», aux «salaires qui n'augmentent point», à la «vie humaine qui, dans neuf cas sur dix, n'est qu'une lutte pour l'existence.» Encore ne disait-il rien des Irlandais que remplacent graduellement les machines dans le Nord, les troupeaux de moutons dans le Sud, quoique les moutons eux-mêmes diminuent dans ce malheureux pays, moins rapidement, il est vrai, que les hommes. Il ne répétait pas ce que venaient de dévoiler, dans un accès soudain de terreur, les représentants les plus élevés des dix mille supérieurs. Lorsque la panique des garrotteurs [1] atteignit un certain degré, la Chambre des Lords fit faire une enquête et un rapport sur la transportation et la servitude pénales. La vérité fut ainsi révélée dans le volumineux Livre bleu de 1863, et il fut démontré, par des faits et chiffres officiels, que les pires des criminels condamnés, les forçats de l'Angleterre et de l'Ecosse, travaillaient beaucoup moins et étaient beaucoup mieux nourris que les travailleurs agricoles des mêmes pays. Mais ce n'est pas tout. Quand la guerre civile d'Amérique eut jeté sur le pavé les ouvriers des comtés de Lancaster et de Chester, la même Chambre des Lords envoya un médecin dans les provinces manufacturières, en le chargeant de rechercher le minimum de carbone et d'azote, administrable sous la forme la plus simple et la moins chère, qui pût suffire en moyenne «à prévenir les maladies causées par la famine». Le docteur Smith, le médecin délégué, trouva que 28 000 grains de carbone et 1 330 grains d'azote par semaine étaient nécessaires, en moyenne, à un adulte... uniquement pour le préserver des maladies causées par la famine ; de plus, il trouva que cette quantité n'était pas fort éloignée de la maigre nourriture à laquelle l'extrême détresse venait de réduire les ouvriers cotonniers [2]. Mais, écoutez encore. Le même savant médecin fut, un peu plus tard, délégué de nouveau par le département médical du Conseil privé, afin d'examiner la nourriture des classes travailleuses les plus pauvres. Le Sixième rapport sur l'état dis la santé publique, publié par ordre du Parlement, dans le courant de cette année, contient le résultat de ses recherches. Qu'a découvert le docteur ? Que les tisseurs en soie, les couturières, les gantiers, les tisserands de bas, etc., ne recevaient pas toujours, en moyenne, la misérable pitance des ouvriers cotonniers, pas même la quantité de carbone et d'azote «suffisant uniquement à prévenir les maladies causées par la famine».

«En outre, nous citons textuellement le rapport, l'examen de l'état des familles agricoles a démontré que plus du cinquième d'entre elles est réduit à une quantité moins que suffisante d'aliments carboniques, et plus du tiers à une quantité moins que suffisante d'aliments azotés ; que dans trois comtés, Berkshire, Oxfordshire et Somersetshire, l'insuffisance des aliments azotés est, en moyenne, le régime local.» «Il ne faut pas oublier, ajoute le rapport officiel, que la privation de nourriture n'est supportée qu'avec répugnance, et qu'en règle générale, le manque de nourriture suffisante n'arrive jamais que précédé de bien d'autres privations... La propreté même est regardée comme une chose très chère et difficile, et, quand le respect de soi-même s'efforce de l'entretenir, chaque effort de la sorte est nécessairement payé par un surcroît des tortures de la faim.» «Ce sont des réflexions d'autant plus douloureuses, qu'il ne s'agit pas ici de la misère méritée par la paresse, mais, dans tous les cas, de la détresse d'une population travailleuse. En fait, le travail qui n'assure qu'une si maigre pitance est, pour la plupart, extrêmement long.» Le rapport dévoile ce fait étrange et même inattendu que «de toutes les parties du Royaume-Uni» (c'est-à-dire l'Angleterre, le Pays de Galles, l'Ecosse et l'Irlande) «c'est la population agricole de l'Angleterre», précisément de la partie la plus opulente, «qui est incontestablement la plus mal nourrie», mais que même les plus pauvres laboureurs des comtés de Berks, d'Oxford et de Somerset sont beaucoup mieux nourris que la plupart des ouvriers de l'Etat de Londres, travaillant à domicile.

Telles sont les données officielles publiées par ordre du Parlement, en 1864, dans le millénaire du libre-échange, au moment même où le chancelier de l'Echiquier racontait à la Chambre des Communes que «la condition des ouvriers anglais s'est améliorée, en moyenne, d'une manière si extraordinaire que nous n'en connaissons point d'exemple dans l'histoire d'aucun pays, ni d'aucun âge». De quel son discordant ces exaltations officielles sont percées par une brève remarque du non moins officiel Rapport sur l'état de la santé publique : «La santé publique d'un pays signifie la santé de ses masses, et il est presque impossible que les masses soient bien portantes, si elles ne jouissent pas, jusqu'au plus bas de l'échelle sociale, au moins du plus modeste bien-être.»

Ebloui par le «Progrès de la Nation», le chancelier de l'Echiquier voit danser devant ses yeux les chiffres de ses statistiques. C'est avec un accent de véritable extase qu'il s'écrie : «De 1842 à 1852, le revenu imposable du pays s'est accru de 6 % ; dans les huit années de 1853 à 1861, il s'est accru de 20 %, si l'on prend pour base 1853 ; c'est un fait si étonnant qu'il est presque incroyable !... Cette vertigineuse montée de richesses et de puissance, ajoute W. Gladstone, se limite entièrement aux classes possédantes.»

Si vous voulez savoir à quelles conditions de santé perdue, de morale flétrie et de ruine intellectuelle, cette «vertigineuse montée de richesses et de puissance, limitée entièrement aux classes possédantes», a été et est produite par les classes laborieuses, voyez la description qui est faite des ateliers de couture pour hommes et pour dames, et d'imprimeries, dans le dernier «Rapport sur l'état de la santé publique». Comparez le «Rapport de la commission pour examiner le travail des enfants», où il est constaté, par exemple, que la classe des potiers, hommes et femmes, présente une population très dégénérée, tant sous le rapport physique que sous le rapport intellectuel ; que «les enfants infirmes deviennent ensuite des parents infirmes» ; que «la dégénération de la race en est une conséquence absolue»; que «la dégénération de la population du comté de Staffer serait beaucoup plus avancée, n'était le recrutement continuel des pays adjacents et les mariages mixtes avec des races plus robustes». Jetez un coup d'oeil sur le Livre bleu de M. Tremenheere : Griefs et plaintes des journaliers boulangers. Et qui n'a pas frissonné en lisant ce paradoxe des inspecteurs des fabriques, certifié par le Registrar General, d'après lequel la santé des ouvriers du comté de Lancaster s'est améliorée considérablement, quoiqu'ils soient réduits à la plus misérable nourriture, parce que le manque de coton les a chassés des fabriques cotonnières, que la mortalité infantile a diminué, parce que, enfin, il est permis aux mères de donner le sein aux nouveau-nés, au lieu du cordial de Godfrey.

Mais retournez encore une fois la médaille ! Le Tableau de l'impôt des revenus et des propriétés, présenté à la Chambre des Communes le 20 juillet 1864, nous apprend que du 5 avril 1862 au 5 avril 1863, treize personnes ont grossi les rangs de ceux dont les revenus annuels sont évalués par le collecteur des impôts à 50 000 livres sterling et au-delà, c'est-à-dire que leur nombre est monté, en une seule année, de 67 à 80. Le même Tableau dévoile le fait curieux que 3 000 personnes à peu près partagent entre elles un revenu annuel d'environ 25 000 000 de livres sterling, plus que la somme totale distribuée annuellement entre tous les laboureurs de l'Angleterre et du Pays de Galles. Ouvrez le registre du cens de 1861, et vous trouverez que le nombre des propriétaires terriens en Angleterre et dans le Pays de Galles s'est réduit de 16 934 en 1851 à 15 066 en 1861 ; qu'ainsi la concentration de la propriété du sol s'est accrue en dix années de 11 %. Si la concentration de la propriété foncière dans les mains d'un petit nombre suit toujours le même progrès, la question agraire deviendra singulièrement simplifiée, comme elle l'était dans l'Empire romain quand Néron eut un fin sourire à la nouvelle que la moitié de la province d'Afrique était possédée par six chevaliers.

Nous nous sommes appesantis sur ces «faits si étonnants qu'ils sont presque incroyables», parce que l'Angleterre est à la tête de l'Europe commerciale et industrielle. Rappelez-vous qu'il y a quelques mois à peine, un des fils réfugiés de Louis-Philippe félicitait publiquement le travailleur agricole anglais de la supériorité de son lot par rapport à celui, moins prospère, de ses camarades de l'autre côté de la Manche. En vérité, si nous tenons compte de la différence des circonstances locales, nous voyons les faits anglais se reproduire sur une plus petite échelle, dans tous les pays industriels et progressifs du continent. Depuis 1848, un développement inouï de l'industrie et une expansion inimaginable des exportations et des importations ont eu lieu dans ces pays. Partout «la montée de richesses et de puissance entièrement limitée aux classes possédantes» a été réellement «vertigineuse». Partout, comme en Angleterre, une petite minorité de la classe ouvrière a obtenu une légère augmentation du salaire réel ; mais, dans la plupart des cas, la hausse du salaire nominal ne dénotait pas plus l'accroissement du bien-être des salariés que l'élévation du coût de l'entretien des pensionnaires, par exemple, à l'hôpital des pauvres ou dans l'asile des orphelins de la métropole, de 7 livres 7 shillings 4 pence en 1852, à 9 livres 15 sh. 8 p. en 1861, ne leur bénéficie ni n'augmente leur bien-être. Partout les grandes masses de la classe laborieuse descendaient toujours plus bas, dans la même proportion au moins que les classes placées au-dessus d'elle montaient plus haut sur l'échelle sociale. Dans tous les pays de l'Europe -- c'est devenu actuellement une vérité incontestable pour tout esprit impartial, et déniée par ceux-là seuls dont l'intérêt consiste à promettre aux autres monts et merveilles -- , ni le perfectionnement des machines, ni l'application de la science à la production, ni la découverte de nouvelles communications, ni les nouvelles colonies, ni l'émigration, ni la création de nouveaux débouchés, ni le libre-échange, ni toutes ces choses ensemble ne supprimeront la misère des classes laborieuses ; au contraire, tant qu'existera la base défectueuse d'à-présent, chaque nouveau progrès des forces productives du travail aggravera de toute nécessité les contrastes sociaux et fera davantage ressortir l'antagonisme social. Durant cette «vertigineuse» époque de progression économique, la mort d'inanition s'est élevée à la hauteur d'une institution sociale dans la métropole britannique. Cette époque est marquée, dans les annales du monde, par les retours accélérés, par l'étendue de plus en plus vaste et par les effets de plus en plus meurtriers de la peste sociale appelée la crise commerciale et industrielle.

Après la défaite des révolutions de 1848, toutes les associations et tous les journaux politiques des classes ouvrières furent écrasés sur le continent par la main brutale de la force ; les plus avancés parmi les fils du travail s'enfuirent désespérés outre Atlantique, aux Etats-Unis, et les rêves éphémères d'affranchissement s'évanouirent devant une époque de fièvre industrielle, de marasme moral et de réaction politique. Dû en partie à la diplomatie anglaise qui agissait, alors comme maintenant dans un esprit de fraternelle solidarité avec le cabinet de Saint-Pétersbourg, l'échec de la classe ouvrière continentale répandit bientôt ses effets contagieux de ce côté de la Manche. La défaite de leurs frères du continent, en faisant perdre tout courage aux ouvriers anglais, toute foi dans leur propre cause, rendait en même temps aux seigneurs terriens et aux puissances d'argent leur confiance quelque peu ébranlée. Ils retirèrent insolemment les concessions déjà annoncées. La découverte de nouveaux terrains aurifères amena une immense émigration et creusa un vide irréparable dans les rangs du prolétariat de la Grande-Bretagne. D'autres, parmi ses membres les plus actifs jusque-là, furent séduits par l'appât temporaire d'un travail plus abondant et de salaires plus élevés et devinrent ainsi des «briseurs de grève politiques». En vain essaya-t-on d'entretenir ou de réformer le mouvement chartiste, tous les efforts échouèrent complètement. Dans la presse, les organes de la classe ouvrière moururent l'un après l'autre de l'apathie des masses et, en fait, jamais l'ouvrier anglais n'avait paru accepter si entièrement sa nullité politique. Si autrefois il n'y avait pas eu solidarité d'action entre la classe ouvrière de la Grande-Bretagne et celle du continent, maintenant il y a, en tout cas, entre elles, solidarité de défaite.

Cependant cette période écoulée depuis les révolutions de 1848 a eu aussi ses compensations. Nous n'indiquerons ici que deux faits très importants.

Après une lutte de trente années, soutenue avec la plus admirable persévérance, la classe ouvrière anglaise, profitant d'une brouille momentanée entre les maîtres de la terre et les maîtres de l'argent, réussit à enlever le bill de dix heures. Les immenses bienfaits physiques, moraux et intellectuels qui en résultèrent pour les ouvriers des manufactures ont été enregistrés dans les rapports bisannuels des inspecteurs des fabriques et, de tous côtés, on se plaît maintenant à les reconnaître. La plupart des gouvernements continentaux furent obligés d'accepter la loi anglaise dans les manufactures, sous une forme plus ou moins modifiée, et le Parlement anglais est lui-même chaque année forcé d'étendre et d'élargir le cercle de son action. Mais à côté de son utilité pratique, il y a dans la loi certains autres caractères bien faits pour en rehausser le merveilleux succès. Par la bouche de ses savants les plus connus, tels que le docteur Ure, le professeur Senior et autres philosophes de cette trempe, la classe moyenne avait prédit et allait répétant que toute intervention de la loi pour limiter les heures de travail devait sonner le glas de l'industrie anglaise qui, semblable au vampire, ne pouvait vivre que de sang, et du sang des enfants, par-dessus le marché. Jadis, le meurtre d'un enfant était un rite mystérieux de la religion de Moloch, mais on ne le pratiquait qu'en des occasions très solennelles, une fois par an peut-être, et encore Moloch n'avait-il pas de penchant exclusif pour les enfants du pauvre. Ce qui dans cette question de la limitation légale des heures de travail, donnait au conflit un véritable caractère d'acharnement et de fureur, c'est que, sans parler de l'avarice en émoi, il s'agissait là de la grande querelle entre le jeu aveugle de l'offre et de la demande, qui est toute l'économie politique de la classe bourgeoise, et la production sociale contrôlée et régie par la prévoyance sociale, qui constitue l'économie politique de la classe ouvrière. Le bill des dix heures ne fut donc pas seulement un important succès pratique ; ce fut aussi le triomphe d'un principe; pour la première fois, au grand jour, l'économie politique de la bourgeoisie avait été battue par l'économie politique de la classe ouvrière.

Mais il était réservé à l'économie politique du travail de remporter bientôt un triomphe plus complet encore sur l'économie politique de la propriété. Nous voulons parler du mouvement coopératif et surtout des manufactures coopératives créées par l'initiative isolée de quelques «bras» [3] entreprenants. La valeur de ces grandes expériences sociales ne saurait être surfaite. Elles ont montré par des faits, non plus par de simples arguments, que la production sur une grande échelle et au niveau des exigences de la science moderne pouvait se passer d'une classe de patrons employant une classe de salariés; elles ont montré qu'il n'était pas nécessaire pour le succès de la production que l'instrument de travail fût monopolisé et servît d'instrument de domination et d'extorsion contre le travailleur lui-même; elles ont montré que comme le travail esclave, comme le travail serf, le travail salarié n'était qu'une forme transitoire et inférieure, destinée à disparaître devant le travail associé exécuté avec entrain, dans la joie et le bon vouloir. En Angleterre, c'est Robert Owen qui jeta les germes du système coopératif ; les entreprises des ouvriers, tentées sur le continent, ne furent en fait que la réalisation pratique des théories non découvertes, mais hautement proclamées en 1848.

En même temps, l'expérience de cette période (1848-1864) a prouvé jusqu'à l'évidence que, si excellent qu'il fût en principe, si utile qu'il se montrât dans l'application, le travail coopératif, limité étroitement aux efforts accidentels et particuliers des ouvriers, ne pourra jamais arrêter le développement, en proportion géométrique, du monopole, ni affranchir les masses, ni même alléger un tant soit peu le fardeau de leurs misères. C'est peut-être précisément le motif qui a décidé de grands seigneurs bien intentionnés, des hâbleurs-philanthropes bourgeois et même des économistes pointus à accabler tout à coup d'éloges affadissants ce système coopératif qu'ils avaient en vain essayé d'écraser, lorsqu'il venait à peine d'éclore, ce système coopératif qu'ils représentaient alors d'un ton railleur comme une utopie de rêveur, ou qu'ils anathématisaient comme un sacrilège de socialiste. Pour affranchir les masses travailleuses, la coopération doit atteindre un développement national et, par conséquent, être soutenue et propagée par des moyens nationaux. Mais les seigneurs de la terre et les seigneurs du capital se serviront toujours de leurs privilèges politiques pour défendre et perpétuer leurs privilèges économiques. Bien loin de pousser à l'émancipation du travail, ils continueront à y opposer le plus d'obstacles possible. Qu'on se rappelle avec quel dédain lord Palmerston rembarra les défenseurs du bill sur les droits des tenanciers irlandais présenté pendant la dernière session. «La Chambre des Communes, s'écria-t-il, est une chambre de propriétaires fonciers !»

La conquête du pouvoir politique est donc devenue le premier devoir de la classe ouvrière. Elle semble l'avoir compris, car en Angleterre, en Allemagne, en Italie, en France, on a vu renaître en même temps ces aspirations communes, et en même temps aussi des efforts ont été faits pour réorganiser politiquement le parti des travailleurs.

Il est un élément de succès que ce parti possède: il a le nombre; mais le nombre ne pèse dans la balance que s'il est uni par l'association et guidé par le savoir. L'expérience du passé nous a appris comment l'oubli de ces liens fraternels qui doivent exister entre les travailleurs des différents pays et les exciter à se soutenir les uns les autres dans toutes leurs luttes pour l'affranchissement, sera puni par la défaite commune de leurs entreprises divisées. C'est poussés par cette pensée que les travailleurs de différents pays, réunis en un meeting public à Saint-Martin's Hall le 28 septembre 1864, ont résolu de fonder l'Association Internationale

Une autre conviction encore a inspiré ce meeting.

Si l'émancipation des classes travailleuses requiert leur union et leur concours fraternels, comment pourraient-elles accomplir cette grande mission si une politique étrangère, qui poursuit des desseins criminels, met en jeu les préjugés nationaux et fait couler dans des guerres de piraterie le sang et dilapide le bien du peuple? Ce n'est pas la prudence des classes gouvernantes de l'Angleterre, mais bien la résistance héroïque de la classe ouvrière à leur criminelle folie qui a épargné à l'Europe occidentale l'infamie d'une croisade pour le maintien et le développement de l'esclavage outre Atlantique. L'approbation sans pudeur, la sympathie dérisoire ou l'indifférence stupide avec lesquelles les classes supérieures d'Europe ont vu la Russie saisir comme une proie les montagnes-forteresses du Caucase et assassiner l'héroïque Pologne, les empiétements immenses et sans entrave de cette puissance barbare dont la tête est à Saint-Pétersbourg et dont on retrouve la main dans tous les cabinets d'Europe, ont appris aux travailleurs qu'il leur fallait se mettre au courant des mystères de la politique internationale, surveiller la conduite diplomatique de leurs gouvernements respectifs, la combattre au besoin par tous les moyens en leur pouvoir, et enfin lorsqu'ils seraient impuissants à rien empêcher, s'entendre pour une protestation commune et revendiquer les simples lois de la morale et de la justice qui devraient gouverner les rapports entre individus, comme lois suprêmes dans le commerce des nations.

Combattre pour une politique étrangère de cette nature, c'est prendre part à la lutte générale pour l'affranchissement des travailleurs.

Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

Deuxième Internationale - Internationale ouvrière

L'Internationale ouvrière fut fondée, à l'initiative notamment de Friedrich Engels, par les partis socialistes d'Europe lors du Congrès de Paris en juillet 1889 ; elle est aussi connue sous le nom de Deuxième Internationale, ou Internationale Socialiste.
Certains anarchistes furent présents à ce congrès, réclamant le groupement des travailleurs en lutte essentiellement sur le terrain économique, et rejetant la division politique, mais ils en furent exclus pour les raisons de divergence tactique claires.
Se fondant, comme la Première Internationale, sur le constat de la lutte des classes, la Deuxième Internationale milite jusqu'au début du xxe siècle sur les bases du marxisme. Mais certains courants se développent à la droite de l'Internationale, prêchant l'abandon du principe selon lequel « l'émancipation des travailleurs doit être l'½uvre des travailleurs eux-mêmes » (principe révolutionnaire qui était celui de la Première Internationale) et recommandant de privilégier le parlementarisme et le réformisme. En 1904, le congrès donne cependant raison au révolutionnaire Jules Guesde contre le « réformiste » Jean Jaurès, choix inverse de celui des élections qui donnent 31 députés à Jaurès et 12 à Guesde.
Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, les leaders socialistes (à l'exception des Russes et des Serbes), votèrent les crédits militaires demandés par les gouvernements. Les militants fidèles à l'internationalisme et au pacifisme dénoncent ce reniement de la majorité, et militent contre la guerre - ce qui leur vaut souvent d'être exclus de la Deuxième Internationale (c'est le cas par exemple de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht en Allemagne). Ces militants hostiles à la guerre seront, pour certains, plus tard appelés « communistes », par opposition à leurs ex-camarades socialistes. Durant le conflit, deux conférences, celle de Zimmerwald et surtout celle de Kienthal, ont réuni les militants de la gauche de l'Internationale, parfois exclus, pour s'opposer à la guerre et aux dirigeants socialistes la soutenant.

Programme du SAPD

Eisenach, août 1869

Le Parti ouvrier social-démocrate poursuit l'établissement de l'Etat populaire libre.

Tout membre du Parti ouvrier social-démocrate s'engage à défendre de toutes ses forces les principes suivants :
Les conditions politiques et sociales présentes sont au plus haut degré injustes; il convient donc de les combattre avec la plus grande énergie.

La lutte pour l'émancipation des classes laborieuses n'est pas une lutte en vue de privilèges et de monopoles, mais une lutte pour l'égalité des droits et des devoirs et pour la suppression de toute domination de classe.

La dépendance économique vis-à-vis du capitalisme constitue, pour le travailleur, la base de la servitude sous toutes ses formes, et la social-démocratie cherche à donner à chaque travailleur le produit intégral de son travail, par l'abolition du mode actuel de production (salariat) et par l'organisation du travail sur une base coopérative.

La liberté politique est la condition la plus indispensable de l'émancipation économique des classes laborieuses. La question sociale est donc inséparable de la question politique, la solution de la première est liée à la solution de la seconde, et elle n'est possible que dans un Etat démocratique.

Considérant que l'émancipation politique et économique de la classe ouvrière n'est possible que si celle-ci engage solidairement et unitairement la lutte, le Parti ouvrier social-démocrate se donne une organisation uniforme, mais laisse à tous et à chacun la liberté de faire valoir son influence pour le bien de la communauté.

Considérant que l'émancipation du travall n'est ni un problème local ni un problème national, mais un problème social embrassant tous les pays civilisés, le Parti social-démocrate déclare former, autant que les lois sur les associations le permettent, une branche de l'Association Internationale des Travailleurs, et déclare poursuivre le même but que celle-ci.

Au nombre des revendications les plus urgentes dont le Parti ouvrier social-démocrate doit faire l'objet d'une vive agitation, il faut citer les suivantes:


Suffrage universel, égal, direct et secret accordé à tous les hommes de vingt ans, pour les élections au Parlement, aux landtags, aux assemblées provinciales et municipales et à tous les autres corps représentatifs. Les représentants élus recevront des émoluments suffisants.

Législation directe (c'est-à-dire attribution au peuple du droit de proposer et de rejeter les lois).

Suppression de tous les privilèges de classe, de propriété, de naissance et de culte.

Substitution d'une milice populaire à l'armée permanente.

Séparation de l'Église et de l'État, et séparation de l'École et de l'Eglise.

Instruction obligatoire dans les écoles populaires et instruction gratuite dans tous les établissements d'instruetion publique.

Indépendance des tribunaux, création du jury et de juridictions professionnelles pour chaque branche d'industrie, procédure publique et verbale; gratuité de la justice.

Abrogation de toutes les lois sur la presse, sur le droit de réunion et de coalition; introduction de la journée de travail normale; limitation du travail des femmes, interdiction du travail des enfants.

Suppression des impôts indirects; impôt direct unique et progressif sur le revenu et sur les héritages.

Appui donné par l'État au mouvement coopératif, crédits spéciaux affectés par l'État aux associations libres de production, sous certaines garanties démocratiques.

Programme de Gotha du parti social-démocrate

Le travail est la source de toute richesse et de toute culture, et comme en général le travail productif n'est possible que par la société, son produit intégral appartient à la société, c'est-à-dire à tous les membres de celle-ci, tous devant participer au travail, et cela en vertu d'un droit égal, chacun recevant selon ses besoins raisonnables.

Dans la société actuelle, les moyens de travail sont le monopole de la classe capitaliste; l'état de dépendance qui en résulte pour la classe ouvrière est la cause de la misère et de la servitude sous toutes ses formes.

L'affranchissement du travail exige la transformation des instruments de travail en patrimoine commun de la société et la réglementation, par la communauté, du travail collectif; avec affectation d'une partie du produit aux besoins généraux et partage équitable du reste.

L'affranchissement du travail doit être l'oeuvre de la classe ouvrière, en face de laquelle toutes les autres classes ne forment qu'une masse réactionnaire.


Partant de ces principes, le Parti ouvrier socialiste d'Allemagne s'efforce, par tous les moyens légaux, de fonder l'État libre et la société socialiste, de briser la loi d'airain des salaires par la destruction du système du travail salarié, d'abolir l'exploitation sous toutes ses formes, d'éliminer toute inégalité sociale et politique.

Le Parti ouvrier socialiste d'Allemagne, bien qu'il agisse tout d'abord dans le cadre national, a conscience du caractère international du mouvement ouvrier, et il est résolu à remplir tous les devoirs qui s'imposent de ce fait aux travailleurs en vue de réaliser la fraternité de tous les hommes.

Le Parti ouvrier socialiste d'Allemagne réclame, pour préparer les voies à la solution de la question sociale, l'établissement de sociétés ouvrières de production avec l'aide de l'État, sous le contrôle démocratique du peuple travailleur. Les sociétés de production doivent être suscitées dans l'industrie et l'agriculture avec une telle ampleur que l'organisation socialiste de l'ensemble du travail en résulte.

Le Parti ouvrier socialiste d'Allemagne réclame comme base de l'État:


Suffrage universel égal, direct, secret et obligatoire pour tous les citoyens âgés d'au moins vingt ans et pour toutes les élections générales et communales. Le jour de l'élection sera un dimanche ou un jour férié.

Législation directe par le peuple. La guerre et la paix votées par le peuple.

Service militaire pour tous. Substitution de la milice populaire à l'armée permanente.

Suppression des lois d'exception, notamment des lois sur la presse, sur les réunions et les coalitions, et en général de toutes les lois restreignant la libre manifestation des opinions, la liberté de la pensée et de l'étude.

Justice rendue par le peuple. Gratuité de la justice.

Éducation générale et égale du peuple par l'État. Obligation scolaire. Gratuité de l'instruction dans tous les établissements scolaires. La religion déclarée chose privée.
Le Parti ouvrier socialiste d'Allemagne réclame, sous le régime social actuel :

La plus grande extension possible des droits et des libertés politiques dans le sens des revendications précitées.

Un impôt unique et progressif sur le revenu pour l'État et les communes, à la place de tous les impôts indirects, spécialement de ceux qui pèsent sur le peuple.

Droit illimité de coaiition.

Journée de travail normale en rapport avec les besoins de la société. Défense de travailler le dimanche.

Interdiction du travail des enfants, ainsi que du travail des femmes, qui porte préjudice à la santé et à la moralité.

Loi de protection de la vie et de la santé des travailleurs. Contrôle sanitaire des logements ouvriers. Surveillance du travail dans les usines, les fabriques et les ateliers, ainsi que du travail à domicile, par des fonctionnaires élus par les ouvriers. Loi punissant les infractions.

Réglementation du travail pénitentiaire.

Administration pleinement autonome de toutes les caisses ouvrières d'assistance et de secours mutuel.

Troisième Internationale - Internationale communiste

L'Internationale communiste (IC ou Komintern d'après son nom russe Коммунистический Интернационал, Kommunistitcheskiy Internatsional) ou Troisième Internationale est née d'une scission de l'Internationale ouvrière, scission réalisée le 2 mars 1919 à Moscou sous l'impulsion de Lénine et des bolcheviks : l'Internationale communiste regroupa les partis communistes qui avaient rompu avec les partis socialistes de la IIe Internationale.
La Troisième Internationale était dirigée par le Parti communiste de l'Union soviétique, bien que ce dernier entretînt toujours la fiction qu'il n'en était qu'une section parmi d'autres. Elle était théoriquement sans rapports avec l'État soviétique, bien qu'elle fut de plus en plus mise par Staline au service des intérêts de ce dernier. Si les directives étaient élaborées à Moscou, la plaque tournante du Komintern était Berlin jusqu'à l'avènement de Hitler en 1933, puis Paris.
A l'été 1918, Lénine fait prendre à sa formation le nom de "parti communiste", pour accentuer la rupture catégorique avec la social-démocratie.
Internationalistes convaincus, Lénine et Trotski considèrent d'emblée que la révolution russe n'a de sens que comme premier acte d'une révolution générale dans le monde entier, et qu'elle ne survivra qu'à condition de recevoir l'aide d'autres pays socialistes. Ils comptent particulièrement sur une révolution en Allemagne, pays au potentiel économique le plus élevé d'Europe, et où la classe ouvrière est une des mieux organisées. Seuls Zinoviev et Kamenev s'étaient opposés au coup de force d'Octobre en prévenant que les travailleurs européens ne bougeraient pas pour étendre la révolution russe.
De fait, les appels des Bolcheviks à ces derniers reçoivent dans l'immédiat peu d'échos concrets : grèves, mutineries et révoltes s'accroissent mais restent minoritaires jusqu'à la fin du conflit. En dépit du volontarisme léninien, la contagion révolutionnaire existe mais ne débouche pas sur un embrasement général ni en 1918 ni même après.
Cependant, dans une Europe ruinée et traumatisée par l'immense carnage, Lénine gagne un prestige considérable auprès de nombreux ouvriers, paysans, intellectuels et militants. Il s'est en effet toujours résolument opposé au conflit mondial, et pour la première fois une révolution dite « marxiste » et « prolétarienne » est parvenue au pouvoir. Dès l'été 1917, des inscriptions "Vive Lénine!" apparaissent sur des murs d'Italie ou d'Espagne, où les troubles sociaux des années 1917-1919 recevront le surnom significatif de "bienno bolchevik".
Fascinés par « la grande lueur à l'Est » (Jules Romains), beaucoup de sympathisants de la révolution russe accordent alors peu d'importance au programme réel de la révolution d'Octobre (collectivisme agraire, régime de parti unique), ni à la dictature impitoyable que les Bolcheviks instaurent bien avant même le début de la guerre civile russe, alors qu'elle n'épargne pas les autres partis révolutionnaires ni de nombreux hommes du peuple, paysans en tête. Mais partout se diffusent les mêmes mots d'ordre très porteurs qu'en Russie, prônant la paix, la "terre aux paysans", les "usines aux ouvriers", le "pouvoir aux soviets". Enfin, l'intervention militaire des Occidentaux, qui finissent par aider les armées blanches, choque profondément tous ceux qui refusent de voir la jeune révolution écrasée par les forces contre-révolutionnaires. Dès mars 1919, ainsi, André Marty et Charles Tillon mènent une mutinerie à bord de plusieurs navires français stationnés en Mer Noire.
Pour adhérer à la IIIe Internationale, les partis membres doivent accepter les "21 conditions", très draconiennes, qui alignent leurs structures et leurs méthodes sur le modèle bolchevik, jusque là inconnu hors de Russie. Même en pays démocratique, les partis communistes doivent devenir semi-clandestins, être strictement hiérarchisés et centralisés, adopter une discipline de fer, et recourir au besoin à l'illégalité. Ils doivent aussi obéir impérativement aux ordres du centre. Après 1921, ils doivent aussi interdire les tendances en leur sein (centralisme démocratique) et exclure, surtout après 1924, ceux qui ne suivent pas strictement la ligne imposée depuis Moscou
Beaucoup de communistes, mais aussi de militants venus de l'anarcho-syndicalisme ou de la gauche républicaine radicale, ont adhéré en pensant qu'ils pourraient toujours garder une certaine autonomie - c'était le cas de bien des participants français du Congrès de Tours (1920), où les 21 conditions ne furent d'ailleurs pas adoptées.
Mais Moscou entend aligner fermement les partis sur le modèle russe. Elle les encadre et les soumet de plus en plus étroitement par le biais d'agents délégués par le centre (Jules Humbert-Droz ou Eugen Fried en France). Dès 1921, ainsi, Trotski se plaint qu'il reste des Francs-Maçons au PCF, et exige leur exclusion, une première en France dans un parti de gauche.
En 1924, le président du Komintern, Zinoviev, réputé et critiqué pour son autoritarisme, lance le mot d'ordre de bolchevisation des PC au Ve Congrès du Komintern. C'est un durcissement autoritaire qui provoque une crise et des exclusions dans la plupart des partis-membres. Au même moment, de surcroît, Staline, Zinoviev et Kamenev lancent une violente campagne pour mettre sur la touche les trotskistes en URSS comme à l'étranger.

Discours d'ouverture du premier congrès de la troisième internationale

Par mandat du Comité Central du Parti Communiste russe, j'ouvre le premier Congrès international. Avant tout, je vous prie de vous lever pour honorer la mémoire des meilleurs représentants de la III° Internationale, de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg.

Camarades, notre Congrès revêt une grande importance dans l'histoire mondiale. Il démontre la banqueroute de toutes les illusions de la démocratie bourgeoise. La guerre civile est devenue un fait, non seulement en Russie, mais dans les pays capitalistes les plus développés, par exemple en Allemagne.

La bourgeoisie est affolée de terreur devant le mouvement révolutionnaire prolétarien qui grandit. Cela se comprend, parce que toute la marche des événements depuis la fin de la guerre impérialiste renforce inévitablement le mouvement révolutionnaire du prolétariat, et que la révolution internationale mondiale commence et grandit dans tous les pays.

Le peuple se rend compte de la grandeur et de l'importance de cette lutte. Il fallait trouver la forme pratique qui permît au prolétariat d'exercer sa domination. Cette forme, c'est le régime des Soviets avec la dictature du prolétariat. La dictature du prolétariat : ces mots étaient « du latin » pour les masses jusqu'à nos jours. Maintenant, grâce au système des Soviets, ce latin est traduit dans toutes les langues modernes; la forme pratique de la dictature est trouvée par les masses populaires. Elle est devenu intelligible à la grande masse des ouvriers grâce au pouvoir des Soviets en Russie, aux spartakistes en Allemagne, à des organisations analogues dans les autres pays, tels les Shop Stewards Committees en Angleterre. Tout cela prouve que la forme révolutionnaire de la dictature prolétarienne est trouvée et que le prolétariat est en train d'exercer sa domination de fait.

Camarades ! Je pense qu'après les événements en Russie, après les combats de janvier en Allemagne, il importe surtout de noter que la forme nouvelle du mouvement du prolétariat se manifeste et se fraie une voie dans d'autres pays aussi. Aujourd'hui, j'ai lu dans un journal anglais antisocialiste un télégramme annonçant que le gouvernement anglais avait reçu le soviet de délégués ouvriers de Birmingham et lui avait promis de reconnaître les Soviets comme des organisations économiques. Le système soviétique a remporté la victoire non seulement dans la Russie arriérée, mais dans le pays le plus civilisé de l'Europe : l'Allemagne, et dans le plus vieux pays capitaliste : l'Angleterre.

La bourgeoisie peut sévir; elle peut assassiner encore des milliers d'ouvriers – mais la victoire est à nous, la victoire de la révolution communiste mondiale est assurée.

Camarades ! Je vous souhaite cordialement la bienvenue au nom de notre Comité Central.

Résolution sur la fondation de l'Internationale Communiste

A présent, je porte à votre connaissance une proposition, présentée par les délégués Rakovsky, Gruber, Grimlund, Rudnianszky. Elle est ainsi conçue :

« Les représentants du Parti Communiste de l'Autriche allemande, du Parti social-démocrate de gauche de Suède, de la Fédération ouvrière révolutionnaire social-démocrate des Balkans, du Parti Communiste de Hongrie, proposent la fondation de l'Internationale Communiste.

« 1. La nécessité de la lutte pour la dictature du prolétariat exige l'organisation unifiée, commune et internationale de tous les éléments communistes qui se placent sur ce terrain.

« 2. Cette fondation est un devoir d'autant plus impérieux qu'actuellement on tente à Berne et peut-être tentera-t-on aussi plus tard ailleurs de rétablir l'ancienne Internationale opportuniste et de rassembler tous les éléments confus et hésitants du prolétariat. C'est pourquoi il est nécessaire d'établir une séparation nette entre les éléments révolutionnaires prolétariens et les éléments social-traîtres.

« 3. Si la III° Internationale n'était pas fondée par la Conférence siégeant à Moscou, cela créerait l'impression que les Partis communistes sont en désaccord, ce qui affaiblirait notre situation et augmenterait la confusion parmi les éléments indécis du prolétariat de tous les pays.

« 4. La constitution de la III° Internationale est donc un devoir historique absolu, et la Conférence communiste internationale siégeant à Moscou doit en faire une réalité. »

Cette proposition suppose que nous revenions sur une résolution quant à savoir si nous sommes une conférence ou un congrès. La proposition vise à la constitution de la III° Internationale. La discussion est ouverte.

Après la discussion, le camarade Platten met aux voix la proposition signée par Rakovsky, Gruber, Grimlund, Rudnianszky.

« Cette proposition, dit-il, est faite afin d'amener une décision sur la fondation de la III° Internationale. »

La résolution fut adoptée à l'unanimité moins 5 abstentions (délégation allemande).

DECISION

La Conférence Communiste Internationale décide de se constituer comme III° Internationale et d'adopter le nom d'Internationale Communiste. Les proportions des voix accordées ne subissent pas de changement. Tous les partis, toutes les organisations et les groupes conservent le droit, pendant une durée de huit mois, d'adhérer définitivement à la III° Internationale.

Manifeste de l'Internationale Communiste aux prolétaires du monde entier !

Il y a soixante-douze ans, le parti communiste présenta au monde son programme sous forme d'un manifeste écrit par les plus grands prophètes de la Révolution prolétarienne, Karl Marx et Friedrich Engels. A cette époque déjà, le communisme, à peine entré dans sa lutte, était accablé sous les poursuites, les mensonges, la haine et les persécutions des classes possédantes qui devinaient justement en lui leur ennemi mortel. Pendant ces trois quarts de siècle, le développement du communisme a suivi des voies complexes, connaissant tour à tour les tempêtes de l'enthousiasme et les périodes de découragement, les succès et les durs échecs. Mais au fond le mouvement suivit la route tracée par le Manifeste du Parti communiste. L'heure de la lutte finale et décisive est arrivée plus tard que ne l'escomptaient et ne l'espéraient les apôtres de la Révolution sociale. Mais elle est arrivée. Nous, communistes, représentants du prolétariat révolutionnaire des différents pays d'Europe, d'Amérique et d'Asie, rassemblés à Moscou, capitale de la Russie soviétique, nous nous sentons les héritiers et les continuateurs de l'½uvre dont le programme a été annoncé il y a soixante-douze ans.

Notre tâche est de généraliser l'expérience révolutionnaire de la classe ouvrière, de débarrasser le mouvement des mélanges impurs de l'opportunisme et du social-patriotisme, d'unir les forces de tous les partis vraiment révolutionnaires du prolétariat mondial et par là même de faciliter et de hâter la victoire de la Révolution communiste dans le monde entier.

Aujourd'hui que l'Europe est couverte de débris et de ruines fumantes, les plus coupables des incendiaires s'occupent à rechercher les responsables de la guerre. Ils sont suivis de leurs laquais, professeurs, parlementaires, journalistes, social-patriotes et autres soutiens politiques de la bourgeoisie.

Au cours d'une longue série d'années, le socialisme a prédit l'inéluctabilité de la guerre impérialiste ; il en a vu les causes dans le désir insatiable du lucre et de la propriété des classes possédantes des deux concurrents principaux et en général de tous les pays capitalistes. Deux ans avant l'explosion, au congrès de Bâle, les chefs socialistes responsables de tous les pays dénonçaient l'impérialisme comme le fauteur de la guerre future. Ils menaçaient la bourgeoisie de déchaîner sur sa tête la Révolution sociale, vengeance du prolétariat contre les crimes du capitalisme.

Maintenant, après une expérience de cinq ans, alors que l'histoire, ayant mis au jour les appétits rapaces de l'Allemagne, dévoile les agissements non moins criminels des Alliés, les socialistes officiels des pays de l'Entente, à la suite de leurs gouvernements, ne cessent de dénoncer dans le kaiser allemand déchu le grand coupable de la guerre. Bien plus, dans leur abjecte servilité, les social-patriotes allemands, qui, en août 1914, faisaient du livre blanc diplomatique du Hohenzollern l'évangile sacré des nations, accusent maintenant à leur tour cette monarchie allemande abattue, dont ils furent les fidèles serviteurs, d'être la cause principale de la guerre. Ils espèrent ainsi à la fois oublier le rôle qu'ils ont joué et gagner l'indulgence des vainqueurs. Mais à côté du rôle joué par les dynasties déchues des Romanov, des Hohenzollern, des Habsbourg et des cliques capitalistes de leurs pays, le rôle des classes dirigeantes de France, d'Angleterre, d'Italie et des Etats-Unis apparaît dans toute son ampleur criminelle à la lumière des événements accomplis et des révélations diplomatiques.

Jusqu'à l'explosion même de la guerre, la diplomatie anglaise ne leva point son masque mystérieux. Le gouvernement de la City craignait que s'il déclarait catégoriquement son dessein de participer à la guerre aux côtés de l'Entente, le gouvernement de Berlin ne reculât et qu'il n'y eût pas de guerre. C'est pourquoi l'on se conduisit de façon à faire espérer d'une part, à Berlin et à Vienne, la neutralité de l'Angleterre et à permettre, d'autre part, à Paris et à Pétrograd de compter fermement sur l'intervention.

Préparée par la marche de l'histoire pendant plusieurs dizaines d'années, la guerre fut déchaînée par une provocation directe et consciente de la Grande-Bretagne. Le gouvernement de ce pays avait fait le calcul de soutenir la Russie et la France exclusivement dans la mesure nécessaire pour les épuiser en épuisant l'Allemagne, son ennemie mortelle. Mais la puissance du système militaire allemand apparut trop dangereuse et imposa une intervention non plus apparente mais réelle de l'Angleterre.

Le rôle de spectateur souriant, auquel la Grande-Bretagne prétendait par tradition, revint aux Etats-Unis. Le gouvernement de Wilson accepta d'autant plus facilement le blocus anglais, qui diminuait les possibilités de spéculation de la Bourse américaine sur le sang européen, que les puissances de l'Entente dédommagèrent, par de gros bénéfices, la bourgeoisie américaine de cette violation du « droit international ». Cependant l'énorme supériorité militaire de l'Allemagne obligea à son tour le gouvernement de Washington à sortir de l'état de neutralité fictive à l'égard de l'Europe. Les Etats-Unis se chargèrent de la mission que l'Angleterre avait remplie dans les guerres passées et qu'elle avait essayé de remplir dans la dernière guerre, par rapport au continent : affaiblir un des camps en se servant de l'autre, et ne se mêler des opérations militaires que dans la mesure indispensable pour s'assurer tous les avantages de la situation. L'enjeu exposé de la loterie américaine n'était pas grand, mais il fut le dernier et par là lui assurait le gain.

Les contradictions du régime capitaliste se révélèrent à l'humanité à la suite de la guerre, sous forme de souffrances physiques : la faim, le froid, les maladies épidémiques et une recrudescence de barbarie. Ainsi est jugée sans appel la vieille querelle académique des socialistes sur la théorie de la paupérisation et du passage progressif du capitalisme au socialisme. Les statisticiens et les pontifes de la théorie de l'arrondissement des angles avaient, pendant des dizaines d'années, recherché dans tous les coins du monde des faits réels ou imaginaires capables de démontrer le progrès du bien-être de certains groupes ou catégories de la classe ouvrière. La théorie de la paupérisation des masses était regardée comme enterrée sous les coups de sifflets méprisants des eunuques occupant les tribunes universitaires de la bourgeoisie et des mandarins de l'opportunisme socialiste. Maintenant ce n'est pas seulement la paupérisation sociale, mais un appauvrissement physiologique, biologique, qui se présente à nous dans toute sa réalité hideuse.

La catastrophe de la guerre impérialiste a balayé de fond en comble toutes les conquêtes des batailles syndicalistes et parlementaires. Et pourtant cette guerre est née des tendances internes du capitalisme dans la même mesure que les marchandages économiques ou les compromis parlementaires qu'elle a enterrés dans le sang et dans la boue.

Le capital financier, après avoir précipité l'humanité dans l'abîme de la guerre, a subi lui-même durant cette guerre une modification catastrophique. L'état de dépendance dans lequel était placé le papier-monnaie vis-à-vis du fondement matériel de la production, a été définitivement rompu. Perdant de plus en plus sa valeur de moyen et de régulateur de l'échange des produits dans le régime capitaliste. le papier-monnaie s'est transformé en instrument de réquisition, de conquête et en général d'oppression militaire et économique.

La dépréciation totale des billets de banque marque la crise mortelle générale qui affecte la circulation des produits dans le régime capitaliste. Si la libre concurrence, comme régulateur de la production et de la répartition, fut remplacée dans les champs principaux de l'économie par le système des trusts et des monopoles, plusieurs dizaines d'années avant la guerre, le cours même de la guerre a arraché le rôle régulateur et directeur aux groupements économiques pour le transmettre directement au pouvoir militaire et gouvernemental. La répartition des matières premières, l'exploitation du naphte de Bakou ou de Roumanie, de la houille du Donetz, du froment d'Ukraine, l'utilisation des locomotives, des wagons et des automobiles d'Allemagne, l'approvisionnement en pain et en viande de l'Europe affamée, toutes ces questions fondamentales de la vie économique du monde ne sont plus réglées par la libre concurrence, ni même par des combinaisons de trusts ou de consortiums nationaux et internationaux. Elles sont tombées sous le joug de la tyrannie militaire pour lui servir de sauvegarde désormais. Si l'absolue sujétion du pouvoir politique au capital financier a conduit l'humanité à la boucherie impérialiste, cette boucherie a permis au capital financier non seulement de militariser jusqu'au bout l'Etat, mais de se militariser lui-même, de sorte qu'il ne peut plus remplir ses fonctions économiques essentielles que par le fer et par le sang.

Les opportunistes qui, avant la guerre, invitaient les ouvriers à modérer leurs revendications sous prétexte de passer lentement au socialisme, qui, pendant la guerre, l'ont obligé à renoncer à la lutte de classes au nom de l'union sacrée et de la défense nationale, exigent du prolétariat un nouveau sacrifice, cette fois afin de triompher des conséquences effroyables de la guerre. Si de tels prêches pouvaient influencer les masses ouvrières, le développement du capital se poursuivrait en sacrifiant de nombreuses générations, avec des formes nouvelles, encore plus concentrées et plus monstrueuses, avec la perspective fatale d'une nouvelle guerre mondiale. Par bonheur pour l'humanité, cela n'est plus possible.

L'étatisation de la vie économique, contre laquelle protestait tant le libéralisme capitaliste, est un fait accompli. Revenir, non point à la libre concurrence, mais seulement à la domination des trusts, syndicats et autres pieuvres capitalistes, est désormais impossible. La question est uniquement de savoir quel sera désormais celui qui prendra la production étatisée : l'Etat impérialiste ou l'Etat du prolétariat victorieux.

En d'autres termes, l'humanité travailleuse tout entière deviendra-t-elle l'esclave tributaire d'une clique mondiale triomphante qui, sous l'enseigne de la Ligue des Nations, au moyen d'une armée « internationale » et d'une flotte « internationale » pillera et étranglera les uns, entretiendra les autres, mais, toujours et partout, enchaînera le prolétariat, dans le but unique de maintenir sa propre domination ? Ou bien la classe ouvrière d'Europe et des pays les plus avancés des autres parties du monde s'emparera-t-elle de la vie économique, même désorganisée et détruite, afin d'assurer sa reconstruction sur des bases socialistes ?

Abréger l'époque de crise que nous traversons ne se peut que par les méthodes de la dictature du prolétariat, qui ne regarde pas le passé, qui ne compte ni avec les privilèges héréditaires, ni avec le droit de propriété, qui, ne considérant que la nécessité de sauver les masses affamées, mobilise pour cela tous les moyens et toutes les forces, décrète pour tout le monde l'obligation du travail, institue le régime de la discipline ouvrière, afin de ne pas seulement guérir, en quelques années, les plaies béantes faîtes par la guerre, mais encore d'élever l'humanité à une hauteur nouvelle et insoupçonnable.

L'Etat national, après avoir donné une impulsion vigoureuse au développement capitaliste, est devenu trop étroit pour l'expansion des forces productives. Ce phénomène a rendu plus difficile la situation des petits Etats encastré au milieu des grandes puissances de l'Europe et du Monde. Ces petits Etats, nés à différentes époques comme des fragments des grands, comme la menue monnaie destinée à payer divers tributs, comme des tampons stratégiques, possèdent leurs dynasties, leurs castes dirigeantes, leurs prétentions impérialistes, leurs filouteries diplomatiques. Leur indépendance illusoire a été basée, jusqu'à la guerre, exactement comme était basé l'équilibre européen sur l'antagonisme des deux camps impérialistes. La guerre a détruit cet équilibre. En donnant d'abord un immense avantage à l'Allemagne, la guerre a obligé les petits Etats à chercher leur salut dans la magnanimité du militarisme allemand. L'Allemagne ayant été vaincue, la bourgeoisie des petits Etats, de concert avec leurs « socialistes » patriotes, s'est retournée pour saluer l'impérialisme triomphant des Alliés, et dans les articles hypocrites du programme de Wilson elle s'est employée à rechercher les garanties du maintien de son existence indépendante. En même temps, le nombre des petits Etats s'est accru : de la monarchie austro-hongroise, de l'empire des tsars se sont détachés de nouveaux Etats qui, aussitôt nés, se saisissent déjà les uns les autres à la gorge pour des question de frontière. Les impérialistes Alliés, pendant ce temps, préparent des combinaisons de petites puissances, anciennes et nouvelles, afin de les enchaîner les unes les autres par une haine mutuelle et une faiblesse générale.

Ecrasant et violentant les peuples petits et faibles, les condamnant à la famine et à l'abaissement, de même que, peu de temps auparavant, les impérialistes des empires centraux, les impérialistes alliés ne cessent de parler du droit des nationalités, droits qu'ils foulent aux pieds en Europe et dans le monde entier.

Seule, la Révolution prolétarienne peut garantir aux petits peuples une existence libre, car elle libérera les forces productives de tous les pays des tenailles serrées par les Etats nationaux, en unissant les peuples dans une étroite collaboration économique, conformément à un plan économique commun. Seule, elle donnera aux peuples les plus faibles et les moins nombreux la possibilité d'administrer, avec une liberté et une indépendance absolues, leur culture nationale sans porter le moindre dommage à la vie économique unifiée et centralisée de l'Europe et du monde.

La dernière guerre, qui a été dans une large mesure une guerre pour la conquête des colonies, fut en même temps une guerre faite avec l'aide des colonies. Dans des proportions jusqu'alors inconnues les peuples coloniaux ont été entraînés dans la guerre européenne. Les Hindous, les Nègres, les Arabes, les Malgaches se sont battus sur la terre d'Europe, au nom de quoi ? Au nom de leurs droits à demeurer plus longtemps esclaves de l'Angleterre et de la France. Jamais encore le spectacle de la malhonnêteté de l'Etat capitaliste dans les colonies n'avait été aussi édifiant ; jamais le problème de l'esclavage colonial n'avait été posé avec une pareille acuité.

De là une série de révoltes ou de mouvements révolutionnaires dans toutes les colonies. En Europe même, l'Irlande a rappelé par de sanglants combats de rues qu'elle était encore et qu'elle avait conscience d'être un pays asservi. A Madagascar, en Annam, en d'autres lieux, les troupes de la république bourgeoise ont eu plus d'une fois, au cours de la guerre. à mater des insurrections d'esclaves coloniaux. Dans l'Inde, le mouvement révolutionnaire n'a pas cessé un seul jour. Il a abouti en ces derniers temps à des grèves ouvrières grandioses, auxquelles le gouvernement britannique a répondu en faisant intervenir à Bombay les automobiles blindées.

Ainsi la question coloniale est posée dans toute son ampleur non seulement sur le tapis vert du congrès des diplomates à Paris, mais dans les colonies mêmes. Le programme de Wilson a pour but, dans l'interprétation la plus favorable, de changer l'étiquette de l'esclavage colonial. L'affranchissement des colonies n'est concevable que s'il s'accomplit en même temps que celui de la classe ouvrière des métropoles. Les ouvriers et les paysans non seulement de l'Annam, d'Algérie ou du Bengale, mais encore de Perse et d'Arménie, ne pourront jouir d'une existence indépendante que le jour où les ouvriers d'Angleterre et de France, après avoir renversé Lloyd George et Clemenceau, prendront entre leurs mains le pouvoir gouvernemental. Dès à présent, dans les colonies les plus développées, la lutte n'est plus engagée seulement sous le seul étendard de l'affranchissement national, elle prend de suite un caractère social plus ou moins nettement accusé. Si l'Europe capitaliste a entraîné malgré elles les parties les plus arriérées du monde dans le tourbillon des relations capitalistes, l'Europe socialiste à son tour viendra secourir les colonies libérées avec sa technique, son organisation, son influence morale, afin de hâter leur passage à la vie économique régulièrement organisée par le socialisme.

Esclaves coloniaux d'Afrique et d'Asie : l'heure de la dictature prolétarienne en Europe sonnera pour vous comme l'heure de votre délivrance.

Le monde bourgeois tout entier accuse les communistes d'anéantir la liberté et la démocratie politique. Cela est faux. En prenant le pouvoir, le prolétariat ne fait que manifester la complète impossibilité d'appliquer les méthodes de la démocratie bourgeoise et créer les conditions et les formes d'une démocratie ouvrière nouvelle, et plus élevée. Tout le cours du développement capitaliste, en particulier dans la dernière époque impérialiste, a sapé les bases de la démocratie politique, non seulement en divisant les nations en deux classes ennemies irréconciliables, mais encore en condamnant au dépérissement économique et à l'impuissance politique de multiples couches de la petite bourgeoisie et du prolétariat au même titre que les éléments les plus déshérités de ce même prolétariat.

La classe ouvrière des pays où le développement historique l'a permis a utilisé le régime de la démocratie politique pour son organisation contre le capital. Il en sera de même à l'avenir dans les pays où ne sont pas encore réalisées les conditions préliminaires d'une révolution ouvrière Mais les masses de la population intermédiaire, non seulement dans les villages, mais encore dans les villes, sont maintenues par le capitalisme loin en arrière, en retard de plusieurs époques sur le développement historique.

Le paysan de Bavière ou de Bade, encore étroitement attaché au clocher de son village, le petit vigneron français ruiné par la falsification des vins des gros capitalistes, le petit fermier américain obéré et trompé par les banquiers et les députés, toutes ces couches sociales, rejetées par le capitalisme loin de la grande route du développement historique, sont conviées sur le papier par le régime de la démocratie politique à participer au gouvernement de l'Etat. En réalité, dans les questions fondamentales dont dépend la destinée des nations, c'est une oligarchie financière qui gouverne dans les coulisses de la démocratie parlementaire. Il en fut ainsi naguère dans la question de la guerre. Il en est ainsi maintenant dans la question de la paix.

Dans la mesure où l'oligarchie financière se donne encore la peine de faire sanctionner ses actes de tyrannie par des votes parlementaires, l'Etat bourgeois se sert, pour atteindre les résultats désirés, de toutes les armes du mensonge, de la démagogie, de la persécution, de la calomnie, de la corruption, de la terreur, que les siècles passés d'esclavage ont mises à sa disposition et qu'ont multipliées les prodiges de la technique capitaliste.

Exiger du prolétariat que dans sa dernière lutte à mort contre le capital il observe pieusement les principes de la démocratie politique, cela équivaudrait à exiger d'un homme qui défend son existence et sa vie contre des brigands qu'il observe les règles artificielles et conventionnelles de la boxe française, instituées par son ennemi et que son ennemi ne s'en serve pas.

Dans le domaine de la dévastation, où non seulement les moyens de production et de transport, mais encore les institutions de la démocratie politique ne sont plus qu'un amas de débris ensanglantés, le prolétariat est obligé de créer un appareil à lui, qui serve avant tout à conserver la cohésion interne de la classe ouvrière elle-même et qui lui donne la faculté d'intervenir révolutionnairement dans le développement ultérieur de l'humanité. Cet appareil, ce sont les Soviets.

Les anciens partis, les anciennes organisations syndicales se sont manifestés en la personne de leurs chefs, incapables non seulement de décider, mais même de comprendre les problèmes posés par l'époque nouvelle. Le prolétariat a créé un nouveau type d'organisation large, englobant les masses ouvrières indépendamment de la profession et du degré de développement politique, un appareil souple, capable d'un perpétuel renouvellement, d'un perpétuel élargissement, pouvant toujours entraîner dans son orbe des catégories nouvelles et embrasser les couches des travailleurs voisines du prolétariat de la ville et de la campagne. Cette organisation irremplaçable de la classe ouvrière se gouvernant elle-même, luttant et conquérant finalement le pouvoir politique, a été mise dans différents pays à l'épreuve de l'expérience ; elle constitue la conquête et l'arme la plus puissante du prolétariat de notre époque.

Dans tous les pays où les masses travailleuses vivent d'une vie consciente se forment aujourd'hui et se formeront des Soviets de députés ouvriers, soldats et paysans. Fortifier les Soviets, élever leur autorité, les opposer à l'appareil gouvernemental de la bourgeoisie, voilà quel est maintenant le but essentiel des ouvriers conscients et loyaux de tous les pays. Par le moyen des Soviets, la classe ouvrière peut échapper aux éléments de dissolution qui portent dans son sein les souffrances infernales de la guerre, de la famine, de la tyrannie des riches avec la trahison de ses anciens chefs. Par le moyen des Soviets, la classe ouvrière, de la manière la plus sûre et la plus facile, peut parvenir au pouvoir dans tous les pays où les Soviets réuniront autour d'eux la majorité des travailleurs. Par le moyen des Soviets, la classe ouvrière, maîtresse du pouvoir, gouvernera tous les domaines de la vie économique et morale du pays, comme cela se passe déjà en Russie.

La débâcle de l'Etat impérialiste, depuis ses formes tsaristes jusqu'aux plus démocratiques, va de pair avec la débâcle du système militaire impérialiste. Les armées de plusieurs millions d'hommes mobilisés par l'impérialisme n'ont pu tenir qu'aussi longtemps que le prolétariat acceptait le joug de la bourgeoisie. La destruction de l'unité nationale signifie la destruction inévitable des armées. C'est ce qui arriva d'abord en Russie, puis en Allemagne et en Autriche. C'est encore ce qu'il faut attendre dans les autres pays impérialistes. La révolte du paysan contre le propriétaire, de l'ouvrier contre le capitaliste, de tous les deux contre la bureaucratie monarchiste ou « démocratique » entraîne inévitablement la révolte des soldats contre les. officiers, et ensuite une scission caractérisée entre les éléments prolétaires et bourgeois de l'armée elle-même, La guerre impérialiste opposant les nations aux nations s'est changée et se change de plus en plus en guerre civile opposant les classes aux classes.

Les lamentations du monde bourgeois sur la guerre civile et la terreur rouge constituent la plus monstrueuse hypocrisie qu'ai jamais enregistrée l'histoire des luttes politiques. Il n'y aurait pas de guerre civile si les coteries d'exploiteurs qui ont conduit l'humanité au bord de l'abîme ne s'opposaient pas à toute progression des travailleurs, n'organisaient pas des complots et des meurtres et ne sollicitaient pas le secours armé de l'étranger pour conserver ou restaurer leurs privilèges usurpés.

La guerre civile est imposée à la classe ouvrière par ses ennemis mortels. Si elle ne veut pas se suicider et renoncer à son avenir qui est l'avenir de toute l'humanité, la classe ouvrière ne peut pas éviter de répondre par des coups aux coups de ses agresseurs. Les partis communistes ne suscitent jamais artificiellement la guerre civile, s'efforcent d'en diminuer autant que possible la durée toutes les fois qu'elle surgit comme une nécessité inéluctable, de réduire au minimum le nombre des victimes, mais par-dessus tout d'assurer le triomphe du prolétariat. De là découle la nécessité de désarmer à temps la bourgeoisie, d'armer les ouvriers, de créer une armée communiste pour défendre le pouvoir du prolétariat et l'inviolabilité de sa construction socialiste. Telle est l'armée rouge de la Russie soviétique qui a surgi et qui s'élève comme le rempart des conquêtes de la classe ouvrière contre toutes les attaques du dedans et du dehors, Une armée soviétique est inséparable d'un Etat soviétique.

Conscients du caractère universel de leur cause, les ouvriers les plus avancés ont tendu, dès les premiers pas du mouvement socialiste organisé, vers une union internationale de ce mouvement. Les bases en furent posées en 1864 à Londres, par la première Internationale. La guerre franco-allemande, dont est née l'Allemagne des Hohenzollern, faucha la première Internationale et en même temps donna des partis ouvriers nationaux. Dès 1889, ces partis se réunissaient en Congrès à Paris et créaient l'organisation de la II° Internationale. Mais le centre de gravité du mouvement ouvrier était placé entièrement à cette époque sur le terrain national dans le cadre des Etats nationaux, sur la base de l'industrie nationale, dans le domaine du parlementarisme national. Plusieurs dizaines d'années de travail, d'organisation et de réformes ont créé une génération de chefs dont la majorité acceptaient en paroles le programme de la révolution sociale, mais y ont renoncé en fait, se sont enfoncés dans le réformisme, dans une adaptation servile à la domination bourgeoise. Le caractère opportuniste des partis dirigeants de la II° Internationale s'est clairement révélé et a conduit au plus immense krach de l'histoire mondiale au moment précis où le cours des événements historiques réclamait des partis de la classe ouvrière des méthodes révolutionnaires de lutte. Si la guerre de 1870 porta un coup à la Première Internationale en découvrant que derrière son programme social et révolutionnaire il n'y avait encore aucune force organisée des masses, la guerre de 1914 a tué la Deuxième Internationale en montrant qu'au-dessus des organisations puissantes des masses ouvrières se tiennent des partis devenus les instruments dociles de la domination bourgeoise.

Ces remarques ne s'appliquent pas seulement aux social-patriotes qui sont passés nettement et ouvertement dans le camp de la bourgeoisie, qui sont devenus ses délégués préférés et ses agents de confiance, les bourreaux les plu sûrs de la classe ouvrière ; elles s'appliquent encore à la tendance centriste, indéterminée et inconsciente, qui tente de restaurer la II° Internationale, c'est-à-dire de perpétuer l'étroitesse de vues, l'opportunisme, l'impuissance révolutionnaire de ses cercles dirigeants. Le parti indépendant en Allemagne, la majorité actuelle du parti socialiste en France, le parti ouvrier indépendant d'Angleterre et tous les autres groupes semblables essayent en fait de prendre la place qu'occupaient avant la guerre les anciens partis officiels de la II° Internationale. Ils se présentent comme autrefois avec des idées de compromis et d'unité, paralysant par tous les moyens l'énergie du prolétariat, prolongeant la crise et multipliant par là les malheurs de l'Europe. La lutte contre le centre socialiste est la conclusion indispensable du succès de la lutte contre l'impérialisme.

Rejetant loin de nous toutes les demi-mesures, les mensonges et la paresse des partis socialistes officiels caducs, nous, communistes, unis dans la III° Internationale, nous nous reconnaissons les continuateurs directs des efforts et du martyre héroïque acceptés par une longue série de générations révolutionnaires, depuis Babeuf jusqu'à Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg.

Si la première Internationale a prévu le développement à venir et a préparé les voies, si la deuxième Internationale a rassemblé et organisé des millions de prolétaires, la troisième Internationale est l'Internationale de l'action des masses, l'internationale de la réalisation révolutionnaire.

La critique socialiste a suffisamment flagellé l'ordre bourgeois. La tâche du parti communiste international est de renverser cet ordre de choses et d'édifier à sa place le régime socialiste. Nous demandons aux ouvriers et ouvrières de tous les pays de s'unir sous l'étendard du communisme qui est déjà le drapeau des premières grandes victoires prolétariennes de tous les pays. Dans la lutte contre la barbarie impérialiste, contre la monarchie et les classes privilégiées, contre l'Etat bourgeois et la propriété bourgeoise, contre tous les aspects et toutes les formes de l'oppression des classes ou des nations, unissez-vous !

Sous le drapeau des Soviets ouvriers, de la lutte révolutionnaire pour le pouvoir et la dictature du prolétariat, sous le drapeau de la III° Internationale, prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

Quatrième Internationale

La quatrième Internationale est une organisation communiste fondée en 1938 en France par Léon Trotsky, suite à l'exclusion violente de l'Opposition communiste de la IIIe Internationale, à la répression qui s'est abattue sur les opposants en URSS et face au constat qu'il était impossible de militer dans le mouvement communiste désormais verrouillé par la bureaucratie stalinienne.
La Troisième Internationale, sous la direction de la bureaucratie stalinienne avait, à l'avis de Trotsky et ses partisans, abandonné définitivement l'objectif de l'auto-émancipation de la classe ouvrière. Plus que la persécution des trotskistes en URSS, c'est la trahison des Partis communistes locaux notamment en France et en Espagne par le biais de fronts populaires, et leur rôle dans l'échec d'une révolution prolétarienne dans ces pays, qui convainc Trotsky qu'il ne peut plus espérer redresser la Troisième Internationale de l'intérieur1.
Trotsky pensait que la nouvelle internationale devait à terme se trouver à la tête de millions de travailleurs dans le monde, car la nouvelle guerre mondiale allait amener une crise sociale profonde dont le capitalisme ne pourrait pas sortir, en corrélation avec la désintégration du stalinisme en URSS. Mais au sortir de la Seconde guerre Mondiale, l'URSS sort renforcée idéologiquement, politiquement et économiquement, affermissant son pouvoir sur tous les Partis communistes du monde et décuplant son influence. L'histoire de la Quatrième est alors celle de petites organisations, de centaines ou parfois de quelques milliers de personnes, qui réussissent néanmoins à avoir un réel impact sur la vie politique de différents pays, souvent grâce à la chute d'influence progressive des Partis communistes staliniens.
La quatrième Internationale a subi plusieurs scissions au cours de son histoire, la première en 1940 (en France exclusivement), et la principale en 1953 (au plan international). Malgré une réunification en 1963, plusieurs regroupements internationaux se réclament de la quatrième Internationale et de l'héritage trotskiste.

Les prémisses objectives de la révolution socialiste (Programme de transition - Trotsky)

La situation politique mondiale dans son ensemble se caractérise avant tout par la crise historique de la direction du prolétariat.

La prémisse économique de la révolution prolétarienne est arrivée depuis longtemps au point le plus élevé qui puisse être atteint sous le capitalisme. Les forces productives de l'humanité ont cessé de croître. Les nouvelles inventions et les nouveaux progrès techniques ne conduisent plus à un accroissement de la richesse matérielle. Les crises conjoncturelles, dans les conditions de la crise sociale de tout le système capitaliste, accablent les masses de privations et de souffrances toujours plus grandes. La croissance du chômage approfondit, à son tour, la crise financière de l'État et sape les systèmes monétaires ébranlés. Les gouvernements, tant démocratiques que fascistes, vont d'une banqueroute à l'autre.

La bourgeoisie elle-même ne voit pas d'issue. Dans les pays où elle s'est déjà trouvée contrainte de miser son dernier enjeu sur la carte du fascisme, elle marche maintenant les yeux fermés à la catastrophe économique et militaire. Dans les pays historiquement privilégiés, c'est-à-dire ceux où elle peut encore se permettre, pendant quelque temps, le luxe de la démocratie aux dépens de l'accumulation nationale antérieure (Grande-Bretagne, France, États-Unis, etc.), tous les partis traditionnels du capital se trouvent dans une situation de désarroi qui frise, par moments, la paralysie de la volonté. Le New Deal, malgré le caractère résolu dont il faisait étalage dans la première période, ne représente qu'une forme particulière de désarroi, possible seulement dans un pays où la bourgeoisie a pu accumuler des richesses sans nombre. La crise actuelle, qui est encore loin d'avoir dit son dernier mot, a pu déjà montrer que la politique du New Deal aux États-Unis, pas plus que la politique du Front populaire en France, n'ouvre aucune issue dans l'impasse économique.

Le tableau des relations internationales n'a pas meilleur aspect. Sous la pression croissante du déclin capitaliste, les antagonismes impérialistes ont atteint la limite au-delà de laquelle les divers conflits et explosions sanglantes (Éthiopie, Espagne, Extrême-Orient, Europe Centrale...), doivent infailliblement se confondre en un incendie mondial. Bien entendu, la bourgeoisie se rend compte du danger mortel qu'une nouvelle guerre représente pour sa domination. Mais elle est actuellement infiniment moins capable de prévenir la guerre qu'à la veille de 1914.

Les bavardages de toutes sortes selon lesquels les conditions historiques ne seraient pas encore "mûres" pour le socialisme ne sont que le produit de l'ignorance ou d'une tromperie consciente. Les prémisses objectives de la révolution prolétarienne ne sont pas seulement mûres ; elles ont même commencé à pourrir. Sans révolution socialiste, et cela dans la prochaine période historique, la civilisation humaine tout entière est menacée d'être emportée dans une catastrophe. Tout dépend du prolétariat, c'est-à-dire au premier chef de son avant-garde révolutionnaire. La crise historique de l'humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire.

Sous le drapeau de la IV° Internationale (Programme de transition - Trotsky)

Des sceptiques demandent : mais le moment est-il venu de créer une nouvelle Internationale ? Il est impossible, disent-ils de créer une Internationale "artificiellement"; seuls, de grands événements peuvent la faire surgir, etc. Toutes ces objections démontrent seulement que des sceptiques ne sont pas bons à créer une nouvelle Internationale. En général, ils ne sont bons à rien.

La IV° Internationale est déjà surgie de grands événements : les plus grandes défaites du prolétariat dans l'Histoire. La cause de ces défaites, c'est la dégénérescence et la trahison de la vieille direction. La lutte des classes ne tolère pas d'interruption. La Troisième Internationale, après la Deuxième, est morte pour la révolution. Vive la IV° Internationale !

Mais les sceptiques ne se taisent pas : "Est-ce déjà le moment de la proclamer maintenant ?" La IV° Internationale, répondons-nous, n'a pas besoin d'être "proclamée". ELLE EXISTE ET ELLE LUTTE. Elle est faible ? Oui, ses rangs sont encore peu nombreux, car elle est encore jeune. Ce sont, jusqu'à maintenant, surtout des cadres. Mais ces cadres sont le seul gage de l'avenir. En dehors de ces cadres, il n'existe pas, sur cette planète, un seul courant révolutionnaire qui mérite réellement ce nom. Si notre Internationale est encore faible en nombre, elle est forte par la doctrine, le programme, la tradition, la trempe incomparable de ses cadres. Que celui qui ne voit pas cela aujourd'hui reste à l'écart. Demain, ce sera plus visible.

La IV° Internationale jouit dès maintenant de la haine méritée des staliniens, des sociaux-démocrates, des libéraux bourgeois et des fascistes. Elle n'a ni ne peut avoir place dans aucun des Fronts populaires. Elle s'oppose irréductiblement à tous les groupements politiques liés à la bourgeoisie. Sa tâche, c'est de renverser la domination du capital. Son but, c'est le socialisme. Sa méthode, c'est la révolution prolétarienne.

Sans démocratie intérieure, il n'y a pas d'éducation révolutionnaire. Sans discipline, il n'y a pas d'action révolutionnaire. Le régime intérieur de la IV° Internationale est fondé sur les principes du centralisme démocratique : liberté complète dans la discussion, unité complète dans l'action.

La crise actuelle de la civilisation humaine est la crise de la direction du prolétariat. Les ouvriers avancés réunis au sein de la IV° Internationale montrent à leur classe la voie pour sortir de la crise. Ils lui proposent un programme fondé sur l'expérience internationale de la lutte émancipatrice du prolétariat et de tous les opprimés du monde. Ils lui proposent un drapeau que ne souille aucune tache.
Ouvriers et ouvrières de tous les pays, rangez-vous sous le drapeau de la Quatrième Internationale !
C'est le drapeau de votre victoire prochaine !

Le programme de la IV° Internationale. (Des révolutions socialistes victorieuses peuvent seules empêcher la troisième guerre mondiale)

Cette conférence de la IV° Internationale se réunit après que la prétendue « Organisation des Nation Unies » a ajourné ses sessions à Londres et pendant que des préparatifs sont faits pour tenir la conférence « de la Paix » en session secrète à Paris. La conférence de l'O.N.U. a été marquée par les heurts entre les représentants de l'impérialisme américain et anglais d'une part, et ceux de la bureaucratie stalinienne d'autre part. Les soucis hypocrites du sort des petites nations ont servi à masquer les heurts. Le « travailliste » Bevin gémit sur le sort de l'Iran, de la Roumanie et de la Bulgarie entre les mains du Kremlin tout en continuant à poursuivre intégralement la politique superimpérialiste de Churchill dans l'Empire britannique et en Grèce. Vichinsky, le représentant de la bureaucratie staliniste, gémit sur le sort de la Grèce et de l'Indonésie dans les mains de la Grande‑Bretagne, pendant que le Kremlin violente la conscience des ouvriers du monde entier par ses actions honteuses en Europe occidentale et en Asie. Deux bureaucrates hissés au pouvoir sur les épaules des travailleurs jouent le jeu de « maîtres du monde », selon les règles établies par la diploma tie impérialiste pourrie. L'O.N.U. a même élu le « socialiste » Spaak de Belgique comme président et le « travailliste » Lie de Norvège comme secrétaire général. Mais rien dans ce camouflage « de gauche » ne peut dissimuler le fait que l'O.N.U. est tout simplement une nouvelle édition de cette Société des Nations impérialiste que Lénine baptisa de « caverne de brigands ». Pas un seul acte de cette assemblée ne soulève le moindre enthousiasme dans les masses du monde entier. Tous les peuples suivirent ses débats avec peur et appréhension et dans le meilleur des cas avec apathie. Personne n'exprima l'espoir qu'elle résoudrait l'un quelconque des problèmes qui se posent à l'humanité. Elle ne fut acceptée, en démenti complet de son propre nom, que comme une nouvelle arène, de combat des puissances aux prises. La Conférence de la « Paix » de Paris n'est pas envisagée avec plus d'optimisme.

Pendant même que les diplomates se font obstruction les uns aux autres à Londres et à Paris, l'orage révolutionnaire s'amoncelle aux Indes et en Egypte. Les événements qui s'y déroulent y suivent le modèle tracé non par le programme de l'O.N.U., ou d'un quelconque de ses participants, mais par celui de la IV° Internationale. C'est pourquoi nous pouvons dire avec assurance que les délibérations de notre Conférence sont d'une importance infiniment plus grande que celles de « l'Internationale » bourgeoise, en dépit de sa façade imposante et de tout le camouflage « ouvrier » que lui confèrent les traîtres du réformisme et du stalinisme.

Cette conférence de la IV° Internationale en appelle à tous les ouvriers, à tous les exploités et à tous les opprimés, non pour désespérer devant l'½uvre de leurs maîtres mais pour engager la lutte contre ceux‑ci, Non pour dédaigner simplement leurs mauvais guides, mais pour leur imposer leur propre volonté. Les maîtres actuels du monde brandissent la menace de l'épouvantable bombe atomique pour intimider le genre humain. Mais ils oublient que les bombes atomiques elles aussi ont besoin de mains ouvrières pour être produites. Ils oublient qu'il faudra des travailleurs en uniforme pour manier ces armes redoutables. Des ouvriers emplis de défiance contre leurs patrons avides, sauront faire grève dans les usines de bombes atomiques aussi bien qu'en d'autres lieux de la production. Les soldats remplis de haine pour leurs dirigeants impérialistes sauront prévenir l'emploi de cette arme d'auto‑destruction. Ils n'auront besoin que d'être conscients de la puissance de la solidarité mondiale du prolétariat et de son objectif révolutionnaire socialiste. C'est la seule voie pour faire face à la menace de la bombe atomique.

En appelant le prolétariat international à l'action, la Conférence Mondiale de la IV° Internationale salue avant tout la lutte héroïque des masses indiennes et égyptiennes qui sont entrées dans la voie du renversement révolutionnaire de l'impérialisme britannique. Elle note avec satisfaction dans ces soulèvements de masse les indices déjà évidents que la tentative de l'impérialisme américain de mettre à profit les difficultés de son rival britannique, se heurte à une hostilité ouverte et à une résistance manifeste. Elle met en garde contre les efforts de la bourgeoisie coloniale liée à l'impérialisme par ses intérêts capitalistes, pour freiner la lutte et la trahir. Pas de confiance en Gandhi, Nehru, Patel et consorts ! La lutte de l'Inde, de l'Egypte, de l'Indonésie, de l'Indochine et de tous les autres peuples coloniaux pour l'indépendance nationale, pour la libération totale de l'oppression impérialiste, ne peut triompher que dans un combat intransigeant contre les oppresseurs. Seule la jeune classe ouvrière appuyée par les masses paysannes peut conduire la lutte à son achèvement victorieux !

Formez vos propres conseils d'ouvriers et de paysans pour diriger la lutte ! Emparez‑vous des terres pour ceux qui les cultivent ! Instaurez le contrôle des usines par les comités ouvriers ! Ne permettez pas aux dirigeants bourgeois et aux traîtres staliniens de passer un compromis avec l'impérialisme ! Exigez la convocation immédiate d'une Assemblée Constituante où s'exprimeront librement la volonté du peuple et son droit à se gouverner à sa guise !

La lutte des masses coloniales pour la liberté n'est qu'une partie de la lutte des ouvriers d'Angleterre, d'Europe, d'Amérique contre les mêmes maîtres impérialistes. La IV° Internationale appelle les ouvriers des grandes métropoles à se rassembler pour la défense des masses coloniales: bas les pattes devant la révolution indienne ! Bas les pattes devant la révolution en Indochine, en Indonésie, en Egypte, en Extrême Orient et dans le Proche Orient ! Ainsi doit se faire entendre la voix résolue des ouvriers d'Angleterre, d'Amérique, de l'Europe contre les manigances de leurs maîtres capitalistes !

Au moment où l'oppression dans les vieilles colonies se heurte à la rebellion, les maîtres impérialistes, en accord avec la bureaucratie du Kremlin, s'efforcent d'imposer la même sorte d'oppression et de rapine sur les masses ces nations impérialistes vaincues : Allemagne, Japon, Italie.

La IV° Internationale appelle les travailleurs des nations « démocratiques » à se dresser contre ces plans réactionnaires. Contre les mensonges chauvins qui tentent de faire retomber la responsabilité de la guerre de tous les impérialismes sur les épaules des prolétaires d'Allemagne, du Japon et d'Italie, la IV° Internationale appelle les ouvriers américains, anglais et européens à manifester leur solidarité, de classe envers les travailleurs des pays vaincus. Retrait des troupes d'Allemagne, du Japon et d'Italie ! Pleine liberté d'expression, de presse, de réunion ! Elections libres !

Ce n'est qu'en dressant ces revendications contre les oppresseurs impérialistes et leurs acolytes du Kremlin que les ouvriers des nations « alliées » pourront gagner les masses allemandes, japonaises et italiennes à leurs buts communs « Les Etats Unis Socialistes d'Europe et du Monde ».

Dans tous les pays il faut résister à l'inflation déchaînée et à l'énorme programme d'impôts, au moyen desquels les capitalistes du monde entier s'efforcent de reporter le fardeau de leur dette de guerre sur les épaules des travailleurs, par une contre‑offensive des masses dirigée par la classe ouvrière. La IV° Internationale appelle les ouvriers à sa défense en déclenchant la lutte sous les mots d'ordre suivants:

Echelle mobile des salaires pour faire face au coût montant de la vie ! Taxez les riches, non les pauvres. Confiscation des profits de guerre des grandes sociétés !

En même temps, la bourgeoisie prémédite de se débarrasser du fardeau de la dépression qui approche, en rejetant des millions d'hommes hors de la production, de démoraliser ainsi les prolétaires et de les dresser les uns contre les autres. La IV° Internationale appelle les ouvriers à combattre les plans de dépression des capitalistes sous les mots d'ordres :

Echelle mobile des heures de travail ! Division du travail entre tous ceux qui sont aptes au travail ! Réduction de la semaine de travail sans réduction de salaire !

La guerre a révélé les prodigieux exploits de production dont l'industrie moderne était capable. Mais en régime capitaliste tous ces grands efforts productifs ne servent qu'à la guerre et à la destruction. La guerre finie, les usines ferment leurs portes. Le capitalisme ne peut pas produire pour la paix. La IV° Internationale fait appel aux ouvriers de tous les pays pour qu'ils exigent :

Ouverture des usines fermées ! Mise en marche de celles‑ci sous le contrôle ouvrier ! En réponse aux jérémiades de la bourgeoisie selon lesquelles ces mesures « mineraient » l'économie, la IV° Internationale appelle les ouvriers à revendiquer : Remise des livres des trusts à l'inspection des comités ouvriers !

Abolition des secrets commerciaux ! C'est de cette manière que seront révélée à tous le vol et le pillage du capitalisme des monopoles.

En Grande‑Bretagne, en France, dans les autres pays d'Europe occidentale, la radicalisation des masses a contraint les capitalistes de monopoles et leurs trusts à une position défensive. Aux exigences croissantes pour la socialisation de l'industrie, le gouvernement travailliste et les coalitions des socialistes‑réformistes et les stalinistes avec les partis bourgeois, répondent par des « nationalisations » qui laissent intacts les profits capitalistes. Les monopoles se trouvent ainsi en état d'utiliser de telles « nationalisations » comme couverture pour accroître leur emprise sur l'économie. La IV° Internationale met en garde contre ces mesures illusoires et appelle les ouvriers a exiger: Des nationalisations sans indemnité ni rachat ! Le contrôle ouvrier sur les industries nationalisées !

Pour réaliser ces mesures indispensables sans lesquelles il n'y a pas moyen d'empêcher la crise mondiale de plonger l'humanité plus avant dans l'agonie du capitalisme, les organisations ouvrières doivent rompre avec les partis capitulards et poursuivre une politique de classe indépendante. C'est pourquoi la IV° Internationale appelle les masses a exiger de leurs organisations traditionnelles :

Rompez la coalition avec les capitalistes ! Prenez tout le pouvoir ! Formez des gouvernements ouvriers et paysans ! Appliquez un véritable programme anti‑capitaliste sous le contrôle et la protection des ouvriers et des paysans !

La IV° Internationale avance ces mots d'ordre tout en participant acti vement aux luttes quotidiennes des masses, en partageant leurs expériences et en tirant les leçons de celles-ci. Au cours de cette lutte commune, les partis de la IV° Internationale déploient leur programme total, le programme de la révolution socialiste et l'instauration de républiques ouvrières libres, dans une fédération mondiale d'Etats socialistes. Dans la lutte pour ce programme, la IV° Internationale appelle les ouvriers a combattre le chauvinisme aussi bien du type réformiste que, du type staliniste. Dans les pays d'Europe orientale en particulier, elle appelle les ouvriers à combattre le chauvinisme féroce du Kremlin par la fraternisation avec les troupes de l'Armée Rouge. Pour combattre la politique bureaucratique et réactionnaire, de pillage et de rapine, ils doivent, développer leur mouvement indépendant de conseils d'ou vriers et de paysans, pour imposer la socialisation de l'industrie et la division des terres entre les paysans pauvres, pour lutter pour leurs droits démocra tiques et pour le droit de toutes les nationalités à disposer d'elles‑mêmes. Afin de lutter victorieusement pour ces revendications, les travailleurs d'Europe orientale uniront leurs forces aux travailleurs de l'Union Soviétique pour ren verser la bureaucratie réactionnaire de Staline et établir une véritable démocratie soviétique dans l'Etat ouvrier.

En opposition aux sociaux réformistes et, aux stalinistes, la IV° Interna tionale n'édifie pas sa politique sur la base des desseins militaires et diploma tiques des États capitalistes mais sur les besoins criants des ouvriers, des exploités, des opprimés, Son programme est le programme de l'émancipation totale du prolétariat de !'exploitation capitaliste, des peuples coloniaux du joug impérialiste, des masses du cancer de la bureaucratie para lysante. La IV° Internationale ne soutient aucun des régimes existants. Elle appelle les ouvriers à renverser ces régimes et à édifier leur propre pouvoir. Le renversement du capitalisme et l'établissement du pouvoir ouvrier est une tâche qui ne peut être remplie qu'à l'échelle mondiale.

Seuls des Etats Socialistes Unis dans une Fédération Mondiale de Républiques Socialistes peuvent bannir la guerre pour toujours organiser la production pour les besoins de l'humanité et assurer l'abondance pour tous et créer une société d'hommes libres et égaux.

Seule une Fédération Socialiste Mondiale peut transformer l'énergie atomique qui menace à présent d'annihiler le genre humain en un bienfait sans précédent pour le progrès de l'humanité.

Tel est notre programme.
Travailleurs du monde entier, il n'y a pas d'autre issue que de s'unir sous le drapeau de la IV° Internationale !

Bruxelles, avril 1946
La Conférence Internationale de la IV° Internationale, Parti mondial de la Révolution Socialiste.

Comité pour une Internationale ouvrière

Le Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) est une internationale se réclamant des idées de Marx, d'Engels, de Lénine et de Trotsky ainsi que sur les principales décisions des quatre premiers Congrès de fondation de la IIIe Internationale et des documents du Mouvement marxiste depuis 1938. Se réclamant du trotskisme, elle se considère comme l'embryon de la future Quatrième Internationale considérée comme dégénérée. Son but est de former des partis révolutionnaires de masse à l'échelle mondiale. Elle possède des sections dans une trentaine de pays sur les cinq continents.
Le CIO est fondé en 1974 à l'initiative de la Militant Tendency, organisation trotskiste pratiquant l'entrisme dans le Labour Party britannique. A l'origine, la Militant Tendency groupée autour de Ted Grant et Peter Taaffe, décide de pratiquer l'entrisme au sein du Labour Party afin d'éviter l'isolement des masses. En effet, celle-ci considère que la croissance économique et les conquêtes sociales obtenues jusque après la seconde guerre mondiale a permis à la social-démocratie de rester crédible, du moins temporairement, auprès de la classe ouvrière. Il s'agit de ne pas s'isoler et de travailler politiquement là où les masses ouvrières se trouvent afin de dénoncer le rôle réactionnaire ses directions pro-capitalistes. Grâce à de nombreuses rencontres internationales des jeunesses socialistes, la Militant Tendency parvient à se créer des groupes correspondants dans divers pays européens et du monde entier comme la Suède, le Sri Lanka ou l'Irlande. C'est en 1974 que se formalisa ces liens avec la création du CIO. Ces groupes travailleront au sein du Socialistische Partij en Belgique néerlandophone sous le nom de Vonk (étincelle), au sein du Pakistan Peoples Party de Zulfikar Alî Bhutto au Pakistan ou encore du Congrès national africain en Afrique du Sud.

L'histoire du Comité pour une Internationale Ouvrière (Tiré du site de Gauche Révolutionnaire courant du Nouveau Parti Anticapitaliste)

Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C'est pourquoi la Gauche révolutionnaire fait partie d'une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en France s'inscrit dans le cadre d'une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l'arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C'est d'ailleurs l'isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

Le CIO est une organisation socialiste internationale qui comprend des sections dans environ quarante pays sur tous les continents.

Lors du Congrès de fondation du CIO en avril 1974, quatre sections existaient alors (Grande-Bretagne, Allemagne, Irlande et Suède) et des membres étaient présents de Belgique, d'Inde, d'Espagne et du Sri Lanka, des pays où aucune section n'existait encore.
Au moment de notre neuvième Congrès Mondial (en janvier 2007), des représentants de sections du CIO de tous les continents étaient là : d'Allemagne, d'Angleterre et Pays de Galles, d'Australie, d'Autriche, de Belgique, du Brésil, du Cachemire, du Chili, de Chypre, d'Ecosse, des Etats-Unis, de France, de Grèce, d'Inde, d'Irlande, d'Israël, d'Italie, du Kazakstan, de Malaisie, du Pakistan, des Pays-Bas, de Pologne, du Portugal, de Russie, du Sri Lanka, de Suède, de Tchéquie, d'Ukraine et du Venezuela.

Les origines du CIO sont ancrées dans la lutte menée par Léon Trotsky contre la progression du Stalinisme. L'isolement de l'Union soviétique combinée à l'arriération du pays héritée du tsarisme a permis l'émergence du régime totalitaire stalinien. La lutte de Trotsky et de ses partisans contre ce régime a conduit à la fondation de la Quatrième Internationale, organisation internationale créée pour la défense de la démocratie ouvrière et du socialisme. Peu de temps après la fondation de la Quatrième Internationale a éclaté la seconde guerre mondiale et de nombreux militants, dont Trotsky lui-même, ont été assassinés tant par les fascistes que par les staliniens.



La dégénérescence de la Quatrième Internationale

Après la guerre, les dirigeants de la Quatrième Internationale survivants ont été confrontés à d'énormes difficultés dans la compréhension des changements qui étaient survenus dans la situation mondiale. Ils n'ont pas réussi à saisir le caractère de la croissance économique d'après-guerre en Occident, ni à comprendre les raisons du renforcement du stalinisme en Russie et en Europe de l'Est. Cette incompréhension s'est également vue dans l'analyse des révolutions du monde néo-colonial ainsi que dans l'analyse du rôle décisif de la classe ouvrière dans le changement de société.

En effet, la longue croissance économique exceptionnelle de l'après-guerre amena de substantielles améliorations dans le niveau de vie de la classe ouvrière, tout au moins dans les pays capitalistes développés. Beaucoup de 'marxistes' en tirèrent un peu vite la conclusion que les travailleurs salariés s'étaient 'embourgeoisés', et ne pouvaient dès lors plus constituer le moteur d'un changement socialiste de société. Ce fatalisme les poussa vers la recherche de nouvelles forces sociales pouvant se substituer au mouvement ouvrier.

Sous l'impulsion des mouvements de libération nationale qui explosèrent dans le monde colonial et semi-colonial (Asie, Afrique, Amérique Latine) dans les années'50 et '60, les dirigeants de la Quatrième Internationale glissèrent vers un soutien acritique à la direction - souvent fortement influencée par le stalinisme - de ces mouvements. Les mouvements à prédominance paysanne et les méthodes de guérilla furent ainsi érigés en modèles, tandis que l'épicentre de la révolution mondiale fut déplacé vers le monde colonial et semi-colonial. Mao Zedong (en Chine), Fidel Castro (à Cuba) ou Hô Chi Minh (au Vietnam) furent ainsi présentés comme des «trotskistes inconscients», pendant que le réveil de la classe ouvrière en Europe, exprimé à merveille par l'immense grève générale des travailleurs français en mai'68, prit de court les dirigeants de la Quatrième Internationale, aveuglés par des perspectives erronées.

Une série d'erreurs politiques de ce type eurent comme conséquence l'effondrement de l'organisation et un fractionnement de celle-ci dans des dizaines de groupes différents.

Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) puise quant à lui ses racines chez des troskistes britanniques qui n'ont pas ignoré la nouvelle situation, mais n'ont pas cherché à l'exploiter de façon opportuniste pour obtenir des succès faciles ou chercher des raccourcis. Nous ne nous sommes pas non plus limités à l'analyse de la situation, mais avons cherché sans cesse à intervenir autant que possible dans les luttes pour diffuser les idées du marxisme parmi les travailleurs et la jeunesse.

Notre organisation a pendant longtemps été très petite et uniquement active en Grande-Bretagne ; pour autant, nous avons toujours conservé et exprimé sur le terrain une attitude internationaliste intransigeante. Dès ses débuts, notre journal anglais «The Militant» consacrait un nombre significatif de ses colonnes à la couverture des luttes au niveau international. Nous avons ainsi gagné davantage de militants, établi des contacts successifs dans d'autres pays, et à la fin des années '60, la possibilité de mettre en place les fondations qui ont été à la base de la création et de la croissance ultérieure du Comité pour une Internationale Ouvrière.



L'entrisme

Pour construire ses forces, le CIO a appliqué différentes tactiques à différents stades de son évolution, en fonction des conditions objectives du moment, tout en maintenant à tout moment une orientation consciente vers le mouvement ouvrier, en particulier vers ses couches les plus combatives.

Avant que la vague néo-libérale des années '80, puis le tournant majeur représenté par la chute du stalinisme dans les années '90, ne viennent affecter durablement la composition et le programme des partis sociaux-démocrates, ces derniers exerçaient encore une grande attraction sur un nombre important de travailleurs et de jeunes. Les partis sociaux-démocrates correspondaient typiquement à la définition que donnait Lénine de «partis ouvriers bourgeois» : des partis ouvriers de masse, bien que dominés par une direction réformiste et bureaucratique. A la base, les rangs de la social-démocratie comprenaient encore beaucoup de travailleurs activement engagés pour le parti, et étaient encore traversés de vifs débats politiques. Celui qui voulait être actif dans le mouvement ouvrier pouvait difficilement passer à côté de cette réalité.

La tâche des révolutionnaires demande d'être en contact le plus étroit possible avec les travailleurs. Par conséquent, les militants du CIO étaient d'avis qu'il était préférable de militer à l'intérieur même de la social-démocratie, en défendant conséquemment et ouvertement un programme marxiste, plutôt que de s'isoler en dehors de ces partis. A l'inverse d'autres groupes, cette tactique d'«entrisme» dans la social-démocratie n'a jamais été pour nous une panacée, ou un prétexte pour succomber aux idées réformistes et masquer le programme révolutionnaire. Bien au contraire, nous avons toujours mené notre travail drapeau déployé, défendant nos positions marxistes dans le but de combattre l'influence exercée par la direction bureaucratique sur ces partis d'une part, afin de gagner les travailleurs et les jeunes organisés dans ces partis à nos positions d'autre part. C'est ainsi que nous avons par exemple acquis une solide base de soutien au sein des Jeunesses Socialistes du Labour Party en Angleterre dans les années '70, ou de celle du SP en Flandre dans les années '80.

Pourtant, dès le milieu des années '80, mais surtout après la chute du mur de Berlin, la situation a commencé à tourner. La chute des régimes staliniens a ouvert la voie à une offensive idéologique majeure de la part des représentants du capitalisme, et a servi d'excuse aux dirigeants des organisations de la social-démocratie pour retourner définitivement leurs vestes. Les idées de lutte, de solidarité et de socialisme furent mises de côté au profit d'une adhésion aux principes du libre-marché. La trahison des directions ouvrières traditionnelles a laissé place à un vide et à la confusion politique.

Dans ces conditions, l'idée selon laquelle les travailleurs et les jeunes en lutte se dirigeraient en premier lieu vers la social-démocratie devenait de plus en plus invraisemblable. C'est pourquoi petit à petit, la plupart des sections du CIO ont opté pour la création d'organisations révolutionnaires indépendantes et ouvertes, tout en appelant, dès le début des années '90, à la formation de nouveaux partis larges des travailleurs, sur base de l'analyse de cette bourgeoisification des anciens partis ouvriers.



Liverpool et la lutte contre la Poll Tax

Un élément important dans le développement de quasiment toutes nos sections est notre engagement dans les différentes formes de lutte. Notre rôle n'a d'ailleurs pas seulement été limité à une participation active aux luttes car dans beaucoup de cas, notre organisation a su jouer un rôle crucial.

Les mouvements de lutte les plus importants que nous avons eu à diriger jusqu'à présent se sont déroulés en Grande-Bretagne, notamment contre Margaret Thatcher lorsqu'elle était Premier ministre. Au milieu des années '80, nos camarades (dont l'organisation s'appelait à ce moment-là Militant) ont dirigé la lutte de la commune de Liverpool contre les plans d'assainissement, une lutte accompagnée d'actions de grève et de manifestations massives. Plus tard, nous avons aussi été fortement impliqués dans la campagne contre la Poll Tax (un impôt introduit par Thatcher mais rejeté en masse par la population). Une campagne massive de désobéissance civile avait été organisée à tel point que 18 millions de personnes n'ont pas payé la Poll Tax. Les manifestations ont rassemblé jusqu'à 250.000 personnes. Grace à cela Thatcher a été contrainte de retirer cette taxe et même de prendre la porte.

Cette lutte avait été organisée en opposition à la direction du Labour Party (le parti travailliste) et à la plupart des dirigeants syndicaux. A Liverpool, ils ont même appelé les Conservateurs en soutien pour combattre la protestation. Avec la Poll Tax, ils n'ont pas réussi à en faire autant. Notre lutte contre les dirigeants pro-capitalistes du mouvement ouvrier a toujours été une donnée importante dans le développement de notre organisation.

Mais ce genre de lutte est bien plus difficile dans beaucoup de pays tels que la Grèce, l'Espagne, l'Afrique du Sud et la Suède. La direction des organisations ouvrières établies avait peur d'une répétition du succès rencontré en Grande Bretagne où, durant plus de 15 ans, nous avons pu diriger les sections jeunes du parti travailliste et où, dans les années '80, nous avons pu faire élire trois camarades au parlement sous le slogan : «un parlementaire ouvrier à un salaire d'ouvrier».

Le Comité pour une Internationale Ouvrière a toujours été impliqué dans différents domaines des luttes. Parfois, nous avons même été les précurseurs autour de nouveaux thèmes, comme pour une campagne contre la violence domestique. D'autres initiatives ont également été très importantes, comme la fondation de «Youth against Racism in Europe» («Jeunes contre le racisme en Europe», en Belgique : «Blobuster» et «Résistance Internationale»), une organisation anti-fasciste internationale qui avait organisé une manifestation européenne à Bruxelles en octobre 1992 à laquelle 40.000 manifestants avaient participé.

À côté de nos campagnes sur les lieux de travail et dans les quartiers, les membres du CIO participent aussi aux élections. Dans se cadre là, nous insistons sur le fait que les élus du CIO participent activement aux mouvements de lutte et gagnent un salaire identique à celui des travailleurs qui les ont élus. En ce moment, différents membres du CIO sont élus dans des conseils communaux en Grande Bretagne, en Irlande, en Suède et en Allemagne. Jusqu'il y a peu, nous avons également eu un député au parlement irlandais, Joe Higgins.



Lutter contre les dictatures et la division de la classe ouvrière

Dans d'autres pays, nous avons activement contribué à la lutte contre les dictatures, comme lorsque nous nous sommes impliqués pour la construction de syndicats combatifs en Afrique du Sud à l'époque du régime de l'apartheid. D'autres camarades ont clandestinement milité au Chili contre le régime de Pinochet. Au Nigéria, après l'annulation des élections présidentielles de 1993 par les généraux, l'opposition démocratique a soutenu l'appel de nos camarades pour une grève générale.

Dans certains pays, nous avons été confrontés à des situations extrêmement difficiles. Ainsi nos camarades d'Irlande du Nord et du Sri Lanka ont dû s'opposer à la division nationale ou religieuse. Nous avons toujours défendu la nécessité de l'unité des travailleurs dans les luttes et la résistance contre la répression d'Etat. Nous avons été les seuls dans la gauche à défendre une position constante et principielle à propos de la question nationale en partant des intérêts de la classe ouvrière dans son ensemble.

La chute de l'Union Soviétique a conduit à une situation mondiale fondamentalement différente et a eu d'énormes répercussions sur toutes les organisations politiques. Face à ces évènements, bon nombre d'organisations et d'individus ont été désorientés, confus, et ont abandonné la lutte pour le socialisme en capitulant face à l'idéologie de la classe dominante. Le CIO a analysé et tenté de comprendre la signification de la chute du bloc de l'Est : entre autres le renforcement de la position de l'impérialisme américain et le virage à droite de nombreuses organisations ouvrières. Mais nous avons toujours défendu la nécessité du socialisme comme seule alternative au capitalisme et avons toujours cherché à l'expliquer le plus largement possible.

Le CIO a utilisé la méthode d'analyse marxiste pour approfondir la compréhension des événements et des processus qui se sont développés depuis les années '90. Contrairement à beaucoup d'autres groupes de gauche, nous avons ainsi non seulement pu conserver nos membres au cours des très dures années '90, mais nous avons en outre beaucoup renforcé nos organisations ainsi que gagné de nouvelles forces dans différentes régions du monde. La nouvelle période qui se trouve face à nous aujourd'hui va nous permettre de mettre bien plus en avant le précieux héritage que nous avons préservé dans ces années bien difficiles.



Rejoignez le CIO !

Mais la construction de nos propres forces ne nous a pas empêché d'avoir des discussions avec d'autres groupes pour, si possible, mener des actions en commun. Si ces discussions conduisent à un accord politique sur les principes fondamentaux, une organisation commune peut alors naître, comme cela s'est passé notamment en Belgique ou en France au cours des années '90.

Le CIO est ouvert à toute personne qui veut lutter pour un monde meilleur, un monde socialiste, et qui est ouverte à discuter de nos idées. Nous avons toujours été préparés à discuter avec différents groupes et individus qui ont acquis une autre expérience que la nôtre dans les différentes luttes et qui veulent construire un mouvement socialiste.

Alors si vous êtes intéressés par les idées du CIO, n'hésitez pas à nous contacter et à nous rejoindre!

La Quatrième Internationale est elle même divisé en plusieurs courants : Secrétariat Unifié (dont l'ex-LCR était membre), Ligue Internationale des Travailleurs (membre français :Groupe Socialiste Internationaliste),Fraction Trotskiste (sympathisant français : tendance CLAIRE du NPA), Union Communiste Internationaliste (Lutte Ouvrière), Communistes Internationalistes (membre français :Courant Communiste Internationaliste, intégré au Parti ouvrier indépendant), Mouvement Socialiste des Travailleurs-International (membre français : courant La Commune du NPA)
​ 0 |
​
0 | Partager
Commenter

Commenter

L'auteur de ce blog n'accepte que les commentaires de ses amis.

Tu n'es pas identifié.Clique ici pour poster un commentaire en étant identifié avec ton compte Skyrock et un lien vers ton blog ainsi que ta photo seront automatiquement ajoutés à ton commentaire.

#Posté le lundi 07 septembre 2009 06:52

Principes du communisme (Friedrich Engels)

I. QU'EST-CE QUE LE COMMUNISME?


Le communisme est l'enseignement des conditions de la libération du prolétariat.



II. QU'EST-CE QUE LE PROLETARIAT?


Le prolétariat est la classe de la société qui tire sa subsistance exclusivement de la vente de son travail, et non de l'intérêt d'un capital quelconque, dont les conditions d'existence et l'existence même dépendent de la demande de travail, par conséquent de la succession des périodes de crise et de prospérité industrielle, des oscillations d'une concurrence sans frein. Le prolétariat, ou la classe des ouvriers, est, en un mot, la classe laborieuse de l'époque actuelle.



III. N'Y A-T-IL DONC PAS EU DE TOUT TEMPS DES PROLETAIRES?


Non. Il y a toujours eu des classes pauvres et laborieuses, et les classes laborieuses étaient la plupart du temps pauvres. Mais des pauvres, des ouvriers vivent dans les conditions que nous venons d'indiquer, donc des prolétaires, il n y en a pas toujours eu, pas plus que la concurrence n'a toujours été libre et sans frein.



IV. COMMENT EST APPARU LE PROLETARIAT?


Le prolétariat est apparu à la suite de la révolution industrielle, qui s'est produite en Angleterre au cours de la seconde moitié du dernier siècle et qui s'est répétée depuis dans tous les pays civilisés du monde. Cette révolution industrielle a été provoquée par l'invention de la machine à vapeur, des différentes machines à filer, du métier à tisser mécanique et de toute une série d'autres appareils mécaniques. Ces machines, qui étaient chères et que seuls, par conséquent, les gros capitalistes pouvaient se procurer, transformèrent complètement tout l'ancien mode de production et éliminèrent les anciens artisans, du fait qu'elles fabriquaient les marchandises mieux et à meilleur marché que les artisans ne pouvaient le faire avec leurs rouets et leurs instruments grossiers. C'est ce qui explique pourquoi l'introduction des machines mit complètement l'industrie aux mains des gros capitalistes et enleva toute valeur à la petite propriété artisanale (instruments, métiers, etc.), de sorte que les capitalistes eurent bientôt tout entre leurs mains et que les ouvriers n'eurent plus rien. Le système de la fabrique fut d'abord introduit dans l'industrie de l'habillement. Puis la première impulsion une fois donnée, ce système s'étendit très rapidement à toutes les autres branches d'industrie, notamment à l'imprimerie, à la poterie, à la métallurgie. Le travail fut de plus en plus réparti entre les différents ouvriers, de telle sorte que l'ouvrier, qui faisait jusqu'alors un travail entier, ne fit plus désormais qu'une partie de ce travail. Grâce à cette division du travail, les produits purent être fabriqués plus rapidement, par conséquent à meilleur marché. Elle réduisit l'activité de chaque ouvrier à un geste mécanique très simple, constamment répété, qui pouvait être fait non seulement aussi bien, mais même mieux par une machine. Toutes les branches de la production tombèrent l'une après l'autre sous la domination du machinisme et de la grande industrie, tout comme le tissage et le filage. Le résultat fut qu'elles tombèrent complètement entre les mains des gros capitalistes, et que les ouvriers y perdirent ce qui leur restait encore d'indépendance. Peu à peu, outre la manufacture proprement dite, l'industrie artisanale tomba de plus en plus sous la domination de la grande industrie, du fait qu'ici aussi de gros capitalistes, en installant de grands ateliers, où les frais généraux étaient moindres et où le travail pouvait être également divisé, éliminèrent peu a peu les petits producteurs indépendants. C'est ce qui explique pourquoi, dans les pays civilisés, presque toutes les branches de la production ont été incorporées dans le système de la grande industrie et pourquoi, dans toutes les branches d'industrie, la production artisanale et la production manufacturière sont éliminées par la grande industrie. C'est ce qui explique également la ruine, de jour en jour plus prononcée, de l'ancienne classe moyenne, artisanale, la transformation complète de la situation des ouvriers et la constitution de deux nouvelles classes, qui englobent peu à peu toutes les autres, à savoir:


l) la classe des gros capitalistes, qui sont déjà, dans tous les pays civilisés, en possession exclusive de tous les moyens d'existence et des matières premières et instruments (machines, fabriques) nécessaires à la production des moyens d'existence—c'est la classe des bourgeois, ou bourgeoisie;


2) la classe de ceux qui ne possèdent rien, et qui sont obligés de vendre leur travail aux bourgeois pour recevoir d'eux les moyens de subsistance nécessaires à leur entretien—c'est la classe des prolétaires, ou prolétariat.



V. DANS QUELLES CONDITIONS SE REALISE CETTE VENTE DU TRAVAIL DES PROLETAIRES A LA BOURGEOISIE ?


Le travail est une marchandise comme une autre, et son prix est, par conséquent, fixé exactement d'après les mêmes lois que celui de toute autre marchandise. Le prix d'une marchandise, sous le règne de la grande industrie, ou de la libre concurrence—ce qui revient au même comme nous aurons l'occasion de le voir—est en moyenne toujours égal au coût de production de cette marchandise. Le prix du travail est donc, lui aussi, égal au coût de production du travail. Mais le coût de production du travail consiste précisément dans la quantité de moyens de subsistance nécessaires pour mettre l'ouvrier en état de continuer à travailler et ne pas laisser mourir la classe ouvrière. L'ouvrier ne recevra donc, pour son travail, que le minimum nécessaire dans ce but. Le prix du travail, ou le salaire, sera donc le minimum nécessaire à l'entretien de la vie. Comme les affaires sont tantôt bonnes, tantôt mauvaises, il recevra tantôt plus, tantôt moins, tout comme le fabricant recevra tantôt plus, tantôt moins pour ses marchandises. Mais, de même que le fabricant, dans la moyenne des bonnes et des mauvaises affaires, ne reçoit pour ses marchandises ni plus ni moins que leur coût de production, de même l'ouvrier ne recevra, en moyenne, ni plus ni moins que ce minimum. Cette loi économique du salaire est appliquée d'autant plus sévèrement que la grande industrie pénètre plus fortement dans toutes les branches de la production.



VI. QUELLES CLASSES LABORIEUSES Y AVAIT-IL AVANT LA REVOLUTION INDUSTRIELLE?


Les classes laborieuses ont, selon les différentes phases de développement de la société, vécu dans des conditions différentes et occupé des positions différentes vis-à-vis des classes possédantes et dominantes. Dans l'antiquité, les travailleurs étaient les esclaves des possédants, comme ils le sont encore dans un grand nombre de pays arriérés et même dans la partie méridionale des Etats-Unis d'Amérique. Au moyen âge, ils étaient les serfs de l'aristocratie foncière, comme ils le sont encore en Hongrie, en Pologne et en Russie. Au moyen âge et jusqu'à la révolution industrielle, il y avait, en outre, dans les villes, des compagnons, qui travaillaient au service d'artisans petits-bourgeois et, peu à peu, au fur et à mesure du développement de la manufacture, apparurent les ouvriers de manufacture qui étaient déjà occupés par de plus grands capitalistes.



VI. PAR QUOI L'OUVRIER SE DISTINGUE-T-IL DE L'ESCLAVE?


L'esclave est vendu une fois pour toutes. L'ouvrier doit se vendre chaque jour et même chaque heure. L'esclave isolé est propriété de son maître et il a, du fait même de l'intérêt de son maître, une existence assurée, si misérable qu'elle puisse être. Le prolétaire isolé est propriété, pour ainsi dire, de toute la classe bourgeoise; on ne lui achète son travail que quand on en a besoin: il n'a donc pas d'existence assurée. Cette existence n'est assurée qu'à la classe ouvrière tout entière, en tant que classe. L'esclavage est en dehors de la concurrence. Le prolétaire est en plein dans la concurrence et en subit toutes les oscillations. L'esclave est considéré comme une chose, non pas comme un membre de la société civile. Le prolétaire est reconnu en tant que personne, en tant que membre de la société civile. L'esclave peut donc avoir une existence meilleure que le prolétaire, mais ce dernier appartient à une étape supérieure du développement de la société, et il se trouve lui-même à un niveau plus élevé que l'esclave. Ce dernier se libère en supprimant, seulement de tous les rapports de la propriété privée, le rapport de l'esclavage, grâce à quoi il devient seulement un prolétaire. Le prolétaire, lui, ne peut se libérer qu'en supprimant la propriété privée elle-même.



VIII. PAR QUOI LE PROLETAIRE SE DISTINGUE-T-IL DU SERF?


Le serf a la propriété et la jouissance d'un instrument de production, d'un morceau de terre, contre remise d'une partie de son produit ou en échange de certains travaux. Le prolétaire travaille avec des moyens de production appartenant à une autre personne, pour le compte de cette autre personne et contre réception d'une partie du produit. Le serf donne, le prolétaire reçoit. Le serf a une existence assurée, le prolétaire n'en a pas. Le serf se trouve en dehors de la concurrence, le prolétaire est placé dans les conditions de la concurrence. Le serf se libère, soit en se réfugiant dans les villes et en y devenant artisan, soit en donnant à son maître de l'argent au lieu de travail et de produits, et en devenant un fermier libre, soit en chassant son seigneur féodal et en devenant lui-même propriétaire, bref, en entrant d'une façon ou de l'autre dans la classe possédante, et dans la concurrence. Le prolétaire se libère en supprimant la concurrence elle-même, la propriété privée et toutes les différences de classe.



IX. PAR QUOI LE PROLETAIRE SE DISTINGUE-T-IL DE L'ARTISAN


[Le manuscrit d'Engels réserve en blanc la place pour cette réponse. (N.R.)]?



X. PAR QUOI LE PROLETAIRE SE DISTINGUE-T-IL DE L'OUVRIER DE MANUFACTURE?


L'ouvrier de manufacture du XVIe au XVIIIe siècle avait encore presque partout en sa possession un instrument de travail: son métier à tisser, son rouet pour sa famille, un petit champ qu'il cultivait pendant ses heures de loisir. Le prolétaire n'a rien de tout cela. L'ouvrier de manufacture vit presque toujours à la campagne et entretient des rapports plus ou moins patriarcaux avec son propriétaire ou son employeur. Le prolétaire vit dans les grandes villes et n'a avec son employeur qu'un simple rapport d'argent. L'ouvrier de manufacture est arraché par la grande industrie à ses rapports patriarcaux, perd la petite propriété qui lui restait encore et c'est alors qu'il devient un prolétaire.



XI. QUELLES FURENT LES CONSEQUENCES DIRECTES DE LA REVOLUTION INDUSTRIELLE ET DE LA DIVISION DE LA SOCIETE EN BOURGEOIS ET PROLETAIRES?


Premièrement, le vieux système de la manufacture ou de l'industrie reposant sur le travail manuel fut complètement détruit, par suite de la diminution des prix des produits industriels réalisée dans tous les pays à la suite de l'introduction du machinisme. Tous les pays semi-barbares, qui étaient restés jusque-là plus ou moins en dehors du développement historique et dont l'industrie avait reposé sur le système de la manufacture, furent violemment arrachés à leur isolement. Ils achetèrent les marchandises anglaises à bon marche et laissèrent mourir de faim leurs propres ouvriers de manufacture. C'est ainsi que des pays qui n'avaient réalisé aucun progrès depuis des siècles, tels que l'Inde, furent complètement révolutionnés et que la Chine elle-même va maintenant au-devant d'une révolution. L'invention d'une nouvelle machine en Angleterre peut avoir pour résultat de condamner à la famine, en l'espace de quelques années, des millions d'ouvriers chinois. De cette manière, la grande industrie a relié les uns aux autres tous les peuples de la terre, transformé tous les marchés locaux en un vaste marché mondial, préparé partout le terrain au progrès et à la civilisation et fait en sorte que tout ce qui se passe dans les pays civilisés doit nécessairement exercer ses répercussions sur tous les autres pays; de sorte que si, maintenant, les ouvriers se libèrent en Angleterre ou en France, cela doit entraîner comme conséquence dans tous les autres pays des révolutions qui, tôt ou tard, aboutiront, là aussi, à la libération des ouvriers.


Deuxièmement, la révolution industrielle, partout où la grande industrie a remplacé la production manufacturière, a eu pour résultat un développement extraordinaire de la bourgeoisie, de ses richesses et de sa puissance, et a fait d'elle la première classe de la société. En conséquence, partout où cela s'est produit, la bourgeoisie s'est emparée du pouvoir politique et a évincé les classes jusque-là dominantes: l'aristocratie et les maîtres de corporations, ainsi que la monarchie absolue qui les représentait toutes deux. La bourgeoisie anéantit la puissance de l'aristocratie, de la noblesse, en supprimant les majorats, c'est-à-dire l'inaliénabilité de la propriété foncière, ainsi que tous les privilèges féodaux. Elle détruisit la grande puissance des maîtres de jurande, en supprimant toutes les corporations et tous les privilèges corporatifs. Elle leur substitua la libre concurrence, c'est-à-dire un état de la société où chacun a le droit d'exercer la branche d'activité qui lui plaît et où rien ne peut l'arrêter dans cette activité que l'absence du capital nécessaire. L'introduction de la libre concurrence est, par conséquent, la proclamation publique que, désormais, les membres de la société ne sont inégaux que dans la mesure où leurs capitaux sont inégaux, que le capital est la puissance décisive et qu'ainsi les capitalistes, les bourgeois, sont devenus la première classe de la société. Mais la libre concurrence est indispensable, au début, au développement de la grande industrie, parce qu'elle est le seul régime qui permette à la grande industrie de croître. Après avoir ainsi anéanti la puissance sociale de la noblesse et de la corporation, la bourgeoisie anéantit également leur puissance politique. Devenue la première classe au point de vue économique, elle se proclame également la première classe au point de vue politique. Elle y parvient au moyen de l'introduction du système représentatif, qui repose sur l'égalité bourgeoise devant la loi et la reconnaissance légale de la libre concurrence, et qui fut établi dans les pays d'Europe sous la forme de la monarchie constitutionnelle. Dans ces monarchies constitutionnelles n'ont le droit de vote que ceux qui possèdent un certain capital, par conséquent seulement les bourgeois. Les électeurs bourgeois élisent des députés bourgeois et ces derniers, usant du droit de refuser les impôts, élisent à leur tour un gouvernement bourgeois.


Troisièmement, la révolution industrielle a partout provoqué le développement du prolétariat dans la mesure même où elle permettait le développement de la bourgeoisie elle-même. Au fur et à mesure que les bourgeois s'enrichissaient le nombre des prolétaires augmentait, car, étant donné que les prolétaires ne peuvent être occupés que par le capital et que le capital ne peut s'accroître qu'en occupant des ouvriers, il en résulte que l'augmentation du prolétariat va exactement de pair avec l'augmentation du capital. La révolution industrielle a également pour résultat de grouper les bourgeois comme les prolétaires dans de grandes agglomérations, où l'industrie est pratiquée avec le plus d'avantages, et de donner au prolétariat, par cette concentration des grandes masses dans un même espace, la conscience de sa force. D'autre part, plus la. révolution industrielle se développe, plus on invente de nouvelles machines qui éliminent le travail manuel, plus la grande industrie a tendance, comme nous l'avons déjà dit, à abaisser le salaire à son minimum, rendant ainsi la situation du prolétariat de plus en plus précaire. La révolution industrielle prépare ainsi, du fait du mécontentement croissant du prolétariat, d'une part, et du fait du développement de sa puissance, d'autre part, une révolution sociale que conduira le prolétariat.



XII. QUELLES FURENT LES AUTRES CONSEQUENCES DE LA REVOLUTION INDUSTRIELLE?


La grande industrie créa, avec la machine à vapeur et autres machines, les moyens d'augmenter rapidement, à peu de frais et jusqu'à l'infini la production industrielle. La libre concurrence imposée par cette grande industrie prit rapidement, à cause de cette facilité de la production, un caractère extrêmement violent. Un nombre considérable de capitalistes se jetèrent sur l'industrie, et bientôt on produisit plus qu'on ne pouvait consommer. La conséquence fut que les marchandises fabriquées ne trouvèrent pas preneur et que survint ce qu'on appelle une crise commerciale. Les usines durent arrêter le travail; les fabricants firent faillite et les ouvriers furent condamnés à la famine. Il en résulta partout une grande misère. Au bout de quelque temps, les produits superflus vendus, les usines commencèrent de nouveau à travailler, les salaires augmentèrent et, peu à peu, les affaires marchèrent mieux que jamais. Mais pas pour longtemps, car, de nouveau, on produisit trop de marchandises et une nouvelle crise se produisit, qui prit exactement le même cours que la précédente. C'est ainsi que, depuis le début de ce siècle, l'état de l'industrie a constamment oscillé entre des périodes de prospérité et des périodes de crise, et presque régulièrement, tous les cinq ou sept ans, une crise semblable s'est produite, entraînant chaque fois une grande misère pour les ouvriers, une agitation révolutionnaire générale, et un extrême danger pour tout le régime existant.



XIII. QUELLES SONT LES CONSEQUENCES DE CES CRISES COMMERCIALES SE REPRODUISANT A INTERVALLES REGULIERS?


La première, c'est que la grande industrie, quoiqu'elle ait elle-même, au cours de sa première période de développement, créé la libre concurrence, ne s'accommode déjà plus maintenant de la libre concurrence; que la concurrence et, d'une façon générale, l'exercice de la production industrielle par des personnes isolées sont devenus pour elle une entrave qu'elle doit rompre et qu'elle rompra; que la grande industrie, tant qu'elle sera exercée sur la base actuelle, ne peut subsister sans conduire, tous les cinq ou sept ans, à un chaos général, chaos qui met chaque fois en danger toute la civilisation, et non seulement précipite dans la misère les prolétaires, mais encore ruine une grande quantité de bourgeois; que, par conséquent, la grande industrie ou bien se détruira elle-même, ce qui est une impossibilité absolue, ou bien aboutira à une organisation, complètement nouvelle de la société, dans laquelle la production industrielle ne sera plus dirigée par quelques fabricants se faisant concurrence les uns aux autres, mais par la société tout entière, d'après un plan déterminé et conformément aux besoins de tous les membres de la société.


Deuxièmement, la grande industrie et l'extension de la production à l'infini qu'elle rend possible permettent l'avènement d'un régime social dans lequel on produira une telle quantité de moyens de subsistance que chaque membre de la société aura désormais la possibilité de développer et d'employer librement ses forces et ses facultés particulières; de telle sorte que cette même propriété de la grande industrie qui, dans la société actuelle, crée la misère et toutes les crises commerciales, supprimera dans une autre organisation sociale cette misère et ces crises.


Il est donc clairement prouvé:


l) qu'aujourd'hui tous ces maux n'ont leur cause que dans un ordre social qui ne répond plus aux nécessités;


2) que les moyens existent dès maintenant de supprimer complètement ces maux par la construction d'un nouvel ordre social.



XIV. QUEL DOIT ETRE CE NOUVEL ORDRE SOCIAL?


Il devra tout d'abord enlever l'exercice de l'industrie et de toutes les branches de la production, en général, aux individus isolés, se faisant concurrence les uns aux autres, pour les remettre à la société tout entière—ce qui signifie qu'elles seront gérées pour le compte commun, d'après un plan commun et avec la participation de tous les membres de la société. Il supprimera, par conséquent, la concurrence et lui substituera l'association. Etant donné d'autre part que l'exercice de l'industrie par des individus isolés implique nécessairement l'existence de la propriété privée et que la concurrence n'est pas autre chose que ce mode d'activité de l'industrie où un certain nombre de personnes privées la dirigent, la propriété privée est inséparable de l'exercice de l'industrie par des individus isolés, et de la concurrence. La propriété privée devra donc être également supprimée et remplacée par l'utilisation collective de tous les moyens de production et la répartition de tous les produits d'un commun accord, ce qu'on appelle la communauté des biens. La suppression de la propriété privée est même le résumé le plus bref et le plus caractéristique de cette transformation de toute la société que rend nécessaire le développement de l'industrie. Pour cette raison, elle constitue, à juste titre, la principale revendication des communistes.



XV. LA SUPPRESSION DE LA PROPIETE PRIVEE N'ETAIT DONC PAS POSSIBLE AUTREFOIS?


Non. Toute transformation de l'ordre social, tout changement dans les rapports de propriété, sont la conséquence nécessaire de l'apparition de nouvelles forces productives ne correspondant plus aux anciens rapports de propriété. La propriété privée elle-même est apparue de cette façon. Car la propriété privée n'a pas toujours existé. Lorsque, à la fin du moyen âge, un nouveau mode de production est apparu avec la manufacture, mode de production en contradiction avec la propriété féodale et corporative de l'époque, cette production manufacturière, ne correspondant plus aux anciens rapports de propriété, donna naissance à une nouvelle forme de propriété: la propriété privée. En effet, pour la manufacture et pour la première période du développement de la grande industrie, il n'y avait pas d'autre forme de propriété possible que la propriété privée, pas d'autre forme de société possible que la société basée sur la propriété privée. Tant qu'on ne peut pas produire une quantité suffisante de produits pour que non seulement il y en ait assez pour tous mais qu'il en reste encore un certain excédent pour l'augmentation du capital social et pour le développement des forces productives, il doit nécessairement y avoir une classe dominante, disposant des forces productives de la société, et une classe pauvre, opprimée. La constitution et le caractère de ces classes dépendent chaque fois du degré de développement de la production. La société du moyen âge, qui repose sur la culture de la terre, nous donne le seigneur féodal et le serf; les villes de la fin du moyen âge nous donnent le maître artisan, le compagnon et le journalier; le dix-septième siècle, le propriétaire de la manufacture et l'ouvrier; le dix-neuvième siècle, le grand industriel et le prolétaire. Il est clair que jusqu'à présent, les forces productives n'étaient pas suffisamment développées pour produire assez pour tous et pour que la propriété privée soit devenue un poids, un obstacle à leur développement. Mais aujourd'hui:


l) où par suite du développement de la grande industrie, il s'est constitué des capitaux et des forces productives d'une ampleur encore inconnue jusqu'ici, et où les moyens existent d'augmenter rapidement jusqu'à l'infini ces forces productives;


2) où ces forces productives sont concentrées dans les mains d'un petit nombre de bourgeois, tandis que la grande masse du peuple est de plus en plus rejetée dans le prolétariat et que sa situation devient plus misérable et plus insupportable à mesure que les richesses de bourgeois augmentent;


3) où ces forces productives puissantes, se multipliant avec une telle facilité, ont tellement dépassé le cadre de la propriété privée et du régime bourgeois qu'elles provoquent a chaque instant les troubles les plus considérables dans l'ordre social;


—aujourd'hui donc, la suppression de la propriété privée est devenue non seulement possible, mais même absolument nécessaire.



XVI. LA SUPPRESSION DE LA PROPRIETE PRIVEE EST-ELLE POSSIBLE PAR LA VOIE PACIFIQUE?


Il serait souhaitable qu'il pût en être ainsi, et les communistes seraient certainement les derniers à s'en plaindre. Les communistes savent trop bien que toutes les conspirations sont, non seulement inutiles, mais même nuisibles. Ils savent trop bien que les révolutions ne se font pas arbitrairement et par décret, mais qu'elles furent partout et toujours la conséquence nécessaire de circonstances absolument indépendantes de la volonté et de la direction de partis déterminés et de classes entières. Mais ils voient également que le développement du prolétariat se heurte dans presque tous les pays civilisés à une répression brutale, et qu'ainsi les adversaires des communistes travaillent eux-mêmes de toutes leurs forces pour la révolution. Si tout cela pousse finalement le prolétariat opprimé à la révolution, nous, communistes, nous défendrons alors par l'action, aussi fermement que nous le faisons maintenant par la parole, la cause des prolétaires.



XVII. LA SUPPRESSION DE LA PROPRIETE PRIVEE EST-ELLE POSSIBLE D'UN SEUL COUP?


Non, pas plus qu'on ne peut accroître d'un seul coup les forces productives déjà existantes dans une mesure telle qu'on puisse établir une économie collective du jour au lendemain. La révolution prolétarienne, dont tout indique qu'elle approche, ne pourra par conséquent que transformer peu à peu la société actuelle et ne pourra supprimer complètement la propriété privée que quand on aura créé la quantité nécessaire de moyens de production.



XVIII. QUEL COURS PRENDRA CETTE REVOLUTION?


Elle établira tout d'abord un régime démocratique et, par là même, directement ou indirectement, la domination politique du prolétariat. Directement en Angleterre, où les prolétaires constituent déjà la majorité du peuple. Indirectement en France et en Allemagne, où la majorité du peuple est composée non seulement de prolétaires, mais aussi de petits paysans et de petits bourgeois qui ne sont encore qu'en voie de prolétarisation, qui dépendent, en ce qui concerne la satisfaction de leurs intérêts politiques, de plus en plus du prolétariat, et qui devront, par conséquent, se rallier rapidement à ses revendications. Cela nécessitera peut-être une nouvelle lutte, mais qui ne peut se terminer que par la victoire du prolétariat.


La démocratie ne serait d'aucune utilité pour le prolétariat s'il ne l'utilisait pas immédiatement pour prendre des mesures étendues comportant une atteinte directe à la propriété privée et assurant l'existence du prolétariat. Les plus importantes de ces mesures, telles qu'elles découlent nécessairement des conditions présentes, sont les suivantes:


1) limitation de la propriété privée au moyen d'impôts progressifs, de forts impôts sur les successions, suppressions du droit de succession en ligne collatérale (frères, neveux, etc., etc., ), emprunts forcés, etc.;


2) expropriation progressive des propriétaires fonciers, des industriels, des propriétaires de chemins de fer et armateurs, en partie au moyen de la concurrence de l'industrie d'Etat, en partie directement contre indemnité en assignats;


3) confiscation des biens de tous les émigrés et rebelles insurgés contre la majorité du peuple;


4) organisation du travail ou emploi des ouvriers dans des domaines, fabriques et ateliers nationaux, ce qui supprimera la concurrence des ouvriers entre eux et obligera ceux des industriels qui subsisteront encore à payer le même haut salaire que l'Etat;


5) obligation au travail pour tous les membres de la société jusqu'à la suppression complète de la propriété privée; constitution d'armées industrielles, particulièrement pour l'agriculture;


6) centralisation dans les mains de l'Etat du système du crédit, du commerce, de l'argent, au moyen de la création d'une banque nationale, avec un capital d'Etat, et suppression de toutes les banques privées;


7) multiplication des fabriques nationales, des ateliers, chemins de fer, navires, défrichement de toutes les terres et amélioration des terres déjà cultivées au fur et à mesure de l'augmentation des capitaux et du nombre des travailleurs dont dispose le pays;


8) éducation de tous les enfants à partir du moment où ils peuvent se passer des soins maternels, dans des institutions nationales et aux frais de la nation. (Education et travail industriel);


9) construction de grands palais sur les domaines nationaux pour servir d'habitation à des communautés de citoyens occupés dans l'industrie ou l'agriculture, et unissant les avantages de la vie citadine a ceux de la vie à la campagne, sans avoir leurs inconvénients;


10) destruction de toutes les habitations et quartiers insalubres et mal construits;


11) droit de succession égal aux enfants légitimes et non légitimes;


12) concentration de tous les moyens de transports dans les mains de l'Etat.


Toutes ces mesures ne pourront naturellement pas être appliquées d'un seul coup. Mais chacune entraîne nécessairement la suivante. Une fois portée la première atteinte radicale à la propriété privée, le prolétariat se verra obligé d'aller toujours de l'avant et de concentrer de plus en plus dans les mains de l'Etat tout le capital, l'agriculture et l'industrie, les transports et les échanges. C'est le but que poursuivent toutes ces mesures. Elles seront applicables et obtiendront leur effet centralisateur au fur et à mesure de l'accroissement des forces productives du pays grâce au travail du prolétariat.


Enfin, quand tout le capital, toute la production et tous les échanges seront concentrés dans les mains de l'Etat, la propriété privée tombera d'elle-même, l'argent deviendra superflu; et la production sera augmentée et les hommes transformés à tel point qu'on pourra également supprimer les derniers rapports de l'ancienne société.



XIX. CETTE REVOLUTION SE FERA-T-ELLE DANS UN SEUL PAYS ?


Non. La grande industrie, en créant le marché mondial, a déjà rapproché si étroitement les uns des autres les peuples de la terre, et notamment les plus civilisés, que chaque peuple dépend étroitement de ce qui se passe chez les autres. Elle a en outre unifié dans tous les pays civilisés le développement social à tel point que, dans tous ces pays, la bourgeoisie et le prolétariat sont devenus les deux classes les plus importantes de la société, et que l'antagonisme entre ces deux classes est devenu aujourd'hui l'antagonisme fondamental de la société. La révolution communiste, par conséquent, ne sera pas une révolution purement nationale. Elle se produira en même temps dans tous les pays civilisés, c'est-à-dire tout au moins en Angleterre, en Amérique, en France et en Allemagne. Elle se développera dans chacun de ces pays plus rapidement ou plus lentement, selon que l'un ou l'autre de ces pays possède une industrie plus développée, une plus grande richesse nationale et une masse plus considérable de forces productives. C'est pourquoi elle sera plus lente et plus difficile en Allemagne, plus rapide et plus facile en Angleterre. Elle exercera également sur tous les autres pays du globe une répercussion considérable et transformera complètement leur mode de développement. Elle est une révolution universelle; elle aura, par conséquent, un terrain universel.



XX. QUELLES SERONT LES CONSEQUENCES DE LA SUPPRESSION DE LA PROPRIETE PRIVEE?


En enlevant aux capitalistes privés toutes les forces productives et tous les moyens de transport, ainsi que l'échange et la répartition des produits, en les administrant d'après un plan établi en fonction des ressources et des besoins de la collectivité, la société supprimera tout d'abord toutes les conséquences néfastes qui sont liées au système qui régit actuellement la grande industrie. Les crises disparaissent; la production élargie, qui est, en réalité, dans la société actuelle, une surproduction et constitue une cause si importante de misère ne suffira plus aux besoins et devra être élargie encore davantage. Au lieu de créer de la misère, la production au-delà des besoins de la société assurera la satisfaction des besoins de tous et fera apparaître de nouveaux besoins, en même temps que les moyens de les satisfaire. Elle sera la condition et la cause de nouveaux progrès qu'elle réalisera sans jeter périodiquement, comme c'était le cas jusqu'ici, le trouble dans la société. La grande industrie, libérée du joug de la propriété, s'étendra dans de telles proportions que son extension actuelle apparaîtra aussi mesquine que la manufacture à côté de la grande industrie moderne. Le développement de l'industrie mettra à la disposition de la société une masse de produits suffisante pour satisfaire les besoins de tous. De même, l'agriculture, qui, sous le régime de la propriété privée et du morcellement, a du mal à profiter des perfectionnements déjà réalisés et des découvertes scientifiques, connaîtra un essor tout nouveau et mettra à la disposition de la société une quantité tout à fait suffisante de produits. Ainsi, la société fabriquera suffisamment de produits pour pouvoir organiser la répartition de façon à satisfaire les besoins de tous ses membres. La division de la société en classes différentes, antagonistes sera rendue ainsi superflue. Elle deviendra non seulement superflue, mais encore incompatible avec le nouvel ordre social. L'existence des classes est provoquée par la division du travail. Dans la nouvelle société, la division du travail, sous ses formes actuelles, disparaîtra complètement. Car, pour porter la production industrielle et agricole au niveau que nous avons dit, les moyens mécaniques et chimiques ne suffisent pas. Les capacités des hommes qui utilisent ces moyens devront être également développées dans la même proportion. De même que les paysans et les ouvriers de manufacture du siècle dernier modifièrent toute leur façon de vivre et devinrent même des hommes complètement différents après avoir été incorporés dans la grande industrie, de même la gestion collective des forces productives par l'ensemble de la société et le nouveau développement de la production qui en résultera nécessiteront et créeront des hommes complètement différents de ceux d'aujourd'hui. La gestion sociale de la production ne peut être assurée par des hommes qui, comme c'est le cas aujourd'hui, seraient étroitement soumis à une branche particulière de la production, enchaînés à elle, exploités par elle, n'ayant développé qu'une seule de leurs facultés aux dépens des autres et ne connaissant qu'une branche ou même qu'une partie d'une branche de la production. Déjà, l'industrie actuelle a de moins en moins besoin de tels hommes. L'industrie exercée en commun, et suivant un plan, par l'ensemble de la collectivité suppose des hommes dont les facultés sont développées dans tous les sens et qui sont en état de dominer tout le système de la production. La division du travail, déjà minée par le progrès du machinisme, et qui fait de l'un un paysan, de l'autre un cordonnier, du troisième un ouvrier d'usine, du quatrième un spéculateur à la Bourse, disparaîtra donc complètement. L'éducation donnera la possibilité aux jeunes gens de s'assimiler rapidement dans la pratique tout le système de la production, elle les mettra en état de passer successivement de l'une à l'autre des différentes branches de la production selon les besoins de la société ou leurs propres inclinations. Elle les libérera, par conséquent, de ce caractère unilatéral qu'impose à chaque individu la division actuelle du travail. Ainsi, la société organisée sur la base communiste donnera à ses membres la possibilité d'employer dans tous les sens leurs facultés, elles-mêmes harmonieusement développées. Il en résulte que toute différence entre les classes disparaîtra aussi inévitablement. De telle sorte que la société communiste, d'une part, est incompatible avec l'existence des classes et, d'autre part, fournit elle-même les moyens de supprimer ces différences de classes.


De ce fait, l'antagonisme entre la ville et la campagne disparaîtra également. L'exercice de l'agriculture et de l'industrie par les mêmes hommes, au lieu d'être le fait de classes différentes, est une condition nécessaire de l'organisation communiste, ne serait-ce que pour des raisons tout à fait matérielles. La dispersion dans les villages de la population occupée à l'agriculture, à côté de la concentration de la population industrielle dans les villes, est un phénomène qui correspond à une étape de développement encore inférieure de l'agriculture et de l'industrie, un obstacle au progrès, qui se fait sentir dès maintenant.


L'association générale de tous les membres de la société en vue de l'utilisation collective et rationnelle des forces productives, l'extension de la production dans des proportions telles qu'elle puisse satisfaire les besoins de tous, la liquidation d'un état de choses dans lequel les besoins des uns ne sont satisfaits qu'aux dépens des autres, la suppression complète des classes et de leurs antagonismes, le développement complet des capacités de tous les membres de la société grâce à la suppression de la division du travail telle qu'elle était réalisée jusqu'ici, grâce à l'éducation basée sur le travail, au changement d'activité, à la participation de tous aux jouissances créées par tous, à la fusion entre la ville et la campagne—telles seront les principales conséquences de la suppression de la propriété privée.



XXI. QUELLES REPERCUSSIONS AURA LE REGIME COMMUNISTE SUR LA FAMILLE?


Il transformera les rapports entre les sexes en rapports purement privés, ne concernant que les personnes qui y participent, et où la société n'a pas à intervenir. Cette transformation sera possible grâce à la suppression de la propriété privée et à l'éducation des enfants par la société—ce qui détruira ainsi les deux bases du mariage actuel qui sont liées à la propriété privée, à savoir la dépendance de la femme vis-à-vis de l'homme et celle des enfants vis-à-vis des parents. Ceci donne aussi réponse à toutes les criailleries des moralistes bourgeois sur la communauté des femmes que veulent, paraît-il, introduire les communistes. La communauté des femmes est un phénomène qui appartient uniquement à la société bourgeoise et qui est réalisé actuellement en grand sous la forme de la prostitution. Mais la prostitution repose sur la propriété privée et disparaît avec elle. Par conséquent, l'organisation communiste, loin d'introduire la communauté des femmes, la supprimera, au contraire.



XXII. COMMENT L'ORGANISATION COMMUNISTE SE COMPORTERA-T-ELLE VIS-A-VIS DES NATIONALITES EXISTANTES?


—Maintenu.


[Dans le manuscrit, à la place de la réponse aux questions 22 et 23, on lit le mot "maintenu". Ce qui signifie, vraisemblablement, qu'il faut conserver la réponse telle qu'elle était formulée dans un des projets préliminaires de programme de la Ligue des communistes qui ne sont pas parvenus jusqu'à nous. (N.R.)]



XXIII. COMMENT SE COMPORTERA-T-ELLE VIS-A-VIS DES RELIGIONS EXISTANTES?


—Maintenu.



XXIV. EN QUOI LES COMMUNISTES SE DIFFERENCIENT-ILS DES SOCIALISTES?


Ceux qu'on appelle les socialistes se divisent en trois catégories.


La première est composée de partisans de la société féodale et patriarcale, qui a été détruite et est détruite tous les jours par la grande industrie, le commerce mondial et la société bourgeoise créée par l'une et par l'autre. Cette catégorie de socialistes tire des maux de la société actuelle cette conclusion qu'il faut rétablir la société féodale et patriarcale puisqu'elle ignorait ces maux. Toutes leurs propositions tendent, directement ou indirectement, à ce but. Cette catégorie de socialistes réactionnaires seront toujours, malgré leur feinte compassion pour la misère du prolétariat et les larmes qu'ils versent à ce sujet, combattus énergiquement par les communistes, car:


l) ils se proposent un but impossible à atteindre;


2) ils s'efforcent de rétablir la domination de l'aristocratie, des maîtres de corporations et des manufacturiers avec leur suite de rois absolus ou féodaux, de fonctionnaires, de soldats et de prêtres, une société qui, certes, ne comporte pas les maux de la société actuelle, mais qui en comporte tout au moins autant, et ne présente même pas la perspective de la libération, grâce au communisme, des ouvriers opprimés;


3) ils montrent leurs véritables sentiments chaque fois que le prolétariat devient révolutionnaire et communiste: ils s'allient alors immédiatement avec la bourgeoisie contre le prolétariat.


La deuxième catégorie se compose de partisans de la société actuelle, auxquels les maux provoqués nécessairement par elle inspirent des craintes quant au maintien de cette société. Ils s'efforcent donc de maintenir la société actuelle, mais en supprimant les maux qui lui sont liés. Dans ce but, les uns proposent de simples mesures de charité, les autres des plans grandioses de réformes qui, sous prétexte de réorganiser la société, n'ont d'autre but que le maintien des bases de la société actuelle et, par conséquent, le maintien de cette société elle-même. Les communistes devront également combattre avec énergie ces socialistes bourgeois, parce qu'ils travaillent en réalité pour les ennemis des communistes et défendent la société que les communistes se proposent précisément de renverser.


La troisième catégorie, enfin, se compose des socialistes démocrates. Ceux-ci dont la route rejoint celle des communistes, veulent voir réaliser une partie des mesures indiquées plus haut[Il s'agit de la question XVIII. (N.R.)]—mais non pas comme un moyen de transition vers le communisme comme un moyen suffisant pour supprimer la misère et les maux de la société actuelle. Ces socialistes démocrates sont, soit des prolétaires qui ne sont pas suffisamment éclairés sur les conditions de la libération de leur classe, soit des représentants de la petite bourgeoisie, c'est-à-dire d'une classe qui, jusqu'à la conquête de la démocratie et la réalisation des mesures socialistes qui en résulteront, a sous beaucoup de rapports les mêmes intérêts que les prolétaires. C'est pourquoi les communistes s'entendront avec eux au moment de l'action et devront autant que possible mener avec eux une politique commune, dans la mesure toutefois où ces socialistes ne se mettront pas au service de la bourgeoisie au pouvoir et n'attaqueront pas les communistes. Bien entendu, ces actions communes n'excluent pas la discussion des divergences qui existent entre eux et les communistes.



XXV. QUELLE DOIT ETRE L'ATTITUDE DES COMMUNISTES VIS-A-VIS DES AUTRES PARTIS POLITIQUES?


Cette attitude sera différente selon les différents pays. En Angleterre, en France et en Belgique, où domine la bourgeoisie, les communistes ont pour le moment des intérêts communs avec les différents partis démocratiques, intérêts d'autant plus grands que les démocrates se rapprochent davantage, dans les mesures socialistes qu'ils défendent maintenant partout, du but communiste, c'est-à-dire plus ils défendent nettement et fermement les intérêts du prolétariat, et plus ils s'appuient sur ce dernier. En Angleterre, par exemple, le mouvement chartiste, composé d'ouvriers, est beaucoup plus près des communistes que les petits-bourgeois démocrates ou les soi-disant radicaux.


En Amérique où la constitution démocratique a été introduite, les communistes devront s'allier au parti qui veut tourner cette constitution contre la bourgeoisie et l'utiliser dans l'intérêt du prolétariat, c'est-à-dire aux réformateurs nationaux agrariens;


En Suisse, les radicaux, quoi qu'ils soient eux-mêmes un parti très mêlé, sont cependant les seuls avec qui les communistes puissent marcher, et parmi ces radicaux, les plus avancés sont les Vaudois et les Genevois.


En Allemagne, enfin, la lutte décisive se prépare entre la bourgeoisie et la monarchie absolue. Mais comme les communistes ne peuvent compter sur une lutte décisive entre eux et la bourgeoisie, tant que celle-ci n'aura pas conquis le pouvoir, il est de l'intérêt des communistes d'aider la bourgeoisie a conquérir le plus rapidement possible le pouvoir, pour la renverser ensuite le plus rapidement possible. Par conséquent, les communistes doivent soutenir constamment les libéraux bourgeois contre les gouvernements absolutistes, tout en se gardant bien de partager les illusions des bourgeois et d'ajouter foi à leurs promesses séduisantes sur les conséquences bienheureuses qui résulteront pour le prolétariat de la victoire de la bourgeoisie. Les seuls avantages que la victoire de la bourgeoisie offrira aux communistes consisteront:


1°dans différentes concessions qui faciliteront aux communistes la défense, la discussion et la propagande de leurs idées et, par là, la constitution du prolétariat en une classe fermement unie, prête à la lutte et bien organisée, et


2°dans la certitude qu'à partir du jour où les gouvernements absolutistes seront tombés, la véritable lutte entre la bourgeoisie et le prolétariat commencera. A partir de ce jour là, la politique du parti communiste sera la même que dans tous les pays ou règne déjà la bourgeoisie.
​ 0 |
​
0 | Partager
Commenter

Commenter

L'auteur de ce blog n'accepte que les commentaires de ses amis.

Tu n'es pas identifié.Clique ici pour poster un commentaire en étant identifié avec ton compte Skyrock et un lien vers ton blog ainsi que ta photo seront automatiquement ajoutés à ton commentaire.

#Posté le lundi 07 septembre 2009 06:55

Chants de lutte

La Semaine sanglante
Paroles : Jean-Baptiste Clément
Musique : Pierre Dupont,

Sauf des mouchards et des gendarmes
On ne voit plus par les chemins
Que des vieillards tristes en larmes
Des veuves et des orphelins
Paris suinte la misère
Les heureux même sont tremblants
La mode est au conseil de guerre
Et les pavés sont tous sanglants.

Refrain
Oui mais... ça branle dans le manche !
Les mauvais jours finiront
Et gare à la revanche
Quand tous les pauvres s'y mettront, (bis).

Les journaux de l'ex-préfecture
Les flibustiers, les gens tarés
Les parvenus de l'aventure
Les gens de biens, les décorés
Gens de bourse et coins de rues
Amants de filles aux rebus
Grouillent comme un tas de verrues
Sur les cadavres des vaincus.

Refrain

On traque, on enchaîne, on fusille
Tout ce qu'on ramasse au hasard
La mère à côté de sa fille
L'enfant dans les bras du vieillard
Les châtiments du drapeau rouge
Sont remplacés par la terreur
De tous les chenapans de bouge
Valets de rois et d'empereurs.

Refrain

Nous voilà rendus aux Jésuites,
Aux Mac-Mahon, Aux Dupanloup.
Il va pleuvoir des eaux bénites,
Les troncs vont faire un argent fou.
Dès demain, en réjouissance,
Et Saint-Eustache et l'Opéra
Vont se refaire concurrence,
Et le bagne se peuplera.

Refrain

Demain, les manons, les lorettes,
Et les dames des beaux faubourgs
Porteront sur leurs collerettes
Des chassepots et des tambours.
On mettra tout au tricolore,
Les plats du jour et les rubans,
Pendant que le héros Pandore,
Fera fusiller nos enfants.

Refrain

Demain les gens de la police
Refleuriront sur le trottoir,
Fiers de leurs états de service
Et le pistolet en sautoir.
Sans pain, sans travail et sans armes,
Nous allons être gouvernés
Par des mouchards et des gendarmes,
Des sabre-peuple et des curés.

Refrain

Le peuple au collier de misère
Sera-t-il donc toujours rivé ?...
Jusques à quand les gens de guerre
Tiendront-ils le haut du pavé ?...
Jusques à quand la sainte clique
Nous croira-t-elle un vil bétail ?...
A quand enfin la République
De la justice et du travail ?...

Le temps des cerises
Cette chanson de Jean-Baptiste Clément et Antoine Renard, antérieure à la Commune (1866-1868), n'est pas un chant révolutionnaire, mais une chansonnette d'amour.
Pourtant, elle deviendra, après le massacre des Communards, le symbole de la Commune et des immenses espoirs qu'elle avait engendrés.
Quand nous en serons au temps des cerises
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au c½ur.
Quand nous en serons au temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur.

Mais il est bien court le temps des cerises
Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d'oreilles
Cerises d'amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang.
Mais il est bien court le temps des cerises
Pendants de corail qu'on cueille en rêvant.

Quand vous en serez au temps des cerises
Si vous avez peur des chagrins d'amour
Evitez les belles
Moi qui ne crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai pas sans souffrir un jour.
Quand vous en serez au temps des cerises
Vous aurez aussi des chagrins d'amour.

J'aimerai toujours le temps des cerises
C'est de ce temps là que je garde au c½ur
Une plaie ouverte
Et dame Fortune en m'étant offerte
Ne saura jamais calmer ma douleur.
J'aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au c½ur.

L'Internationale
Paroles : Eugène Pottier.
Musique : Pierre Degeyter.

Ce texte daté par Eugène Pottier de juin 1871 n'a jamais été publié avant 1887. Il semble que ce soit de cette époque que date la version que nous connaissons.
D'abord répandue dans le Nord, l'Internationale a été chantée au cours du 14e congrès du POF à Lille en juillet 1896 ;
par l'ensemble des tendances socialistes lors de la clôture du congrès unitaire de Paris (1899) et au congrès socialiste international de Paris( septembre 1900).
En 1910, l'interprétation par 500 musiciens et choristes au congrès international de Copenhague, consacrait l'½uvre de Pottier et Degeyter comme hymne du mouvement ouvrier internationalement reconnu.

C'est la lutte finale:
Groupons-nous, et demain,
L'Internationale
Sera le genre humain.


Debout! les damnés de la terre!
Debout! les forçats de la faim!
La raison tonne en son cratère,
C'est l'éruption de la fin.
Du passé faisons table rase,
Foule esclave, debout! debout!
Le monde va changer de base:
Nous ne sommes rien, soyons tout!


Il n'est pas de sauveurs suprêmes:
Ni Dieu, ni César, ni tribun,
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes!
Décrétons le salut commun!
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l'esprit du cachot,
Soufflons nous-memes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud!


L'État comprime et la loi triche;
L'Impôt saigne le malheureux;
Nul devoir ne s'impose au riche;
Le droit du pauvre est un mot creux.
C'est assez languir en tutelle,
L'Égalité veut d'autres lois;
"Pas de droits sans devoirs," dit-elle,
"Égaux, pas de devoirs sans droits!"


Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail:
Dans les coffres-forts de la bande
Ce qu'il a créé s'est fondu.
En décrétant qu'on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû.


Les rois nous soûlaient de fumées,
Paix entre nous, guerre aux tyrans!
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l'air et rompons les rangs!
S'ils s'obstinet, ces cannibales,
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balle
Sont pour nos propres généraux.


Ouvriers, paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs;
La terre n'appartient qu'aux hommes,
L'oisif ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent!
Mais, si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins, disparaissent,
Le soleil brillera toujours!


C'est la lutte finale:
Groupons-nous, et demain,
L'Internationale
Sera le genre humain.

La Varsovienne
Paroles : Vaclav Svenciky

La Varsovienne est un chant polonais écrit en 1893.
Le poète russe Krijanovski l'a adapté en 1897 et il devint le chant de protestation des internés sous le régime tsariste. La Varsovienne fut très populaire dans les périodes révolutionnaires de 1905 et 1917.

En rangs serrés, l'ennemi nous attaque
Autour de notre drapeau, groupons-nous,
Que nous importe la mort menaçante,
Pour notre cause, soyons prêts à souffrir ;
Car le genre humain courbé sous la honte
Ne doit avoir qu'un seul étendard,
Un seul mot d'ordre : travail et justice,
Fraternité de tous les ouvriers.

Refrain
O frères, aux armes, pour notre lutte,
Pour la victoire de tous les travailleurs,
O frères, aux armes, pour notre lutte,
Pour la victoire de tous les travailleurs,

Les profiteurs vautrés dans la richesse,
Privent de pain l'ouvrier affamé,
Ceux qui sont morts pour nos grandes idées
N'ont pas en vain combattu et péri :
Contre les richards et les ploutocrates,
Contre les rois, contre les trônes pourris,
Nous lancerons la vengeance puissante
Et nous serons à tout jamais victorieux !

L'Appel de Komintern
Paroles : Franz Jahnke
Musique : Hans Eisler

Chant révolutionnaire allemand composé à l'occasion du 10 ème anniversaire de l'Internationale Communiste
Quittez les machines,
Dehors prolétaires
Marchez et marchez
Formez vous pour l'attaque
Drapeaux déployés
Et les armes chargées
Au pas cadencé
Pour l'assaut, avancez !
Il faut gagner le monde.
Prolétaires debout !

Les meilleurs des nôtres
Sont morts dans la lutte,
Frappés, assommés,
Enchaînés dans les bagnes,
Nous ne craignons pas
Les tortures ni la mort
En avant, prolétaires !
Soyons prêts, soyons forts !

Le sang de nos frères
Réclame vengeance.
Plus rien n'arrêtera
La colère des masses
A Londres, à Paris,
Budapest et Berlin
Prenez le pouvoir
Bataillons ouvriers !
Prenez votre revanche
Bataillons ouvriers !

Le Front ouvrier
Paroles : Bertold Brecht
Musique : Hans Eisler
Chant du Parti Communiste Allemand.

L'homme veut avoir du pain, oui,
Il veut avoir du pain tous les jours.
Du pain et pas de mots ronflants,
Du pain et pas de discours.

Refrain
Marchons au pas (bis)
Camarade, vers notre front,
Range-toi dans le front de tous les ouvriers,
Avec tous tes frères étrangers.

L'homme veut avoir des bottes, oui,
Il veut avoir bien chaud tous les jours.
Des bottes aux pieds en bon gros cuir,
Des bottes et pas de discours.

Refrain

L'homme veut avoir des frères, oui,
Il ne veut pas de coups d'poings ni d'épron,
Il veut des frères et pas d'messieurs,
Des frères et pas de patrons.

Refrain

Tu es un ouvrier, oui,
Viens avec nous ami, n'aie pas peur,
Nous allons vers la grande union
De tous les vrais travailleurs.

Les Partisans
Le Chant des Partisans est un chant de l'Armée Rouge.
Par le froid et la famine
Dans les villes et dans les champs
A l'appel du grand Lénine
Se levaient les Partisans. (bis)

Pour reprendre le rivage
Le dernier rempart des Blancs
Par les monts et par les plaines
S'avançaient les Partisans. (bis)

Notre paix c'est leur conquête
Car en mil neuf-cent-dix-sept
Sous les neiges et les tempêtes
Ils sauvèrent les Soviets. (bis)

Ecrasant les armées blanches
Et chassant les atamans
Ils finirent leur campagne
Sur les bords de l'océan. (bis)

La Jeune Garde
Paroles de Montéhus et musique de Saint-Gilles.
Ce chant de la jeunesse ouvrière de France est composé avant le congrès de Tours (décembre 1920), congrès de fondation du Parti Communiste. Avant la Seconde Guerre Mondiale, il fut chanté aussi bien par les jeunesses socialistes que par les jeunesses communistes.
La version originale de Montéhus commençait : "Nous sommes la jeune France...". Les mouvements communistes y ont substitué : "Nous sommes la Jeune Garde...". Les deux premiers couplets sont de Monthéus, les autres ont été rajoutés par la suite.

Nous sommes la jeune garde
Nous sommes les gars de l'avenir
Elevés dans la souffrance,
Oui, nous saurons vaincre ou mourir.
Nous combattons pour la bonne cause,
Pour délivrer le genre humain
Tant pis si notre sang arrose
Les pavés sur notre chemin.

Refrain
Prenez garde ! Prenez garde !
Vous les sabreurs, les bourgeois, les gavés, et les curés
V'là la jeune garde ! V'là la jeune garde,
Qui descend sur le pavé.
C'est la lutte finale qui commence,
C'est la revanch' de tous les meurt de faim
C'est la révolution qui s'avance,
Et qui sera victorieuse demain.
Prenez garde ! Prenez garde ! A la jeune garde !
Enfants de la misère,
De force nous sommes des révoltés
Nous vengerons nos pères
Que des brigands ont exploité.
Nous ne voulons plus de famine
A qui travaille il faut du pain,
Demain nous prendrons les usines,
Nous sommes des hommes et non des chiens.

Nous n' voulons plus de guerre
Car nous aimons l'humanité,
Tous les hommes sont nos frères
Nous clamons la fraternité,
La République universelle,
Tyrans et rois tous au tombeau !
Tant pis si la lutte est cruelle
Après la pluie le temps est beau.

Quelles que soient vos livrées,
Tendez vous la main prolétaires.
Si vous fraternisez,
Vous serez maîtres de la terre.
Brisons le joug capitaliste,
Et bâtissons dans l'monde entier,
Les Etats-Unis Socialistes,
La seule patrie des opprimés.

Pour que le peuple bouge,
Nous descendrons sur les boulevards.
La jeune Garde Rouge
Fera trembler tous les richards !
Nous les enfants de Lénine
Par la faucille et le marteau
Et nous bâtirons sur vos ruines
Le communisme, monde nouveau !

Solidarity forever
Sur l'air de John Brown's Body, paroles de Ralph Chaplin, un des leaders des IWW, c'est devenu l'hymne du syndicalisme américain.
When the union's inspiration,
Through the worker's blood shall run,
Anywhere beneath the sun,
There can be no power greater
Yet what force on earth is weaker
Than the feeble strength of one
But the union makes us strong.

Refrain
Solidarity for ever (ter)
For the union makes us strong.
Is there aught we hold in common
With the greedy parasite
Who lash us into serfdom
And who would crush us with his might ?
Is there anything left us
But to organize and fight ?
For the union makes us strong.

It is we who plowed the prairies,
Built the cities where they trade,
Dug the mine and built the workshops,
Endless miles of railroad laid ;
Now we stand, outcast and starving,
Mid the wonders we made
But the union makes us strong.

All the world that's owned by idle drones
Is ours and ours alone.
We have laid the wide foundations ;
Build it skyward stone by stone.
It is ours, not to slave in,
But to master and to own,
While the union makes us strong.

They have taken untold milions
That they never toiled to earn,
But without our brain and muscle
not a single wheel can turn,
We can break their haughty power,
Gain our freedom when we learned
That the union makes us strong.

In our hands is placed a power
Greater than their hoarded gold,
Greater than the might of atoms,
Magnified a thousanfold
We can bring to birth a new world
From the ashes of the old
For the union makes us strong.

Bandiera Rossa
Le plus célèbre des chants révolutionnaires italiens
.
Avanti o popolo, alla riscossa,
Bandiera rossa (bis)
Avanti o popolo, alla riscossa,
Bandiera rossa trionferà.

Bandiera rossa la trionferà (ter)
Evviva il comunismo e la libertà.

Degli sfruttati l'immensa schiera
La pura innalzi, rossa bandiera.
O proletari, alla riscossa
Bandiera rossa trionferà.

Bandiera rossa la trionferà (ter)
Il frutto del lavoro a chi lavora andrà.

Dai campi al mare, alla miniera,
All'officina, chi soffre e spera,
Sia pronto, è l'ora della riscossa.
Bandiera rossa trionferà.

Bandiera rossa la trionferà (ter)
Soltanto il comunismo è vera libertà.

Non più nemici, non più frontiere :
Sono i confini rosse bandiere.
O comunisti, alla riscossa,
Bandiera rossa trionferà.

Bandiera rossa la trionferà (ter)
Evviva Lenin, la pace e la libertà.

Bella Ciao
Chant des partisans italiens.
Questa mattina mi son svegliata
O bella ciao, o bella ciao, o bella ciao ciao ciao
Questa mattina mi son svegliata
Eo ho trovato l'invasor

O partigiano porta mi via
O bella ciao, o bella ciao, o bella ciao ciao ciao
O partigiano porta mi via
Che mi sento di morir

E se io muoio da partigiano
O bella ciao, o bella ciao, o bella ciao ciao ciao
E se io muoio da partigiano
Tu mi devi seppellir

Mi seppellirai lassu in montagna
O bella ciao, o bella ciao, o bella ciao ciao ciao
Mi seppellirai lassu in montagna
Sotto l'ombra di un bel fior

Cosi le genti che passeranno
O bella ciao, o bella ciao, o bella ciao ciao ciao
Cosi le genti che passeranno
Mi diranno che bel fior

E questo é il fiore del partigiano
O bella ciao, o bella ciao, o bella ciao ciao ciao
E questo é il fiore del partigiano
Morto per la libertà.

El pueblo unido jamás será vencido
El pueblo unido jamás será vencido (« Le peuple uni ne sera jamais vaincu ») a été écrite par le compositeur chilien Sergio Ortega en juin 1973. Elle fut enregistrée pour la première fois par le groupe chilien Quilapayún. Ce fut après le coup d'État du 11 septembre 1973 que le groupe Inti Illimani rendit la chanson célèbre.

El pueblo unido jamás será vencido,
¡el pueblo unido jamás será vencido!
De pie, cantar, que vamos a triunfar.
Avanzan ya banderas de unidad,
y tú vendrás marchando junto a mí
y así verás tu canto y tu bandera florecer.
La luz de un rojo amanecer
anuncia ya la vida que vendrá.
De pie, luchar,
el pueblo va a triunfar.
Será mejor la vida que vendrá
a conquistar nuestra felicidad,
y en un clamor mil voces de combate
se alzarán, dirán,
canción de libertad,
con decisión la patria vencerá.
Y ahora el pueblo que se alza en la lucha
con voz de gigante gritando: ¡Adelante!
El pueblo unido jamás será vencido,
¡el pueblo unido jamás será vencido!
La patria está forjando la unidad.
De norte a sur se movilizará,
desde el Salar ardiente y mineral
al Bosque Austral,
unidos en la lucha y el trabajo irán
la patria cubrirán.
Su paso ya anuncia el porvenir.
De pie, luchar, el pueblo va a triunfar
millones ya imponen la verdad.
De acero son ardiente batallón.
Sus manos van llevando la justicia
y la razón, mujer,
con fuego y con valor,
ya estás aquí junto al trabajador.
Y ahora el pueblo que se alza en la lucha
con voz de gigante gritando: ¡Adelante!
El pueblo unido jamás será vencido,
¡El pueblo unido jamás será vencido!

Sans la nommer

Je voudrais, sans la nommer,
Vous parler d'elle
Comme d'une bien-aimée,
D'une infidèle,
Une fille bien vivante
Qui se réveille
A des lendemains qui chantent
Sous le soleil.

Refrain
C'est elle que l'on matraque,
Que l'on poursuit que l'on traque.
C'est elle qui se soulève,
Qui souffre et se met en grève.
C'est elle qu'on emprisonne,
Qu'on trahit qu'on abandonne,
Qui nous donne envie de vivre,
Qui donne envie de la suivre
Jusqu'au bout, jusqu'au bout.
Je voudrais, sans la nommer,
Lui rendre hommage,
Jolie fleur du mois de mai
Ou fruit sauvage,
Une plante bien plantée
Sur ses deux jambes
Et qui trame en liberté
Ou bon lui semble.

Refrain

Je voudrais, sans la nommer,
Vous parler d'elle.
Bien-aimée ou mal aimée,
Elle est fidèle
Et si vous voulez
Que je vous la présente,
On l'appelle
REVOLUTION PERMANENTE.

Refrain
​ 0 | 2 |
​
0 | Partager
Commenter

Commenter

L'auteur de ce blog n'accepte que les commentaires de ses amis.

Tu n'es pas identifié.Clique ici pour poster un commentaire en étant identifié avec ton compte Skyrock et un lien vers ton blog ainsi que ta photo seront automatiquement ajoutés à ton commentaire.

#Posté le lundi 07 septembre 2009 08:40

Skyrock.com
Découvrir
  • Skyrock

    • Publicité
    • Jobs
    • Contact
    • Sources
    • Poster sur mon blog
    • Développeurs
  • Infos

    • Ici T Libre
    • Sécurité
    • Conditions
    • Aide
    • Signaler un abus
    • En chiffres
  • Apps

    • Skyrock.com
    • Skyrock FM
    • Smax
    • Yax
  • Autres sites

    • Skyrock.fm
    • Tito Street
    • Tasanté
    • kwest
    • Zipalo
    • oMIXo
  • Blogs

    • L'équipe Skyrock
    • Music
    • Ciné
    • Sport
  • Versions

    • International (english)
    • France
    • Site mobile